Affreuse nouvelle en ce matin du 18 janvier 2021, le plus haut musée du monde au Tyrol autrichien a entièrement brûlé avec toutes les rarissimes motos qu’il contenait. Après le grand incendie du National Motorcycle Museum à Birmingham en 2003, c’est la seconde fois qu’un des plus grands musées mondiaux de la moto disparaît et cette fois il semble bien qu’aucune des motos n’ait pu être sauvée. Tout ce qu’on sait sur l’incendie ICI
Quitte à faire une longue virée en moto dans les Alpes, autant pousser jusqu’au Top Montain Motorcycle Museum, le plus haut musée du monde situé à Hochgurgl au Tyrol dans les Dolomites à 2175 mètres juste en dessous du sommet du col de Timmelsjoch (pour les Autrichiens) ou du Rombo (pour les Italiens).
Une situation exceptionnelle que les constructions abritant le musée partagent avec des hôtels 5, 4, et 3 étoiles. Cette citadelle dédiée à la moto et au ski est « défendue » par quatre impressionnants belvédères en béton brut en porte à faux au-dessus du vide où l’on entre pour admirer l’époustouflant panorama. Tout cet ensemble, ainsi d’ailleurs que la route, à péage (fermée de fin octobre à début mai côté italien et ouverte toute l’année sur le versant autrichien), qui mène à ce sommet sont la propriété de la famille Scheiber. Alban Scheiber père, pilote automobile de renom et pionnier du développement du tourisme au Tyrol créa la station et ses les deux fils jumeaux, Attila et Alban, passionnés par la moto et son histoire, ont conçu ce musée hors du commun qui ouvrit ses portes en avril 2016.
Une folie, penserez-vous, de faire un musée loin de toute ville. Non, plutôt un coup de génie, car, en été, le passage du col après quelques dizaines de lacets de la route assure une foule ininterrompue de motards, tandis qu’en hiver, les hôtels autour du musée et la station de ski, dont la télécabine part à l’intérieur du même bâtiment, assurent un flot constant de visiteurs. Les chiffres parlent d’eux-mêmes et vont faire des jaloux : 40 000 visiteurs par an, plus de 240 par jour en été et jusqu’à 80/jour en hiver. Plus un restaurant (décoré de motos et d’accessoires) déjà plein en été et qui culmine avec 1200 repas de midi durant la saison de ski.
Photos © François-Marie Dumas/moto-collection.org
Les liens indiqués en rouge renvoient aux fiches des modèles concernés.
Top Mountain Motorcycle Museum : le top des musées !
Oui, je sais, le jeu de mots est facile… mais mérité. Oubliez les musées poussiéreux où les motos s’entassent de façon inphotographiable. Ici l’espace est roi (2600 m2 et bientôt beaucoup plus m’a-t-on dit) avec deux immenses salles tapissées de bois clair où sont exposées quelque 170 motos dont 80 % appartiennent au musée qui en a 330 en stock. L’exposition est très régulièrement renouvelée grâce à des prêts d’autres musées allemands en particulier de celui d’Hockenheim ou de grands collectionneurs. Cerise sur le gâteau, la première grande salle est en partie réservée à une exposition spéciale, consacrée depuis juin dernier au centième anniversaire de Brough Superior avec pas moins de 17 modèles de cette marque prestigieuse. On appréciera particulièrement le fait (pour les Brough comme pour certaines autres machines exceptionnelles du musée) que les modèles reconstruits ou reproduits l’indiquent clairement avec de surcroît le nom du réalisateur de la réplique ou de la reconstruction et l’année de sa réalisation. Bien des expos pourraient en prendre de la graine. Je reviens vite dans un prochain article sur l’expo Brough Superior, en attendant, c’est parti pour un tour du musée …
Ce bien curieux assemblage né en 1948 sur la base des BMW R75 et des 500 course à ACT fut construit par Franz Mohr, Kurt Fritz (les pilotes) et Hans Kleinhenz à Schweinfurt. Il fut et champion d’Allemagne en 1948 et 1950 en classe 1200. Le moteur est un 906 cm3 à simple ACT.
