Le Top Mountain Museum a réouvert

Quelle meilleure image pouvais-je trouver pour vous présenter mes meilleurs voeux pour cette nouvelle année que celle du nouveau Top Mountain Museum, le plus haut musée du monde à Hochgurgl en Autriche à 2000 m et à la frontière avec l’Italie au col du Rombo. Totalement détruit l’an passé par un incendie où plus de 350 motos exceptionnelles ont brûlé, le musée a été entièrement reconstruit en moins d’un an, une vraie performance alors que les travaux ne peuvent se dérouler que pendant une courte saison.

Véritable miracle de Noël, le musée a aujourd’hui réouvert sur 4500 m2 avec près de 450 motos dans un cadre féérique. Je vous laisse admirer en attendant une visite détaillée que j’attends impatiemment.

En vous souhaitant une excellente année hors Covid et de belles balades en moto ancienne ou moderne.

Quelle meilleure image pouvais-je trouver pour vous présenter mes meilleurs voeux pour cette nouvelle année que celle du nouveau Top Mountain Museum, le plus haut musée du monde à Hochgurgl en Autriche à 2000 m et à la frontière avec l'Italie au col du Rombo. Totalement détruit l'an passé par un incendie où plus de [...]

FB Mondial #2 – Les routières : du meilleur au pire

Dès ses premiers succès Giuseppe Boselli pense à commercialiser des machines nobles et coûteuses en petite série, sous la marque FB Mondial, avec toutefois une distribution simplifiée, culbutée ou à simple arbre. On viendra même au deux-temps en 1952, à la moto-scooter en 1954 (la 160 Sogno) et au cyclomoteur en 1955 (le Mondialino). On trouvera aussi une production catalane sous licence à partir de 1957, sous le label Comesa.

Superbissime restauration pour cette 125 Turismo de 1951 au musée de l'aéroport de San Francisco. Elle n'a pas changé depuis la première version de 1949.
125 Gran Sport 1952, notez lz kick qui s'actionne encore vers l'avant.

Il faut dire que Mondial réalise d’honnêtes scores commerciaux en 1955-1956, avec environ 5 000 unités vendues, après être enfin parvenu à plus ou moins organiser son outil industriel et son réseau de diffusion. L’essentiel de la production reste cependant sous-traitée à Bologne ou Milan, chez Michelini ou chez Rocca, un terme ayant été mis à l’activité « motocarri » chez Drusiani.

Quelques marques italiennes tenteront l'hybride, mi-moto, mi-scooter, comme ce 160 Mondial Sogno de 1954.
De fin 1953 à 1958 Mondial commercialise une 175 à moteur maison à simple ACT commandé par chaîne. Ici une version TV DE 1957. (photo Hugues Desceliers)
Mondial qui a déjà tenté le scooter sans succès en 1952 avec un 160 cm3 deux temps dont la seule originalité était son démarreur électrique, revient aux petites roues au même salon en 1959 avec le 75 cm3 Lady qui reprend la mécanique deux temps de la moto légère Scugnizzo. (archives moto-collection.org)

L’arrivée d’un nouveau permis en 1960 puis le décès de Michelini en 1961 et la faillite de Rocca vont précipiter le déclin. On trouve même au catalogue 1960 un pur scooter, le 75 Lady qui ne connaîtra guère plus de succès qu’une première tentative de la marque dans le scooter en 1952..

Côté production, on tente de rester « noble ». Le cyclo-sport Record du milieu des années 60 va relancer la marque et inaugurera le frein avant à disque (mécanique). Mais il faut se rendre à l’évidence : plus encore que les MV Agusta, les Mondial de série n’auront jamais été des machines exceptionnelles, et se seront de surcroît toujours limitées à un cylindre et 250 cm3. La production finit par s’arrêter en 1974, et la liquidation définitive intervient en 1979.

