Les Belges ont, depuis l’aube des temps motocyclistes, réalisé de superbes motos… De l’Escol à la Souplex, ils ont également pondu quelques engins aussi cocasses qu’incongrus, sans pour autant être totalement dénués de bon sens. En y regardant bien, les Souplex sont même révolutionnaires, car elles sont parmi les pionnières européennes de la mini-moto.
Photos © archives Yves Campion
Impressionné par les mini-motos déjà produites alors aux États-Unis, Joseph Menko, fabricant Bruxellois de machines à laver industrielles dans les années trente, construit sa première moto en mars 1939. Elle est équipée de petites roues de 12 pouces à voile plein en aluminium et animée par un moteur Villiers deux temps de 125 cm3 qui est monté incliné vers l’avant pour pouvoir s’insérer dans la boucle du cadre. Un assemblage pour le moins curieux où seuls les garde-boues enveloppants et profilés ont fait l’objet d’une certaine recherche esthétique… cela ne suffit malheureusement pas à la rendre élégante. La même année, Joseph Menko réalise pour un aviateur belge fortuné une version spéciale compactée, raccourcie et ma foi beaucoup plus attrayante. Elle ne mesure que 80 cm hors tout et s’offre même le luxe d’une suspension arrière oscillante tout à fait révolutionnaire avec deux ressorts coniques sous la selle comprimés par l’intermédiaire d’une biellette au-dessus du bras oscillant. Le dispositif est similaire à celui en usage sur la plupart des motos sportives d’aujourd’hui, mais le débattement est si réduit que la seule fonction de cette suspension semble être de montrer le savoir-faire du constructeur.
Le luxe n’a pas de prix. Luxueuses et chères, les petites Souplex, équipées pour la majorité de Villiers deux temps de 125 cm3 à boîte trois vitesses, parfois du Villiers 250 cm3 , sont construites artisanalement sans grand souci d’économie. On est bien loin de la philosophie américaine des origines où scooters et mini-motos ne sont, sauf exception, que de grossiers assemblages mariant quelques tubes et deux roulettes à un moteur quatre temps à soupapes latérales semblables à ceux en usage sur les tondeuses à gazon.
L’ingénieur Menko a des visons beaucoup plus nobles. La seconde génération des Souplex inaugure ainsi de superbes roues en alliage léger très inspirées par celles des Bugatti. Réalisées spécialement pour Joseph Menko ces roues alliage sont une particularité encore quasi unique à l’époque (exception faite des Böhmerland Tchèques apparues dès le milieu des années 20) et resteront jusqu’à la dernière Souplex produite, en 1948, l’une des caractéristiques de la marque.
Autres sophistications, les suspensions avant à parallélogramme avec des articulations sur silent blocs et la curieuse suspension arrière coulissante s’appuyant sur des lames de ressort qui équipera les modèles flat twin. Oui, vous avez bien lu, les Souplex bicylindres !
Est-ce parce que Albert 1er, roi des Belges et motocycliste émérite, utilisait en 1924 une Jeecy-Vea (moto bruxelloise) à moteur Coventry Victor. En 1946, Jos Menko se laisse séduire par les luxueux flat twins de 285 et 350 cm3 à soupapes latérales que vient de présenter la marque britannique renaissante. Il semble d’ailleurs que ces bicylindres à plat curieusement à boîte séparée et transmission secondaire par chaîne n’aient pas été utilisés par d’autres constructeurs de moto ! Sur les Souplex, ils sont accouplés à des boîtes Albion à quatre rapports par l’intermédiaire d’un joint élastique nous dit sans plus de précision le catalogue. Coventry Victor a bien promis que ses premières versions à boîte séparée seront suivies par des blocs-moteurs, mais faute de grosses commandes justifiant le lourd investissement requis, la marque anglaise se contentera de proposer un faux carter d’habillage pour faire croire à un bloc !
Joseph Menko réalisera aussi un prototype entièrement carrossé en aluminium, mais ses ambitions outrepassent les deux roues. Dès l’après-guerre, notre génie belge et industrieux nourrit le rêve de construire une automobile… très spéciale comme il se doit. La construction des mini-motos s’arrête donc en 1948 après 88 unités produites. L’auto Souplex ne sortira pourtant jamais du stade prototypal. L’aventure prit définitivement fin en 1951 et Joseph Menko, frustré, s’en retournera à ses machines à laver. Doit-on le regretter au vu de cet abracadabrantesque moteur à quatre cylindres deux-temps horizontaux et séparés prévu pour l’auto et qui vous est ici présenté en première mondiale.
La renaissance éphémère de Coventry Victor
Pionnier du flat twin depuis 1911, Coventry Victor semble abandonner la moto en 1935 pour se consacrer au trois roues, mais les firmes anglaises sont vivaces et Coventry Victor réapparaît au salon de Londres en 1946 avec ce curieux flat twin présenté en en 285 cm3 (55 x 60 mm) et 340 cm3 ( 60 x 60 mm), chaque version étant (théoriquement !) disponible avec refroidissement par air ou liquide. Le moteur a, dit-on, été étudié pour répondre à un appel d’offres de l’armée. Il est à plan de joint vertical avec un vilebrequin monobloc, un carter d’huile intégré et des soupapes latérales. Pour adapter ce moteur à sa moto où il est disposé transversalement, Jos Menko a conçu un renvoi d’angle « par joint élastique » avec une transmission par chaîne vers la boîte Burman.
Peut être bien, et je n’ai aucun élément pour confirmer si c’est un Villiers ou non, sinon que le haut moteur et le volant ressemblent à s’y méprendre à certains Villiers dont j’ai les photos.
Le gros 250 deux temps (à volant Safi) même s’il est secondé par une boite Albion, il me fait plutôt penser à un Aubier Dunne ou un bazar du même genre plutôt qu’à un Villiers.
Avec SOUPLEX pas de complex
Les quatre moteurs sont bien autour d’un axe, mais je n’en sait pas plus que ce que j’ai écrit.
Bonsoir,
il semble au vu de la photo du quatre cylindre que ce sont 4 moteurs autour d’un axe ?
L’entrainement se fait-il par couple conique ?
Fred
Merci de ces commentaires, mais il faut aussi adresser ces compliments à Yves Campion qui m’a autoriser à utiliser ses très riches archives.
Bonsoir,
Merci de ce très bel article sur cette marque de motos belges que je ne connaissais absolument pas……..Etant Belge et passionné de motos depuis toujours, je viens de combler grâce à vous un vide béant dans ma culture motocycliste.
Très cordialement,
Michel.