Ducati
175 Cruiser - 1953
Définitivement trop noble
Le
Cruiser, dévoilé en janvier 1952 par Ducati, est une vraie surprise. Jusque-là spécialisée dans l'appareillage électrique, la firme n'a abordé la moto que depuis peu, par le biais du cyclomoteur Cucciolo. Cette fois, l'engin réalisé par Giovanni Fiorio sur un concept du célèbre ingénieur
Antonio Fessia est trop original, trop évolué, trop sophistiqué pour passer inaperçu, même s'il paraît assez conventionnel.
Design by Ghia
Dessiné et réalisé par le styliste et carrossier turinois Ghia, sa principale originalité esthétique est une large calandre chromée, à l'avant du tablier, qui capte l'air frais destiné à refroidir le moteur. La mécanique est plus personnelle. Le cylindre est couché transversalement devant la roue arrière, et le changement de vitesse automatique est assuré par un double convertisseur hydraulique avec embrayage centrifuge et manuel. Comble de modernisme, ce convertisseur est verrouillé mécaniquement à partir d'un certain régime correspondant à environ 40 km/h, pour éviter toute déperdition. Un dispositif qui n'a été réinventé en automobile que relativement récemment.
Une leçon vite assimilée
Le moteur est entièrement suspendu, et une volumineux carter articulé à l'arrière du moteur renferme la transmission complète, convertisseur, embrayage, arbre et couple conique et sert de monobras oscillant, la suspension étant assurée par de gros blocs de caoutchouc logés sous le moteur. Rien ne manque à l'équipement notamment un démarreur électrique et une roue de secours latérale (que reprendra par la suite le Vespa). Hélas le Cruiser est cher (50% de plus qu'un Lambretta ou Vespa), lourd
et trop puissant : il a fallu le "dégonfler" de 12 à 7,5 ch pour ne pas dépasser les
80 km/h auxquels l'Italie limite alors ses scooters ! Ducati n'en fabriquera que 2 000 à 3000 avant la fin de 1953, puis se tournera vers des motos plus simples
et non moins attachantes avec l'arrivée de l'ingénieur Taglioni en 1954.
Monocylindre 4 temps refroidi par air - 175 cm3 (62 x 58 mm) - 8 ch/6 000 tr/min - Soupapes culbutées - Allumage batterie-bobine - Lubrification par carter humide - Groupe transmission oscillant : convertisseur hydraulique + embrayage centrifuge + transmission finale par arbre et couple conique - Cadre en tôle emboutie - Suspensions monobras av. à roue tirée, ar. oscillante, amortissement par blocs caoutchouc - Freins av. et ar. à tambour - Pneus 3,50 x 10" - 80 km/h
Techniquement très évolué, dessiné et construit par Ghia, le Cruiser ne pouvait être rentable. Ducati allait se montrer plus rationnel par la suite.
À découvrir dans le livre "Motos insolites et prototypes hors normes" de François-Marie Dumas.