Leopoldo Tartarini est décédé à 82 ans le 11 septembre 2015. Pilote, globe-trotter, industriel, il fut aussi et surtout l’un des plus grands designers que la moto a jamais connu.
FMD avec Leopoldo Tartarini en 2010 lors d’une exposition de ses oeuvres sur le circuit de Varano.
Aucun autre styliste n’a jamais eu une influence aussi longue et dans des domaines aussi variés de notre monde motocycliste. Pendant plus de quarante ans, Leopoldo Tartarini a inspiré son temps dans toutes les catégories, des 50 cc aux sportives de grosse cylindrée, des scooters aux motos tout terrain, avec les Italemmezeta sur base MZ ou Jawa, avec les Italjet du 50 Mustang aux 650 Grifon à moteur Triumph, avec encore les somptueuses Indian Velocette et Indian Royal Enfield. On lui doit aussi le style de la plupart des Ducati les plus célèbres la 200 Elite, la série des 250/350 Mk3, Scrambler, la 750 GT puis les 750 et 900 SS, les prototypes Rolah et Utah, la Darmah, plus au passage quelques Yamaha ré-habillées pour le marché italien et une étonnante collaboration avec le dessin de la Yamaha 500 XT de 1975.
Ciao Leopoldo, tu nous a laissé de bien beaux cadeaux.
Tout a débuté en 1937 ou le père de « Poldino », concessionnaire Moto Guzzi et ancien pilote, lui construit ce petit side-car. Leopoldo avait quatre ans.
De 1957 à 1958 Leopoldo Tartarini et son co-équipier Giorgio Monetti effectuent un tour du monde sur des Ducati 175. Après avoir parcouru 60 000 km et traversé 42 pays, ils font ici un retour triomphal à Bologne.
De 1952 à 1957 Leopoldo Tartarini rejoint Ducati comme pilote et ingénieur de développement aux côtés de Fabio Taglioni. Il est ici au guidon de la 125 Ducati Marianna en 1955.
Tartarini s’est essayé dans tous les styles … mais ce 50 Texas de 1963 (ou Rodeo avec un refroidissement par air forcé) restera un essai sans suite !
… le 50 Sport de 1963 fut par contre un gros succès en particulier en France où il était importé par les Ets Bonnet.
Autre exercice de style fort réussi, l’Italjet Mustang ici en version 50 SS de 1966. On entrevoit derrière une réalisation sur base Jawa/CZ.
La production des sublimes Indian Velocette et Indian Royal Enfield réalisées à partir de 1968 s’arrête avec la mort de leur commanditaire Floyd Clymer en 1970.
La plus célèbre des Italjet est sans conteste la Grifon basée sur un moteur de 650 Triumph et produite de 1968 à 1970 à environ 150 exemplaires.
Les très classiques Italjet Grifon n’empêchaient pas Tartarini d’explorer de nouvelles voies comme avec ce « café racer » Royal Enfield en 1970.
De 1970 au début des années 80, Tartarini habilla les plus célèbres réalisations de son ami Fabio Taglioni, l’ingénieur vedette de Ducati. Ici la 750 SS de 1975 exposée au musée Guggenheim de New York.
Un concept novateur habillé de matière semi-souple qui valent à cet Italjet Pack de 1980 d’être exposé au musée d’art moderne de New York.
Le Scooot inclinable (avec trois O) développé par Italjet en 2001 préfigure les Piaggio avec lequel Tartarini collabore pour de nombreux projets. (Le train avant diffère par contre totalement de celui du MP3)
J’ai rencontré M.Tartarini, en 1981, lorsque je travaillais chez Royal Moto, importateur Italjet en France.
Je me souviens du petit scooter noir, et j’ai fait homologuer la 350 Trial verte à l’UTAC à Montlhéry.
Leopoldo est un designer génial, le Salvador Dali de la moto.
J’ai eu une superbe 450 Scrambler en 1971, ma première moto, je viens d’apprendre qu’il en était le designer, pas étonnant
Tartarini avait un sacré coup de crayon.
Mes copains Tchèques utilisaient le magnifique réservoir du pétarou Jawa Mustang sur leur 500 ACT.
La très belle 125 de route à moteur Jawa s’appelait la Tarbo . Un copain roulait avec cette rareté dans les années 60. Les moteurs Velocette fabriqués pour Indian Vélo étaient essayés au banc, dans un cadre sans tube supérieur(dixit l’ami Clive bossant chez Velo).
Requiescat in pace.
Lui et l’ingénieur Monsieur Fabio Taglioni, sont les 2 personnages qui selon moi ont fondé l’image extraordinaire que Ducati à encore aujourd’hui.
Ce soir en rentrant chez moi, et en regardant mes ducati, et surtou la 450 Scrambler de 1970 et la 750 Sport de 1973, je penserai avec émotion et respect à vous Monsieur Tartarini.
L’esprit Tartarini, c’était celui de ces créateurs inspirés qui imprimaient leur style, leur marque et avaient l’oreille des industriels, du moins certains. C’est un état d’esprit révolu et je le regrette. Il me semble que depuis un certain temps déjà il convient de ne pas se démarquer de la mode, d’un style ambiant dicté par la nécessité de coller aux désiderata du plus grand nombre. D’où cette floraison de clones difficiles à identifier du premier coup d’œil, sinon par la couleur maison. Chez les fabricants il est désormais interdit de seulement oser surprendre, l’audace est bien tiède. La conception assistée par ordinateur et la finance brutale ont balayé la création artistique, je le déplore.
Beau travail d’une belle vie bien remplie, salut l’artiste, Louis
Triste nouvelle, salut l’artiste et merci pour tous ces chefs d’oeuvres !!