Normalement les articles de ce blogs sont écrits pour vous informer sur l’histoire de nos chères motos et, de préférence, sur les plus rares et les plus hors normes. Et bien voici une exception à la règle. Ce triporteur à moteur Dresch est certes tout à fait insolite et sans doute unique, mais je n’ai trouvé que bien peu de renseignements à son sujet.
La partie avant est celle de la Dresch MS 30 née cette même année 1929, et le moteur avec sa sa boîte séparée, remplacés par un grand coffre métallique, ont bizarrement émigré devant la roue arrière droite du tricycle. Découverte…
Les photos « modernes » sont celles prises par le propriétaire de ce rare triporteur : Urban Schneider
Tout commence en septembre 1928 où Moto-Revue a l’idée saugrenue d’organiser le premier Championnat de Motocycle Industriel. Diable s’il y avait bien des engins qu’on ne s’attendait pas à voir en compétition, ce sont bien ces trois roues là. Pour reprendre les appellations d’époque, triporteurs (deux roues à l’avant), tri-moteurs (deux roues à l’arrière), tricars (deux roues arrière et carrosserie) et side-cars à caisse porteur.
On y verra René Gillet attelé d’un Bernardet, Peugeot avec une caisse P.e.u.p.l.e, Galland avec moteur Chaise ou Jap et caisse Galland, Tétard avec moteur Harrissard, Juery avec un Pauvert, Cleveland et Harley-Davidson avec sides Bernardet, l’antique Austral de 1905 animé par un Aster à refroidissement liquide, Ninon avec des moteurs Chaise, les lourds tricars Vilard à moteur Colin, Gillet avec caisse Bernadet et enfin deux curieux Le Grimpeur/Dresch pilotés par leurs constructeurs Henri Dresch et Pierre De Font Réaulx dont je vais vous parler plus en détail.
22 concurrents répondent pourtant à l’appel avec enthousiasme et il n’y aura que 3 abandons. Engagés de dernière heure, les célèbres Henri Dresch et Pierre de Font Réault (DFR), y vont même de deux trois roues aussi spéciaux qu’originaux auxquels est consacré cet article. L’aventure est dure, environ 280 kilomètres à parcourir en 12 heures avec une caisse chargée de 75 à 200 kilos en fonction de la cylindrée et les deux tri-moteurs de nos compères, l’un sous label Dresch, l’autre badge Le Grimpeur, y terminent brillamment en tête.
Side-Motor : l’autre trois roues à moteur déporté
Un autre antécédent du trois roues à moteur déporté, en version side-car cette fois, fut le fameux Side-Motor de 1923, un chef d’oeuvre helvête qui se distinguait aussi par sa partie cycle révolutionnaire en fonderie d’aluminum. Vous le retrouvez en détail dans les fiches et sur le blog ICI
Le 2e Championnat du Motocycle Industriel n’aura pas lieu en 1929, mais il semble que Dresch ait construit cette année là un tri-moteur basé sur son nouveau modèle MS30 à moteur 350 cm3 semi-culbuté Dresch licence MAG. Le fait qu’on en trouve en tout cas aucune trace en 1929, ni dans Moto-Revue, ni dans La Moto, ni dans le petit livre sur Dresch écrit par François-Henri Denise, laisse à penser qu’il s’agit d’un modèle unique basé sur les photos construits par l’usine pour le championnat de 1928, mais équipé du moteur de la MS30 sortie cette année 1920. La jeune firme d’Henri Dresch, était sans nul doute trop occupée par sa production de motocyclettes « normales » dont elles annonce 12 000 exemplaires en circulation en 1929, deux ans seulement après son entrée sur le marché.
Dresch, DFR, Le Grimpeur
La première vraie moto Dresch est la 250 MS 604 apparue fin 1928, Henri Dresch a auparavant absorbé Le Grimpeur en 1925 et, progressivement DFR en 1926, qui tombera totalement dans son giron en 1929 . Le brillant ingénieur et pilote Pierre de Font Réaux (DFR) lassé de la constante recherche de l’économie dans la construction des Dresch, quitte la marque au début de 1932 pour voler à nouveau de ses propres ailes et créer avec Robert Dahan les magiques et sportives motos Dax.
LE tri Dresch MS30 de 1929
Unique sans doute, cette version 1929 du tri-moteur Dresch ne semble pas avoir été commercialisée car aucun des journaux d’époque n’en fait mention. La structure de base qu’on détaille fort bien sur la vue du tri non restauré, est identique à celle des deux versions « usine » du Championnat 1928, avec la typique fourche Dresch à parallélogramme en acier matricé et toute la partie avant du double berceau tubulaire similaire sur les MS604 et MS30 (Voyez pour comparaison la photo d’époque d’une MS30). La partie arrière, non suspendue, est constituée d’une complexe structure tubulaire. Le moteur et sa boîte sont disposés devant la roue arrière droite. Deux longues biellettes renvoient la commande de vitesses au réservoir de la moto. Les trois roues sont freinées avec les classiques tambours de 180 mm en usage chez Dresch. L’attelage frise les 2 mètres de long avec une voie d’un mètre. Moteur mis à part (MAG culbuté sur les versions de 1928 et semi-culbuté de la MS30 sur le tri restauré), la seule différence visible est l’absence des carénages en tôle qui habillent les tubes avant pour protéger les jambes du pilote sur les moutures de 1928.
Pour compléter cet article avec des photos, merci de me joindre sur info@moto-collection.org