Il est tentant de rechercher les origines du scooter dans l’Autofauteuil français de 1902 ou les patinettes américaines et britanniques genre Skootamota du début des années vingt, mais le premier VRAI scooter qui réunit à la fois l’architecture et le style propres à ce type de véhicule, c’est Unibus anglais présenté en décembre 1920 au salon de Londres avec un plancher plat et une carrosserie formant un tablier enveloppant.
Archives : François-Marie Dumas – Photos modernes : Jim Rendell, Jet Age Museum (Gloucester)
Visionnaire, cet Unibus dû à l’extraordinaire intuition de l’Anglais Harold Boultbee ingénieur en chef de Gloucester Aircraft Company qui, le premier, inventa le scooter moderne dans ses formes comme dans son esprit. Il avait malheureusement vingt-cinq ans d’avance et, comme d’usage pour les produits trop révolutionnaires, ce fut un flop commercial retentissant !
Encore en avance aujourd’hui
Comme si ce n’était pas assez d’inventer le concept du scooter moderne, l’Unibus fait mieux encore que des scooters actuels ! Le moteur placé à l’avant avec une transmission par arbre jusqu’à la roue arrière assure une parfaite répartition des masses, tandis qu’un vrai châssis « baignoire » constitué de deux longerons en L et de triangles avant et arrière en tôles soudées devait lui conférer une rigidité hors normes. Suspensions avant et arrière et coffre sous la selle, il ne lui manque vraiment rien, mais il ne faut quand même pas trop attendre des techniques d’époque utilisées. La fourche avant oscillante appuyée sur des ressorts à lames ne devait pas être trop efficace et sans doute moins que la suspension arrière également oscillante et à ressorts à lames comme sur l’ABC contemporaine et compatriote. Contrairement à ce que les photos laissent penser les roues sont de 16 ”, chaussées il est vrai de pneus très fins. Autre modernisme étonnant, il y a deux freins à tambour, mais ils sont tous les deux à l’arrière, accolés à la transmission. Il n’y a apparemment, pas de frein avant.
Le mieux restait à venir
Révolutionnaire sous tous rapports, l’Unibus, et bien mieux pensé que la grande majorité des scooters qui vont suivre dans les années à venir voire même par rapport à maintes réalisations actuelles qui affichent certes des performances correctes, mais qui continuent d’être construits sur une architecture bancale.
Et encore Harold Boultbee, le constructeur, s’en était-il tenu à des choix « raisonnables » car il précisait qu’il avait, lors du développement, testé différents prototypes plus futuristes encore dont deux à cylindre horizontal transmission finale par chaîne silencieuse en bain d’huile (façon T-Max avant la courroie !) tandis qu’un troisième avait un moteur en porte-à-faux à côté de la roue arrière, une solution que sir Harold Boultbee jugea sans avenir !
La technique
Caractéristiques
Moteur Precision 270 cm3 monocylindre 2 temps refroidi par air vertical derrière le tablier avant – Alésage x Course : 70 x 70 mm – Démarrage par manivelle à main – Graissage séparé par gravité et goutte-à-goutte. – Boîte 2 vitesses par levier à main – Embrayage monodisque – Transmission par arbre et vis sans fin – Châssis à deux longerons acier et coques avant et arrière en tôles soudées – Carrosserie : deux « demi-coques » en tôle d’acier emboutie boulonnées à l’avant et à l’arrière du châssis-plancher plat – Suspension AV. : fourche pendulaire et ressorts à lames, AR. Oscillante et ressorts à lames – Roues à voiles pleins et jantes démontables en tôle d’acier – Pneus 2,25 x 16′ – Freins par double tambour à l’arrière – Vitesse 40 km/h
Non, le Unibus n’est pas si vieux, retournez le 6 pour plus de précisions… mais je rectifie mon erreur de ce pas. Content que vous m’ayez lu aussi attentivement !
super !
un étonnement cependant : au bas de l’article il est mentionné « Extrait du Motor Cycle du 8 décembre 1620 »
décembre 1620 !???
bonne continuation
prenez soin de vous !
Amusant, un scooter époque renaissance/ancien régime? « Extrait du Motor Cycle du 8 décembre 1620″…biensûr, tout le monde aura lu 1920! Belle rareté!!
Oui, une patinette a un plancher plat. On enjambe une moto mais on s’installe dans un scooter. J’insiste pour dire rouler à bicyclette ou à moto comme on va à cheval, mais rouler en auto ou en scooter. Ce n’est pas une question de taille de roue – en vertu de quels critères situer la limite ? – personne ne dénie la qualité de scooter au Galetto de Guzzi.
Quant au Viceroy, il était original mais, effectivement, le fruit d’esprits tordus : pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?
L’Unibus avait au moins l’avantage d’être une révolution en avance sur son temps, tandis que le Viceroy…
Après d’interminables discussions avec Didier Ganneau, avec qui nous avons écrit « Scooters du monde : cent ans d’histoire » aux éditions EPA, la meilleure définition que nous avions trouvé est qu’on s’assoit sur un scooter alors qu’on enfourche une moto. Si on considère le plancher plat comme une obligation, la quasi totalité des scooters modernes sont rejetés. Pareil pour les petites roues et les pare-jambes. La seule constante semble bien n’être que la façon dont on monte dessus (ou dedans !)
on doit aux british des scooters hors norme comme cet Unibus et plus tard le Velocette Viceroy. Mais l’originalité ne paie pas
Pour rappel, cette page retrace les origines historiques du mot « Scooter »
https://www.facebook.com/photo?fbid=3602188646485276&set=a.3334757193228424
Pour faire court, un « scooter » EST justement cette partie de plancher plat. C’est la caractéristique primaire du scooter.