Conçues en 1916 puis construite en quantité fort limitée de 1918 à 1922, les Viratelle 350 monocylindre et 700 bicylindre s’illustrèrent particulièrement dans les grandes courses d’endurance si en vogue à cette époque. Par deux fois, en 1921 et 1922, les ISDT qui se déroulaient en Suisse sur un impossible parcours de plus de 1800 kilomètres, menaient la Viratelle à Lugano à quelques kilomètres de la Villa d’Este où elle revint cette année, 95 ans plus tard pour récolter une ultime médaille.
Pourquoi réécrire l’histoire alors que d’autres l’ont si bien fait ! Je vous renvoie donc pour l’historique de l’extraordinaire Viratelle, sa technique et ses exploits sportifs au site que l’arrière-petit-neveu du constructeur consacre à la marque et au dernier article de Jean Bourdache sur son blog qui a été plus rapide que moi pour s’étendre sur les motos bizarres présentées au « Concorso di motociclette » de la Villa d’Este du 20 au 22 mai dernier. Cette fructueuse collaboration nous laisse la place de nous attarder sur les détails. Il n’existe à ma connaissance que trois Viratelle 350 survivantes, la plus connue depuis des années est celle exposée au musée Henri Malartre de la Rochetaillée, une autre appartenait à Marc Defour, mécanicien, historien et restaurateur d’exception à Sury-le-Contal qui profitait du dernier exemplaire retrouvé par Jean-Marc Brionnet pour restaurer ensemble les deux machines. Marc Defour est malheureusement décédé tragiquement en chutant dans son atelier en août dernier laissant la restauration inachevée, à l’exception heureusement de la partie mécanique. Il ne restait donc plus à Jean-Marc Brionnet qu’à se débrouiller avec les deux Viratelle démontées… et ce ne fut pas facile, aucune pièce de carrosserie n’étant interchangeable… des trous de fixations différents sur les garde-boue à la manivelle de démarrage qui ne s’enclenche pas de la même manière sur l’une et sur l’autre. Rajoutez à ce problème de puzzle que les peintures n’étaient pas refaites, pas plus évidemment que les filets et sigles de marque. Notre ami collectionneur en était là quand je lui demandais en février dernier s’il accepterait de présenter sa Viratelle au Concours de la Villa d’Este en mai. « Pas de problème, » répond-il illico « Il me reste juste la peinture et le remontage… »… et comme il ne travaille que dix heures par jour, cela lui laisse beaucoup de temps libre ! Bref, il semble que ses acolytes et son épouse gestionnaire de l’affaire, aient beaucoup couru. Nickelage, peinture, montage, un saut dans l’Eure-et-Loire pour confier les filets et sigles au spécialiste reconnu du domaine, Pascal Takahira, une course insensée enfin pour retrouver des durites de radiateur rouges comme à l’époque et hop, la Viratelle, comme neuve, a toussé pour la première fois sans doute depuis presque un siècle. Toussé seulement, mais l’essai, le vrai, est promis pour très bientôt.
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