Le nom de MV Agusta évoque instantanément ses motos de courses, à la rigueur ses modèles de route sportifs, et, plus rarement, ses motos utilitaires et les scooters de la marque dans les années 50 et 60. Oubliez tous ces deux roues. La MV du jour est une voiturette conçue par Remor, le père des premières quatre cylindres de course GRB, Gilera puis MV en 1950. Pas de chance, elle ne fut jamais produite !
Tout commence par un grand ménage. Fin 1951 le Comte Agusta, déçu par les résultats de ses premières MV quatre cylindres conçues par Pietro Remor, confie l’évolution de la moto de course à Mario Rossi, un technicien autodidacte qui jusqu’alors secondait Remor. Ce dernier, est brutalement déchargé de toute responsabilité sur les motos et le Comte lui demande d’élaborer une voiturette, ce qu’il fera avec son talent habituel. Hélas, le projet, réalisé en 1952, ne va pas plaire au Comte et Remor, furieux, quitte MV Agusta pour rejoindre Motom où il dessinera les très fameux Delfino et le 98.
Un Messerchmitt à l’italienne
Élégante à en pleurer, la Vetturetta de Remor est dessinée apparemment sans trop de souci du coût de production (ce qui occasionnera sans doute son rejet). Remor n’a fait aucune concession technique et a utilisé les solutions les plus modernes. Le moteur, réalisé pour la circonstance, est un flat twin quatre-temps culbuté de 350 cm3 qui développe la coquette puissance de 30 ch à 6 000 tr/min. Il est placé entre les roues arrière qui sont motrices. La boîte est à quatre rapports avec une marche arrière. Les quatre roues sont à suspensions indépendantes. La sublime et très aérodynamique carrosserie, réalisée en deux demi-coques en polyester, est autoporteuse.
Tout à fait d’accord, Oldjunior ! Par comparaison avec les sublimes bécanes de course, il fallait oser sortir cette 4 cylindres de route pataude et obèse. Boudée à juste titre par les motocyclistes, sa rareté lui confère actuellement une gloire (?!) posthume, du moins dans les ventes aux enchères auprès de spéculateurs
Le Comte se fichait pas mal de produire des machines commerciales. Il n’y a qu’à voir ce qu’il a fait avec la première 4 cylindres routière… et même les suivantes ! Pourtant le proto avait de l’allure.
Sublime, effectivement. Pureté de ligne, aérodynamisme, 4 roues indépendantes et la bagatelle de 30 chevaux pour ce qui était apparemment un poids plume, l’Isetta aurait eu du souci à se faire et le Messerschmitt aussi. Son 350 flat-twin de 30 chevaux – plus puissant qu’un 500 BMW R51-3 – n’avait, à ma connaissance, pas d’équivalent dans les moteurs de série en 1952. On ne peut que regretter que le comte Domenico Agusta ne l’ait pas utilisé pour produire une moto sportive. Mais on ne refait pas l’histoire !