Chapitre 3: les années 40
Départ Bol d’Or 1949 : De droite à gauche pour ce qui est lisible #7 : Delaherche, #5 : 500 cm3 non classé, #26 : Daoust, #2 : Lauer (Norton) 2e au général, #1 : Lefevre (Norton) 1er au général, #45 : Meyer, 250 cm3, #8 : Robbes (Norton n.c.), #40 : Juignes 2e en 250, 22 : Godard, 7e en 350, #28 : Fradin 1er en 350, #3 : Massiot (BMW), 3e en 500 cm3, les deux pilotes qui semblent voler le départ sont les Monneret sur Sertum. Georges #35 en tête, et son fils Pierre #36 à sa suite. A l’extrême droite, on entrevoit la Matchless #15 de Faene et, derrière, l’Automoto à moteur AMC 150 cm3 de Marcel Pahin #50.
Dès 1947, et toujours organisé par L’AMCF avec le soutien financier de Moto Revue, le Bol d’Or à une date qui nous paraît aujourd’hui bien normale, les 13 et 14 septembre. Initialement prévu au Bois de Boulogne, il a finalement lieu sur le circuit des Loges de 5,8 km à Saint-Germain qu’il n’avait pas utilisé depuis 1926. Plus de side-car en tête comme sur les derniers Bols de l’avant-guerre. On y voit la première des sept victoires au général de Gustave Lefevre sur sa 500 Norton Manx « Garden gate » de la célèbre écurie de l’importateur Clément Garreau, après une lutte épique avec l’autre Norton 500 de Lhéritier. On sent que les motocyclistes français attendaient cette réouverture avec impatience et il n’y a pas moins d’une centaine d’engagés dont 56 sont à l’arrivée sur les machines les plus diverses, d’avant-guerre évidemment, avec leurs fourches à parallélogramme, et souvent de simples machines d’usage au quotidien à peine coursifiées. On est dans l’ère de la débrouillardise et du bricolage. Cocorico ! Des motos 100 % françaises, sont sur les podiums : la Maucourant de René Maucourant 1er en 125 devant Mathieu sur Gima à moteur AMC, La Magnat-Debon de Chancel 2e en 175, La Motobécane de Dalmas 1er en side 600 cm3 alors que la Terrot de Massiot est 3e.
En 1948, le 20e Bol d’or retrouve le week-end de la Pentecôte, les 15 et 18 mai et reste à Saint-Germain, mais en revenant sur les 4,18 km du circuit de la Ville utilisé de 1928 à 1936 où ne courront que 56 concurrents dont 28 seront classés. Ce déclin de la participation est du bien sur à la difficulté de trouver des pièces, mais surtout à l’opposition à la course de la plupart des grandes marques ce qui fait que les vedettes comme Gustave Lefèvre ne sont pas là et que la grande majorité des participants sont des amateurs… avec des motos standard plus ou moins bien préparées. Les grands vainqueurs sont les 500 BMW 500 R51 des frères Lenglet, Jacques, en tête avec 6 tours d’avance sur son frère Robert.
Il faut attendre 1949 pour que le Bol retrouve Montlhéry, les 4 et 5 juin, sur le 3e circuit routier de 6,3 km et ce n’est, encore une fois, qu’une étape de passage. La course est menée de bout en bout par Gustave Lefevre et sa Norton 500 ACT et, dans les petites cylindrées on note avec intérêt l’apparition des premières réalisations françaises de l’après-guerre comme l’Automoto à moteur AMC 150 cm3 de Marcel Pahin, 1er en catégorie 175 et la Gima à moteur AMC de Mathieu 1er en 125 alors que la Maucourant-Ydral est 3e.
1947
1 & 2 – Gustave Lefèvre, 500 Norton Manx, grand vainqueur au général devant l’attelage de Roger Sceaux 1er en side-car 1000 cm3. 3 – Jean Behra 6e au général et en 500 cm3 contrôle la bougie de sa Guzzi Dondolino sous l’oeil attentif de Georges Monneret cravaté, au fond à droite. 4 – C’est René Maucourant himself, encore casqué et qui a fini 1er en 125 sur une Maucourant à moteur Ydral presque de série, qui pose la main sur la Maucourant de Lorin, son mécano, 1er en 175 sur la 125 « Maucourant » n° 70 sur base Ardie légèrement réalésée ! Toute l’équipe Lardy (Ydral) est à ses côtés : Jean Bouillard (le père de Catherine-Sophie Bouillard auteure de l’indispensable livre sur Ydral) à côté de André Louveau (en blouse blanche) et de madame Bouillard. 5 – René Maucourant vainqueur en catégorie 125 avec un moteur Ydral de série. 6 – Lorin 1er en 175 sur une Maucourant sur base Ardie. 7 – Exceptionnel, Eugène Mauve est cette fois sur la moto, en passager derrière le vainqueur Gustave Lefevre. André Lhéritier, 2e en 500 est sur la gauche. 8 & 9 – Roger Sceaux BMW 750 R75 remporte la catégorie side-cars 1000 cm3 en couvrant 1858 km à 77,4 km/h de moyenne. 10 – Le vainqueur pose à l’arrivée en 1947 avec les rois de l’incrust’ sur les photos, Eugène Mauve à gauche près de Gustave Lefèvre et Clément Garreau juste derrière, lunettes de moto sur le front..
