Une Brough Superior, oui, mais une quatre cylindres !… La colossale réputation et les maints records des Brough Superior à moteur JAP bicylindre en V font oublier que George Brough fit même des automobiles et, qu’en moto, il essaya à plusieurs reprises de remplacer ses classiques V twin JAP à soupapes latérales ou culbutées.
En bicylindre, la première infidélité à JAP arrive dès 1921. George vient à peine de se créer un prénom (il ne fait que suivre la voie montrée par son père, constructeur des motos Brough non Superior) avec la Mark 1 dont les premiers exemplaires sont assemblés en décembre 1920 avec un moteur JAP 980 cm3 à soupapes culbutées. Un an après sortent à la fois un modèle à moteur JAP à soupapes latérales et un autre animé par un moteur suisse MAG à soupapes opposées. George Brough tente de quitter Jap une nouvelle fois en 1923 avec cette fois un V twin Barr & Stroud de 980 cm3 où les soupapes sont remplacées par des chemises louvoyantes. L’expérience reste sans suite, mais l’ingénieur-pilote-constructeur continue à rêver de la super-moto idéale. Faute de trouver le moteur de ses rêves sur le marché, il crée dans ses ateliers (menés par papa Brough) en 1926-27 une extraordinaire quatre-cylindres en V à 60 ° face à la route dont le moteur entièrement fait maison avec deux V l’un derrière l’autre qui conservent leurs cylindres et culasses séparées, est un 994 cm3 (58 x 91 mm) à soupapes latérales accouplé à une boîte à quatre rapports avec un renvoi d’angle et une transmission par chaîne. Cette V4 fait sensation au salon Olympia de Londres en octobre 1927 et, bien que son bloc moteur paraisse monumental, elle annonce pourtant à peine un kilo et demi de plus que la V twin à boîte trois rapports et un empattement de 1422 mm plus long de seulement 50 mm. Le projet n’est malheureusement qu’un prototype de salon, mais Albert Wallis, célèbre collectionneur, a la bonne idée d’en récupérer les pièces éparses et de reconstruire cette Brough V4 qui est depuis exposée au Wollaton Park Museum à Nottingham.
V4 ou double V2 ? cet Brough Superior inattendue ne vivra que le temps d’un salon
Massive, mais pourtant à peine plus longue et à peine plus lourde de la V Twin à moteur Jap.
Deux extraits du MotorCycle spécial salon suivant le salon d’Earls Court à Londres en 1927: la Brough Superior V4 présentée dans une cage en verre et le dessin du moteur réalisé dans les ateliers Brough Superior .
Un an plus tard, George Brough présente au salon de Londres de 1928 une nouvelle quatre-cylindres toute différente dont le moteur en ligne est conçu spécialement pour Brough Superior sous l’égide du pilote et multiple recordman Bert Le Vack alors ingénieur en chef du bureau d’études de MAG à Genève. Le bloc moteur à soupapes latérales est aussi joli que compact avec ses collecteurs d’admission et d’échappement intégrés à la fonderie des cylindres qui forme elle-même le haut du carter moteur. Il intègre un embrayage monodisque, une boîte à trois rapports et comme sur la V4, un couple conique et une transmission finale par chaîne. Le cadre avec à l’avant sa traditionnelle fourche Castle à roue poussée, adopte aussi la suspension arrière cantilever Bentley & Draper adoptée cette apparue en janvier de la même année. Cette superbe réalisation qui est annoncée à 200 £, à peine 20 £ plus cher que la SS 100 AGS, est aussi équipée d’un double phare, de sacoches latérales d’un compteur de vitesse, de pare-jambes et marche pieds. Au contraire de la V4 de 1927 dont il semble que l’industrialisation n’ait jamais été sérieusement envisagée, cette quattre pattes en ligne de 1928 est longuement testée par George Brough himself qui se rend en Suisse chez MAG-Motosacoche à son guidon. Il collectionne malheureusement les serrages du cylindre arrière et d’autres problèmes. La mort tragique de Bert Le Vack en 1931 en essayant une Motosacoche, met un terme définitif au projet. définitivement enterré.
Impossible malheureusement de retrouver ces exemplaires uniques, mais, si vous êtes bricoleur, Bonhams nous promet pour avril une vente aux enchères à des prix évidement astronomiques de l’invraisemblable collection récemment exhumée d’un paquet de « Rouilles » Superior que leur propriétaire regardait retourner à la terre. Il semble qu’il y soit allé avant elles, et sans espoir de restauration, alors que je que suis prêt à vous parier que ces épaves de Brough, dont l’une des huit quatre cylindres à moteur Austin produites, seront sans tarder plus belles que neuves. On vous reparle de cette Brough Superior Auto-Moto à trois roues dans le prochain épisode.
Photo piquée sur le blog du Vintagent ici
Les Brough pourries à souhait vont être sûrement être présentées comme » bonnes bases » par des experts de la maison de vente n’ayant probablement jamais rien rénové eux mêmes. Pas question de restauration, ni
de rénovation, mais de de la reconstruction! (il faut dire qu’après avoir eu plus de 300 motos détruites au musée de Solihull nos amis Anglais sont fortiches pour ce sport délicat).
Qu’ est-ce qui est le moins coûteux , les quatre pattes de Georges Brough , ou les quatre poux de Georges Braque ????