On connait tous l’Adler 250 qui inspira tant l’industrie japonaise, mais ce petit 98 cm3 de 1950 n’a guère passé nos frontières.
Difficile de voir une exposition majoritairement allemande sans un beau moteur Küchen. C’est ici un 500 à soupapes latérales qui équipe l’une des grandes marques de Nürnberg avec cette Ardie RBU 505 de 1938.
Parmi les nombreuses 250/350 cm3 de course proposées aux amateurs dans les années vingt, l’une des plus belles et des plus rapides était la Chater-Lea, un monocylindre à la commande des soupapes inhabituelle par cames faciales. Cet exemplaire 250 cm3 qui valait 24 ch appartint au pilote viennois Michael Gayer.
De 1927 à 1933, Condor vendit 3000 exemplaires de cette 350 à moteur MAG 350 culbuté, son modèle le plus populaire.
Célèbre pour ses cadres en tubes fins triangulés, Cotton ne proposait pas moins de dix modèles à moteurs JAP monocylindres dans son catalogue 1934 et cette 975 cm3 annoncée pour 35 ch est l’un des seuls bicylindres connus.
Cette version usine de la Excelsior 750 Super X de 1927 à soupapes opposées et boîte 3 vitesses était l’une des Américaines les plus performantes face aux Indian et Harley Davidson et autres.
L’une des perles du musée, la très rare Flying Merkel, une 1000 v-twin américaine de 1911 qui est ici parfaitement à son aise sur le plancher lui rappelant les board tracks de ses origines.
Notre industrie nationale est quand même dignement représentée, ici avec une Gnome & Rhône 350 Super Major de 1938 et une 500 Dollar à moteur Chaise culbuté de 1932.
L’une des plus belle 250 de l’après guerre : la Guzzi Gambalughino (petites gambettes) à simple ACT qui s’illustra de 1947 à 1951.
L’Italie n’est qu’à quelques mètres, alors une belle lignée s’impose et les Guzzi sont bien représentées avec entre autres une 500 Sport 14 de 1928 suivie d’une 500 S de 1937.
Les Harley Davidson de la grande guerre sont généralement civilisée contrairement à cette version 18 J de 1918 repeinte dans sa livrée d’origine.
Les frères Scheiber sont passionnés d’Harley et d’Indian et cela se voit. Ici avec une belle brochette d’Harley-Davidson des années 20. Dans l’ordre : 1000 cm3 de 1920, 1200 de 1935 et 1200 de 1936.
Bon, d’accord, c’est une réplique, mais cette Hildebrand et Wolfmüller de 1894 doit, à juste titre, être considérée comme la première moto construite en série.
C’est à Roland Schnell, le bien nommé (= vite en allemand) que nous devons cette belle 350 Horex-Schnell de 1953. Son entraînement du simple ACT à l’arrière du cylindre a-t-il inspiré une certaine AJS 7R 3A à 3 soupapes en 1954 ?
Allemande de naissance (à Cologne), mais anglaise de coeur, Imperia utilisa des moteurs Blackburne, JAP et MAG et, ici, en 1933, un Rudge 350 Python à quatre soupapes radiales.
En 1947, les Russes trouvent leur inspiration chez BMW pour réaliser cette IMZ Irbit 350 M35 K (pour Kompressor) destinée aux records de vitesse. (Moto prêtée par le musée d’Hockenheim)
Avant de s’allier à Leopoldo Tartarini, Flyod Clymer tenta de faire revivre la marque Indian en rachetant à Royal Enfield son nom et son réseau en 1954 pour distribuer cette belle Royal Enfield 750 Interceptor rebadgée Indian 750 et légèrement américanisée.
La Jawa bicylindre 500 cm3 Z15 de 1954 du champion autrichien Otto Heisinger.