1948
11a et b – Jacques Lenglet vainqueur général du Bol 1948 (#19) suivi par son frère Roger du Moto Club de Paris 2e sur la même machine, une BMW 500 R51. 12 – Les deux frères Lenglet se congratulent, Jacques sur la moto et Roger à côté. 13 – Le Moto Club Châtillonnais est venu en force supporter ses pilotes qui remportent une belle moisson. De G à D : Marcel Beras, 7e en 500, Léon Betbèze, 1er en 125 sur Ardie, Guy Boiché, 6e en 125 sur New Map à moteur AMC et Claude Robbes, qui tourne le dos, 3e en 500 sur Norton. 14 – Marcel Beras, 7e en 500. 15 – Toujours le Moto Club Châtillonnais avec la 125 Ardie de Betbèze, 1er en 125, préparée par Kiéné à qui on doit le carénage sommaire de l’avant. 16 – La 125 Ardie victorieuse à l’arrivée. 17 – Le moteur AMC 125 cm3 fait ses preuves avec Guy Boiché 6e dans sa catégorie. 18 – Jalicot, 1er en 175 sur une réalisation personnelle mue par un moteur Villiers. 19 – Le champion grenoblois Georges Burgraff, 4e en 125 sur la nouvelle Monet Goyon 125 S6V dotée d’un réservoir de 350, a chuté durant la nuit et s’est cassé le nez. 21 – Faene vainqueur en 350 avec une Matchless. 22 – Belle attaque de Robbes, 3e en 500 sur Norton. 23 – Motobécane reste aux premières lignes avec sa 600 Superculasse d’avant-guerre attelée d’un Bernardet sans passager qui prend la première place en side-car 600 pilotée par Bovière. 24 – En dépit de ce calage impromptu en virage sous l’Oeil attentif de deux gendarmes en train d’inspecter (ou d’arroser ?) un arbre, René Bétemps, finira 1er en catégorie side-car 1000 cm3 devant Jean Murit, tous deux futurs concessionnaires célèbres.
1949
26 – Le 20 mars 1949 avait lieu à Montlhéry les éliminatoires du Bol d’Or auxquelles participait en force le Moto Club Châtillonnais qui pose ici. 27 – Prête à prendre le départ, l’armée française qui a engagé deux machines à fait confiance aux 350 cm3 britanniques, mais équipées de fourches Grazzini et de freins Rossignols. Les pilotes sont Ponssen #17 sur AJS, 2e dans sa classe, et Ouvrardot sur Matchless #16, n.c. 28 – Balade dans les stands. Le side # 85 vu de l’arrière est l’attelage FN de Guignabodet, on voit d’ailleurs sur le stand le panonceau Moto-Sport, Chelles où se trouvait le magasin du père de Gilbert Guignabodet. La # 39, juste après, est la 250 de Piel et, tout au bout, la 250 de Meyer 3e de la catégorie. 29 – Avant de passer aux grands vainqueurs, un hommage appuyé est dû à Lauer sur sa Norton qui termine 2e mais relégué à 70 tours de Lefevre par une crevaison, une chaîne cassée et un réservoir d’huile percé (déjà que les Anglaises ont une tendance à l’incontinence, ça n’arrange pas !). 30 – Sur sa 175 Monet Goyon, Jalicot qui termine 2e de sa catégorie, a parcouru 1460 km et 232 tours, 157 de moins que la Norton de Lefevre. Un tel mélange de performances sur la piste ne devait pas être facile à gérer, et je ne parle pas de la nuit, avec leurs lumignons. 31 – Insolent, Gustave Lefevre sur sa Norton Manx « Garden Gate » à suspension avant à parallélogramme et arrière coulissante, signe la deuxième de ses sept victoires avec, tenez-vous bien, 70 tours d’avance sur le second et 2384 km à près de 99 km/h de moyenne. 32 – En se dépêchant, le photographe a réussi à prendre une photo des deux Norton gagnantes avant qu’Eugène Mauve n’arrive, il fallait être rapide, car j’aurais pu vous montrer la série suivante où il est en vedette. 33 – La victoire qui marquera le plus les esprits n’est pourtant pas celle de Lefèvre, mais celle de Marcel Pahin qui pulvérise le record, en dépit d’une crevaison et d’une panne d’essence, avec 250 tours (1571 km à 65,5 km/h de moyenne) et finit en tête des 175 au guidon de son Automoto à moteur AMC 4 temps (Peugeot qui a absorbé AMC, pense en effet à se doter de ce moteur ce qu’il ne fera finalement pas). C’est en tout cas une énorme publicité par les moteurs AMC qui remportent aussi la catégorie 125 avec la Gima de Mathieu encore plus rapide avec 1733 km à 72,2 km/h de moyenne. 34 – Moto-Revue a bien compris l’importance aux yeux de son public de la victoire d’une machine 100% française qui marque la vraie reprise de la production.