La 125 Nova à soupapes culbutées, au même salon de Paris en 1964, sera la dernière Mondial à moteur maison. (archives moto-collection.org)
FB Mondial au salon de Paris en 1964 : la spécialisation dans le 50 cm3 est un fait acquis. (archives moto-collection.org)
Le 50 SS¬—Super Sportiva — présenté en juin 1963 et ici en version 1964, relance la marque avec sa boite 4 vitesses, son réservoir allongé et 4 vrais chevaux.
Un beau trio en 1966 avec Jean-Pierre Beltoise au guidon, Benjamin Savoye l'importateur de la marque dont il défendit brillamment les couleurs en compétition et Georges Monneret à droite. (archives moto-collection.org)
Georges Monneret a de suite compris et rajouté sa griffe dès la présentation du SS à frein à disque au salon de Paris 1964. (archives moto-collection.org)
Carton plein : En 1966 le Mondial affiche toujours qu'il est le seul à frein à disque… et le jeunes en rêvent ! (archives moto-collection.org)
Il ne manquait plus pour soigner la publicité qu'une formule de promotion. C'est fait avec "les jeunes tigres" lancés par Georges Monneret en 1966. (archives moto-collection.org)
Le Mini-mondial de 1967 était-il bien digne du palmarès de la marque ? (archives moto-collection.org)
Inoubliable : le 50 Record de 1970.(photo François-Marie Dumas)

Les superbes prototypes 50 cm3 du salon 1971 arrivent trop tard !

En 1971, au salon de Milan apparaît une version à refroidissement liquide de la culasse, mais, hélas, les beaux jours du cyclo sport sont comptés.
Frein à disque mécanique à l'avant comme à l'arrière, ce bien joli prototype du 50 GB 104 à deux échappements et moteur suspendu dans un tout nouveau cadre ne vivra que le temps du salon à Milan en 1969. (archives moto-collection.org)
Pour rester sur une bonne impression, il faudrait arrêter ici l'histoire… (archives moto-collection.org)
Après des moteurs maison, puis des Sachs pour le tout terrain, Mondial se tourne vers Minarelli en 1973 pour cette 125 Touring de 1973 dont la carrière sera très discrète. (Photo Carlo Perelli)

Incorrigibles, les Italiens ne laisseront pas mourir une marque au si joli palmarès même si sa gloire n’aura duré que huit ans. C’est ainsi qu’on voit revenir dans les salons de 1987 une 125 sportive et une 250 d’enduro qui ne sont que des Villa, puis on trouve en 1992-1993 en Championnat Supermono une moto portant le célèbre logo mais dotée d’un moteur KTM de 512 cm3. Une 125 de Grands Prix était également prévue, mais n’aura guère de suite.

Salon de Milan 1987 : cette jolie 125 sportive n’est en fait d’une Villa, à moteur Villa, et n’aura guère de suite commerciale. (photo Didier Ganneau)

Une tentative de relance un peu plus sérieuse a lieu en 1999, sous l’égide de Roberto Ziletti, un jeune entrepreneur lombard de 38 ans qui accepte alors de miser 9 millions d’euros après avoir récupéré les droits auprès de Pierluigi Boselli, le fils de Giuseppe. Ziletti est le patron de la société Lastra, fondée en 1969 par son père, qui fabrique des machines à imprimer. Initialement prévue avec un moteur Suzuki TL 1000, la machine fait finalement son apparition au Salon de Munich en septembre 2000 avec un Honda VTR 1000-SP1. C’est Oscar Rumi (qui gère alors une écurie de Superbike) qui a servi d’intermédiaire, et Honda s’est fait un plaisir de renvoyer l’ascenseur avec un peu plus de quarante ans de retard en fournissant ce moteur.

La machine s’appelle Piega (« pli », mais surtout « angle », en italien), elle est due à un ancien d’Aprilia, Nicola Bragagnolo, mais elle déçoit un peu les observateurs : assemblée avec des composants nobles et coûteux, elle n’a ni l’élégance ni l’originalité d’une Bimota. Ses couleurs traditionnelles (argent et bleu) sont un peu ternes, sa ligne banale, et hormis son bras oscillant en carbone, elle n’innove guère que sur un point : faute de réseau de distribution, elle est commercialisée sur internet. On parle également en 2001 d’un engagement en Superbike, qui n’aura jamais lieu. Bien que Ziletti ait trouvé un co-investisseur en 2001, 2003 est l’année de la restructuration, sous la nouvelle direction de Daniel Alismeno et Rafael Alfonso, et du déménagement de Manerbio (près de Brescia) à Arcore (près de Milan). On retrouvera Ziletti dans l’aventure Vor des frères Vertemati. Les nouveaux patrons engagent sporadiquement la machine en Endurance en 2003, ils tentent aussi un semblant de diversification, en confiant au Français Thierry Henriette (Boxer Design – Brough Superior) le dessin d’un roadster RZ Nuda et à l’Italien Massimo Zaniboni (Arkema Studio) celui d’un café-racer Starfighter. La Piega elle-même devient Evo avec quelques chevaux supplémentaires, une fourche Öhlins à la place de la Paioli et des étriers avant radiaux.

