Ne rêvez pas, aujourd’hui, 205 km/h sous le tunnel, c’est la prison direct, mais nous fêtons en ce 9 juin le soixante-dixième anniversaire de l’une des premières courses de l’après-guerre en région parisienne en 1946 pour l’inauguration de l’autoroute de l’ouest, désormais A13. Ce chiffre aujourd’hui monstrueux et hier applaudi, était la vitesse contrôlée (faute de radar) par des cellules photoélectriques, de la BMW 500 à compresseur de Jacques Charrier… en échappement libre bien sûr et je vous laisse imaginer le boucan sous le tunnel.
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Dans l’immédiat après guerre, on court où on peut et avec ce qu’on a et tout prétexte est bon pour profiter de cette liberté retrouvée avec des pétarades enfin plus pacifiques. Après une course au bois de Boulogne le 30 mai, motos et voitures se réunissent pour l’inauguration de la première autoroute française le 9 juin 1946 sur un circuit improvisé de 6 km comprenant une grande boucle sur l’autoroute et un passage dans la ville de Saint-Cloud où la vitesse était, on s’en doute, considérablement plus lente. La première course est réservée aux motos légères de 125, 175 et 250 cm3 et les side-cars 350 et 600 cm3 qui partent à une minute d’intervalle ! Elle est remportée en 125, par René Maucourant célèbre ensuite pour ses kits de transformations pour deux temps, par P. Chancel sur MR (Mandille et Roux) en 175 et par Perrin sur OK Supreme en 250. Les accidents dus autant à l’état de la piste et à sa dangerosité en ville qu’à la longue ligne droite du tunnel qui met les moteurs à rude épreuve, se succèdent lors de la course sur 15 tours des grosses cylindrées. Jacques Charrier (BMW 500 type 255 à compresseur parti avec un poignet cassé, Roger Loyer (Velocette 350 KTT), Cauchy (2e en 250 sur Excelsior),) et Lefevre (Norton 500 Golden Gate à suspension arrière) chutent, ce qui n’empêchera pas le multiple vainqueur du Bol d’Or Gustave Lefevre dit Tatave (nº 68) de finir 2e à près de 100 km/h de moyenne derrière la 500 Saroléa de Georges Berthier qui boucle ses quinze tours à 100 km/h de moyenne tandis que la catégorie 350 est remportée par la Terrot HCP du futur grand champion automobile Jean Berha. La machine engagée la plus étonnante était la fameuse BMW 500 à compresseur “récupérée” en Allemagne par Jacques Charrier seule dans sa catégorie des motos à compresseur qui seront interdites à partir de 1947 sauf en Allemagne. La type 255 supportait mal l’absence de son équipe de mécanos d’usine et on la revit en 1947 aux mains de Charrier se faire battre au circuit des remparts à Angoulême par la Velocette de Loyer. Elle fut ensuite cédée à Jean Murit, revendue à un Anglais, puis à un Américain puis à John Surtees et finit par retourner au musée de BMW à Munich.
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