Du Victoria 50 Nicky au Csepel Panni

Top beau, trop cher le cycloscooter Nicky, commercialisé en 1954 est un des dernières tentatives de haut de gamme (oui ça existe, même en cyclomoteur !) conçu par l’une des plus anciennes marques allemandes, Victoria, qui aurait fêté son centenaire l’an passé. Fabriqué en Allemagne en 1954 à 57, le Nicky ne survit pas à l’absorbtion de Victoria par Zweirad Union en 1958. Il connut en revanche un beau succès en Suède où il en fut vendu 5 860 exemplaires dotés de pédales de 1956 jusqu’à 1958.

Une paire de Nicky aux mains de Sylvie et Pierrot, les enfants d'Alphonse Vervroegen champion de Belgique junior et senior en solo et side car et constructeur des side-cars Impérial Belgique. (archives Yves Campion)

Passons rapidement sur son moteur dérivé du M 50 du Vicky III, et devenu R50 avec une puissance qui passe à 2,5 ch à 5700 tr/min, grâce à une compression plus élevée. Ce classique petit deux-temps intégrant une boîte à deux rapports commandée par poignée tournante, ne se distingue que son mode de démarrage par lanceur à main, avec une poignée de tirage dans le carénage intérieur du tablier.

Bien plus que sa mécanique, c’est la partie cycle du Nicky qui est intéressante à plus d’un titre. Grosse innovation technologique la partie arrière se compose d’une coque scindée en deux parties verticalement et réalisée en alliage léger moulé sous pression en faible épaisseur. Une pièce aussi superbe que stupide, car beaucoup trop onéreuse pour un cyclomoteur à vocation utilitaire. Ach ! la « Bervection alle-mande », n’a pas de prix, mais quand même !

Saluons quand même la volonté des concepteurs d’allier maniabilité, faible poids et protection. Il y a même un mini coffre sous la selle.

Coque arrière mise à part, l’avant de la partie cycle tout ne manque pas d’intérêt non plus avec une imposante pièce de fonderie qui englobe la colonne de direction et dans laquelle viennent s’insérer deux tubes courbes qui soutiennent le moteur et se fixent sur une platine où se boulonne la coque arrière.

Une fois habillé dans sa belle couleur « bleu tourterelle » le Nicky est tout aussi étonnant : Le réservoir d’essence est logé derrière la colonne de direction et le carénage du phare rectangulaire (c’est nouveau) et du guidon intègre trois grands cadrans ronds, le compteur de vitesse, une montre et un indicateur de carburant dit électronique d’un modernisme encore inconnu à cette époque même sur les automobiles : le mot « Ravitailler » s’allume lorsqu’il ne reste que 30 km d’autonomie, et cette autonomie qui apparaît en décompte.

Victoria R 50 Nicky

Moteur 2 temps refroidi par air – 47 cm3 (38 x 42 mm) – 2,25 ch/4800 tr/min – Carburateur Bing ø 12 mm – Graissage par mélange 5% – Boîte 2 vitesses commande au guidon par poignée tournante – Démarrage par lanceur à main – Allumage volant magnétique 6 V – Suspension av. à biellettes et roue poussée et blocs caoutchouc, ar. oscillante et 2 combinés amortisseurs à ressorts hélicoïdaux- Freins à tambour ø100 mm – Pneus 2,25 x 20 “ – 60 kg -55 km/h

archives Yves Campion

On croit que c’est un Nicky, eh bien non, c’est un Hongrois,

Le beau Nicky Teuton a très très fort inspiré Csepel qui a concocté dans ses usines de Budapest le R50 Panni en 1957 . Ce Panni-Nicky hongrois diffère surtout par sa coque arrière qui n’est plus en alliage moulé sous pression, mais en tôle d’acier et dépourvue de coffre sous la selle. Il n’y a évidemment qu’un seul compteur, le tachymètre, le moteur maison de cotes identiques au Victoria n’annonce que 1,8 ch avec une limitation à 45 km/h. Le poids total du Panni est annoncé égal au Nicky à 60 kg en dépît de son cul en fer, mais avec le plein de 5,7 litres d’essence quand même.

Le Panni naît en février 1957 dans la division vélo de Cespel, créée lors de la nationalisation de 1950. Son moteur est à quelques détails près celui du Berva créé par l’usine dédiée à la moto de Csespel. Il diffère principalement par son système de démarrage, les pédales laissant place à un long levier à main sur le côté droit. Après une présérie de 200 unités fin 1957, la production démarre en 1958, malheureusement les projets de l’usine d’exportations à l’étranger sont ruinés par nombre de problèmes techniques et de qualité. Une version biplace de 75 cm3,  3 ch et 3 vitesses est pourtant étudiée en collaboration avec l’usine de motos Crspel, mais le projet sera finalement abandonné en 1960 après nombre de retards dans la production. Le Panni 50 sera quand même produit à environ 19 000 exemplaires de 1958 à 1962.

 

 

Un Csepel Panni exposé au musée Baster à Riom qui compte un bel échantillonnage des motos de l'est.

Fausse renaissance

Ben tiens, tout renaît aujourd‘hui enfin essaie, car le retour prévu du Victoria Nicky semble bien n’avoir été qu’une fausse couche. Dommage, ce nouveau scooter annoncé en grande pompe au salon de Milan en 2019, n’était pas vilain est promettait d’exister en 50, 125 et 300 disponibles au printemps 2020 et suivis par une 650 cm3 V twin qu’il sauraient certainement baptisé Bergmeister bien que son V soit dans l’autre sens. Libre à vous de demander des renseignements complémentaires sur la renaissance prévue de cette belle marque allemande en contactant leur représentant à Nuremberg Monsieur Tao Wang…


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2 commentaires sur “Du Victoria 50 Nicky au Csepel Panni

  1. Airy-Hugues Millet dit :

    Cespel, Csespel, Crspel, Csepel … les correcteurs automatiques ne connaissent hélas pas le hongrois.
    Hongrois qu’on a bon, et puis on se trompe!
    Mais il semblerait que ce dernier Csepel soit le bon!
    ;o))

  2. jackymoto dit :

    Ben, c’est à la mode la renaissance des marque allemandes…fabriquées en Chine. Borgward , Victoria etc Il est normale qu’il n’y ait pas de différence entre une carcasse en alu moulé qui demande
    une bonne épaisseur, et une tôle de 0.8mm de bonne qualité. Le tablier et l’habillage du réservoir
    avait l’air d’avoir « inspiré » Jawa pour son Pioneer. Le patron des sides Précision nous avait confié qu’il n’y avait que 2kg de différence entre une caisse en tôle alu et une en acier.