La moto est importée en France par Xavier Maugendre en novembre 2003, à un tarif variant de 21 900 € (Nuda) à 29 800 € (Piega Evo). Ce n’est pas donné quand on sait qu’une Ducati 999 R coûte alors 27 000 € et une MV Agusta Senna 25 900 €. L’aventure va pourtant prendre fin en 2004, avec encore 35 motos en stock, et le dépeçage a lieu l’année suivante quand ce qui reste de l’affaire est cédé à Piero Caronni, déjà détenteur des droits sur la Bimota 500 V-due. Apparemment, 122 machines auront été produites, et on connaît au moins deux Piega en France, mais aucune relance ne semble actuellement en cours.

Il s’est vendu en Argentine des motos Mondial qui n’étaient que de bêtes productions chinoises de bas de gamme, dans une zone géographique sans doute pas couverte par la protection du nom. On a vu depuis faillite frauduleuse, bisbille entre Mondial Moto spa et Mondial Moto srl, relancé sans l’accord de la famille, etc. Triste fin pour une marque aussi glorieuse.

 

Premier salon pour la 1000 Piega, à l’automne 2000 à Münich. La ligne va encore évoluer, les freins radiaux ne seront pas retenus en série, le tableau de bord est encore analogique. (photo Didier Ganneau)
Et pour mal finir, les versions RZ Nuda dénudées de 2003. Beuh !!
Dès ses premiers succès Giuseppe Boselli pense à commercialiser des machines nobles et coûteuses en petite série, sous la marque FB Mondial, avec toutefois une distribution simplifiée, culbutée ou à simple arbre. On viendra même au deux-temps en 1952, à la moto-scooter en 1954 (la 160 Sogno) et au cyclomoteur en 1955 (le Mondialino). On [...]

Exposition Vitesse à Compiègne : admiration et frustration

Quel beau projet que cette exposition « Vitesse » qui se tient du 21 décembre 2021 au 28 mars 2022 dans le magnifique cadre du Château de Compiègne qui abrite le musée national de la voiture en pleine rénovation.

Chargé de proposer un choix de motos et de contacter leurs propriétaires, je me rapapinais de voir les dix motocyclettes que j’avais sélectionnées sur leurs podiums aux côtés d’automobiles tout aussi rarissimes, de calèches, de traîneaux et de tous les objets d’arts répartis dans le musée. Bon, personnellement je ne suis pas trop partisan de ce grand mélange des genres, mais cela n’engage que moi et puis cet assemblage parfois surprenant constitue quand même l’ADN du musée de Compiègne.

Louis-Guillaume Perreaux de 1871 : La première moto au monde est française.
La Félix Millet de 1897 à moteur rotatif à cinq cylindres invente la moto moderne.

Cliquez sur les liens en bleu pour ouvrir les fiches correspondantes avec une description détaillée des motos concernées.

Texte et photos © François-Marie Dumas

Quel plaisir surtout d’avoir pu réunir pour la toute première fois les deux premières motos de notre histoire de France qu’on avait vues ensemble pour la dernière fois au 3e salon du cycle en décembre 1895 !

La Louis Guillaume Perraux à vapeur de 1871, première moto conçue en tant que telle (la Daimler de 1885 souvent présentée à tort comme LA première, n’était en fait qu’un gros châssis en bois avec des roues avant et arrière de charrette et deux grosses roulettes latérales, le tout n’étant destiné qu’à tester le fameux moteur 4 temps conçu suivant le principe défini par Beau de Rochas en 1864).

Comme il n'était pas possible d'aller derrière la Perreaux à Compiègne, j'utilise cette photo prise au musée de Sceaux.

Cette étonnante Félix Millet à moteur rotatif à 5 cylindres en étoile dans la roue arrière est ici dans son ultime version de 1897. Elle n’est sortie que deux fois en 126 ans du lycée technique Hippolyte Fontaine de Dijon où elle est conservée. Ce fut de très loin la moto la plus révolutionnaire de son époque.

