Artcurial a de quoi se frotter les mains avec 76 motos en majorité françaises et d’avant 1914 vendues pour un total de 2 042 000 € dont la Janoir 1920 en vedette à 145 000 €.
Les visiteurs en punition
Une vente tout à fait exceptionnelle, mais les pauvres visiteurs de Rétromobile étaient en revanche bien négligés. Il y avait bien sûr quelques motos éparses dans les stands, dont une Honda 6 ce qui n’est pas rien, mais désormais seuls les stands payants ont droit de cité à Rétromobile et l’organisation du salon se refuse à investir dans un plateau moto de prestige. Plus d’expo moto donc et pire, la fabuleuse collection présentée par Artcurial n’était pas accessible au public à moins d’acheter les très luxueux catalogues de la vente offerts à 100 € pour le kit autos et motos et à 40 € pour le livret de 120 pages ne concernant que les collections Guélon (les motos) et Broual.
« Gants blancs » s’écrie hilare maître Poulain, en terminant la fameuse vente de la collection de Pierre Guélon à Rétromobile. « Gants blancs », c’est l’expression consacrée des commissaires priseurs pour signifier que tous les lots ont été vendus, ce qui est assez rare a fortiori avec les sommes relevées ici.
Adjugée à 154 000 € (plus 20% de frais !) la Janoir 1920, le seul exemplaire connu de ce fabuleux flat twin à cadre tôle et suspension intégrale de 1920, restera heureusement dans sa France d’origine en rejoignant l’Auvergne. Les deux tricylindres Buchet de 1905 et Anzani de 1906 partent par contre pour l’Allemagne de concert avec la Blériot à des prix respectifs de 47 000, 70 000 et 65 000 €. Dame, ce sont des prix qui commencent à compter. Jamais sans doute autant de motos françaises n’avaient été vendues ensemble à un tel niveau : 16 des 76 lots ont été adjugés à 40 000 € ou plus. La meilleure affaire fut sans doute la Dax 350, une version double échappement dans un excellent état qui partit à 12 000 € bénéficiant sans aucun doute de l’effet de souffle causé par l’extraordinaire combat d’enchères de la Janoir qui venait juste avant. La seconde plus grosse enchère concerne le tricycle Renaux un remarquable 500 cm3 à cylindre horizontal connu pour sa performance à la course Paris-Saint Malo en 1899 soit 372 km parcourus à 52 km/h de moyenne. Il fut adjugé sur un ordre par internet à 115 000 €. Les ancêtres de 1899 à 1910 aussi rares que parfois incomplets, mais toutes dans un jus d’origine, se sont négociés aux alentours de 20 000 €, un peu moins pour les Givaudan de 1902 et Hurtu de 1904, à 10 000 € ou la Lurquin-Coudert de 1903 à 7000 €, mais les Moto-Cardan montèrent à 34 000 pour la monocylindre et à 48 000 pour la bicylindre en V face à la route, remarquable première exploitation de cette disposition du moteur. Notons encore la Rochet bicylindre en long de 1907 à 65 000 € et la Werner bicylindre parallèle face à la route (une autre première mondiale) à 25 000. Les rarissimes Werner à moteur sur la roue avant se vendirent respectivement à 34 000 € pour la première de 1897 caractérisée par son nom de Motocyclette dont les frères russes sont les inventeurs et son petit réservoir-garde-boue pour la lampe à essence chargée d’alimenter l’allumage par incandescence. La version 1898 à deux volants extérieurs ajourés type machine à coudre partit à moins de la moitié, 16 000 €, et l’ultime modèle de 1899 à volant interne ne fit que 14 000 €… Je n’arrèterai pas ce longue liste sans cite la Pernoo de 1899 à moteur Labitte en porte-à-faux derrière la roue arrière ( 40 000 €) ou la célèbre moto signée par Henri Désiré Landru en 1903 avant qu’il ne se consacre aux dépeçage et brûlage de riches veuves, s’échangea à 10 000 € offerts par un fameux restaurateur mayennais. Au chapitre des adjudications hors normes citons encore la Majestic 350 à moteur Chaise de 931 pour laquelle le marteau s’abattit à 68 000 au profit de gros acheteurs hollandais qui récoltèrent quand même plus de 17 lots ! Les prix des très rares étrangères proposées, enfin, restèrent dans la norme : 47 000 € pour la très belle Saroléa 500 Monotube ex- Chevallier une version course dans tous ses accessoires et habillages, mais néanmoins équipée d’un moteur route (qui ne diffère guère que par son numéro, ses cames et son carburateur). 96 000€ seulement ( !) pour la Brough Superior SS 680 qui pêchait par sa totale absence de numéro et 41 000 pour la Norton 500 Inter 30 de 1932.
Notes : la datation des motos est parfois approximative – Les liens en bleu renvoient aux fiches descriptives des motos
Photos F-M. Dumas/moto-collection.org sauf mention contraire
Bonjour,
Vos commentaires me font bien rire, à savoir si vous allez les voir rouler ou pas.
Une chose est sûre, vous aurez moins de chance de les voir rouler si elles partent en Europe et encore moins aux Etats-Unis.
La responsabilité de cette situation est moins celle des acheteurs que des vendeurs qui pour gagner un peu plus vont les proposer à l’international.
Je suis séptique sur le nombre de majestic donné dans ces commentaires.
Cordialement
Moi aussi, mais ça ne fait pas un gros pourcentage de pétoires qui vont rouler. La Janoir mérite bien ça après son très long séjour dans des collections « fixes »… pas mal sont reparties en pénitence.
Perdu ! je connais l’acheteur de la Janoir, et je peux te promettre qu’on la verra bientôt dans les rencontres d’ancêtres.J’ai même le fol espoir d’être au guidon !
Avec une Rustine et de l’air, il l’ aurait vendu 1000€ de plus!
Nous ne sommes pas prêt de les voir rouler. A ce prix là, c’est plutôt des coffres forts que des garages qu’ils
doivent utiliser les acheteurs…
Bonjour,
Pour le prix avec un pneu creve c’est chiche pour la Janoir, non ???
Des détails, des détails… encore que je sais bien de quoi tu parles, mais est-ce à moi de le dire ?
helas ou tant mieux ? une francaise est partie dans une collection allemande pour bien plus que la tres belle JANOIR .
Désolé et as de chance, je n’ai pas noté qui était l’acheteur pour cette moto.
Rectificatif; pour le nombre de MAJESTIC authentiques recensées à ce jour c’est 15 & pour les NEW-MOTORCYCLE 25.
Bonjour
Sais tu si mon ancienne Terrot N°3 est restée en France ,lot 229
Christian
J’ai bien remarqué la Honda 6 sous sa bulle sur le stand JD Classic!!
Mais ne parlant pas Anglais j’ai pas osé demander le prix!! D’ailleurs était elle vraiment à vendre ou seulement pour là pour l’admirer?
Sais pas, ici on ne traite que des deux roues, trois à la rigueur ! Désolé.
Merci Francois-Marie pour ce compte rendu avant Arcurial, moins réactif que Bonhams pour les résultats de vente.
C’est énorme mais du côté des voitures des records ont-ils été battus ?