La route est belle mais pentue et sinueuse de Varese à ici (je viens de la faire, en moto et avec un immense plaisir !). Content que cette petite camionnette Fiat 850 T de 1969 l’ait grimpée aussi pour apporter une superbe MV Agusta 125 double arbre de 1956 qui avouait alors plus de 13 chevaux au banc.
Un grand classique des belles sportives allemandes d’avant-guerre, la NSU 500 SSR Bullus de 1930. Celle-ci courut aux mains du pilote autrichien Rudi Runtsch. Que la ressemblance du moteur simple ACT avec les Norton Inter ne vous étonne pas, il a été conçu lui aussi par Walter Moore (voir la fiche sur le site).
Née en 1946, cette Parilla 250 à simple ACT (ici dans sa version 1948) a toujours beaucoup de charme, même sur son « mauvais » profil. Elle aura une longue descendance, jusqu’à la fin des années 50.
Pas étonnant qu’il n’y ait pas beaucoup de françaises, cette camionnette 202 U de 1947 a dû peiner dans côte pour amener la Peugeot 350 P105 de 1928 qu’elle transporte. Heureusement la 202 U bénéficiait depuis l’année précédente de freins hydrauliques.
Dans l’allée centrale quelques motos sont présentées comme amenées par leur constructeur. Ici, un Puch 48 cm3 VZK de 1966 sur un mini-4×4 Stey-Puch Hahinger, un tout terrain léger (600 kg) à moteur arrière bicylindre de 643 cm3 produit de 1959 à 1973.
Une 350 de speedway de 1937 typiquement locale. Le pilote et constructeur (campion d’Europe) est Martin Schneeweiss.
Classique et toujours aussi belle, la Yamaha 250 TD2 de 1969 qui annonçait 40 bourrins devint rapidement la monture préférée des coureurs privés. Celle-ci appartenait au champion allemand John Lothar
Construite et pilotée en Grande Bretagne à Brooklands par Freddie Barnes, cette Zenith type N de 1923 à moteur 1000 JAP KTC à soupapes latérales signa des records jusqu’en 1935 aux mains du champion autrichien Fritz Dirtl surnommé « der blitz » (l’éclair)
Une voiture pour changer, mais une BMW formule 2 de 1949 mue par le 6 cylindres en ligne de 1971 cm3 de la 328. 130 chevaux et 510 kg !
Merci pour ces superbes photo, ce sont que de véhicules insolites bravo
Beau musée, certes mais il manque toujours le principal, c’est à dire le son… Le dernière moto un peu rare que j’ai vendu, l’acheteur m’avait fait vachement plaisir en me disant qu’elle ne roulerait probablement plus jamais. Pendant trente cinq ans j’avais fait ce qu’il fallait pour qu’elle fonctionne parfaitement…
Bonjour et merci pour ce très beau reportage.
Je ne connaissais pas du tout cet endroit mais il a l’air vraiment magnifique.
Le nombre et la diversité de motos est impressionnant.
Un endroit que je vais visiter dès que possible mais il faut que j’améliore ma culture des vieilles mécaniques pour savourer cet endroit comme il se doit.
Bravo en tout cas pour ce que vous faites.
Anthony
Musée de la Moto d’Entrevaux
Bonjour FMD.
Magnifique musée dont j’ignorai l’existence malgré plusieurs passages dans cette magnifique région propice aux virées moto.
Je vais devoir y retourner grâce à ces infos, merci !!
Nabs
Toujours aussi passionnant ces reportages, merci beaucoup !
Sauterelle, je ne sais pas, je croyais savoir que ce nom venait de ses cotes longue course 84 x 90 mm, alors que les autres 500 sont de cotes 88 x 82 mm
faudrait vérifier mais je crois bien que ce site a été utilisé pour un tournage de 007.
faudrait vérifier mais je crois que gambalunga , le surnom de la 500 guzzi est le gentil nom que l’on donne à la sauterelle. Et, naturellement, pour la 250 on la baptise du diminutif de gambalunghino.
Je peux me tromper mais je crois que c’est çà.
Les machines exposées sur le plateau d’une voiture du même pays : belle idée !