1930 : Poignée tournante ou manettes au guidon ? Sélecteur au pied ou vitesses au réservoir ? D’interminables discussions opposent les partisans de chaque solution en 1930 et les constructeurs, à la recherche d’une solution idéale, rivalisent d’ingéniosité pour rendre les commandes un peu plus simples, plus esthétiques et plus confortables.
Dans ce tout début des années 30 la mode consiste à dissimuler tout câble et commande disgracieuse. En Angleterre, Triumph propose un guidon intégrant tous les câbles des diverses commandes tandis qu’Ascot Pullin, toujours en Grande-Bretagne, et DKW en Allemagne, ou Nimbus au Danemark, font mieux encore avec un guidon caissonné en tôle emboutie qui englobe non seulement les câbles, mais intègre aussi, devant chacune des poignées, les montre et compteur de vitesse parfois montés, c’est nouveau, sur fourreaux caoutchouc. La palme revient à Vaga, en Italie, qui, dans un style délirant offrira, en 1935, un guidon avec câbles, montre et compte-tours intégrés mais aussi un double phare et un silencieux en lyre pour couronner le tout.
En France, la dernière mode est aux guidons souples en fils ou en lames de ressort comme le Gazda qui se vendit, dit sa publicité, à plus de 150 000 exemplaires.
Il y a quelque chose qui cloche là-dedans …
Beaux ou confortables, ces guidons ne résolvaient pas le problème des changements de vitesses. Il y a quelque chose qui cloche là-dedans, pensa le docte ingénieur berlinois Otto Dehne et, après cinq ans de travail acharné, il présente en 1930, le guidon-sélecteur de vitesses. Plus besoin de lâcher une main pour chercher le levier au réservoir, plus de botte qui s’empêtre dans le sélecteur.
Dans son guidon magique, les deux branches indépendantes sont montées sur pivots et engrènent l’une dans l’autre par des secteurs dentés dont l’un est relié à la boîte de vitesses par deux câbles actionnant une biellette de commande. Les branches du guidon peuvent ainsi être ramenées vers l’arrière (pour passer la première), ou poussées vers l’avant, pour passer la seconde et la troisième. (Une chance, il n’y avait pas de boîte 6 à l’époque !). En marche normale, le guidon est bloqué et le simple fait d’actionner le débrayage commande une clavette qui le libère. Cerise sur le gâteau, le guidon replié vers vous en première donne une position bien droite tandis que la troisième, guidon poussé vers l’avant, vous donne une position plus effacée et sportive. On n’ose pas trop imaginer la gymnastique que devait donner un rétrogradage rapide…
Les brevets du guidon Dehne furent rachetés par la très fameuse firme Bowden en Grande-Bretagne et le guidon fut commercialisé en Allemagne par Hurth, fabriquant de boîtes de vitesses, sans trop laisser de traces dans l’histoire.
La dernière solution était sûrement prévue pour équiper une … Automoto. (ouarf!)