 

Empruntée à la revue du Motocyclettiste, ce tableau résume bien les inventions apportées par la Félix Millet.

Commençons par ce qui fâche !

Il était juste d’espérer que ces ceux monuments historiques soient réunis sur un même podium avec un minimum d’explication pour le public. Eh bien non ! Un grand plateau est consacré aux ancêtres à deux roues avec, à un bout, la Louis Guillaume Perreaux de 1871, sobrement désignée comme « moto à vapeur », et à l’autre bout, la Félix Millet de 1895 sous laquelle il est indiqué, vous l’avez deviné, « moto à essence ». Entre les deux quelques très beaux et très anciens vélos empêchent la confrontation de nos deux prestigieux ancêtres. J’entends déjà les visiteurs « Qu’est-ce que c’est que cette charrette à deux roues » ou « regarde ce drôle de moteur dans la roue arrière ! »

Non, un musée n’est pas seulement une galerie d’art, il se doit aussi et surtout d’être didactique et puis, soyons chauvains, la Perreaux construite dans l’Oise, est la première moto au monde créée en tant que telle et la parisienne Félix Millet, prévue pour être commercialisée (c’est vrai un an après l’Hildebrand & Wolfmüller allemande de 1894), apporte de multiples innovations qui ne se reverront que des années plus tard.

Le public n'apprendra certainement pas grand chose avec ces descriptions qu'on aurait aimé voir assorties de panneaux explicatifs.
Je visite et participe à des expositions depuis des dizaines d’années et je peux vous certifier que quand il y a des panneaux explicatifs, même longs, la grande majorité des visiteurs les lisent attentivement. Pour combler cette lacune, je ne saurais trop vous recommander de cliquer sur les liens en bleu qui vous ouvriront les fiches détaillées des motos citées.

Les six autres motos d’exception annoncées sont bien là et c’est une occasion unique d’aller les détailler, mais le moins qu’on puisse dire est qu’elles n’ont pas la vedette.

Une longue file de voitures de course prestigieuses occupe le centre du hall et, sur le côté sous les fenêtres, les six motos de course sont toutes visibles sur leur “mauvaise face”, la distribution étant du côté du mur. Vraiment dommage. « Mettre les motos dans l’autre sens », me dit Rodolphe Rapetti, directeur du musée, « aurait mis leurs échappements face au visiteur «  … c’est vrai, mais lors de la dernière expo Concept auto, beauté pure au même château de Compiègne, toutes les motos étaient, comme les voitures, sur le podium central et d’autres, éparpillées dans des grandes salles du premier étage. Bref, il y aurait pu avoir d’autres solutions. Le château est grand.

Je peux en tous cas vous promettre que jamais plus je ne m’occuperai de choisir des motos pour une exposition sans être sûr d’être partie prenante dans la scénographie.

En tête de gondole, la réplique remarquablement réalisée par les amis du musée Safran de la Gnome & Rhône 175 cm3 vainqueur du Bol d’Or 1956, est de loin la mieux mise en valeur pour la bonne raison qu’elle est entièrement carénée d’aluminium.

En s'agenouillant derrière les motos, on peut découvrir leur face cachée… et une superbe Lotus en fond.

Sous la fenêtre suivante, trône le DS Malterre de 1953 animée par le 175 cm3 AMC transformé en double ACT par son pilote Jean Mathieu. Il n’y eut que quinze 175 AMC double arbre construites par Jean Mathieu et Marcel Camus et cette sublime transformation tourne au régime fort imposant à l’époque de 9000 tr/min.

Deux colonnes plus loin, la 1000 Koehler-Escoffier de Georges Monneret profite de son exposition côté gauche pour nous montrer son carter éclaté (tiens, pourquoi le musée Malartre ne le change-t-il pas, la pièce existe en refabrication et cela nous permettrait de voir à nouveau rouler cette merveille). Notons au passage que cette 1000 est ici dans sa version 1952 avec le gros réservoir Mottaz et non dans sa robe de 1935, comme annoncé.

Résultat d'une mauvaise expérience au Montlhéry Vintage Revival ! (clic pour agrandir)

On découvre ensuite la remarquable Alcyon 350 ACT de Grand Prix championne de France (pilote et constructeur) dans sa catégorie en 1935 aux mains de Louis Jeannin. Quand Jean-Marc Brionnet, l’heureux propriétaire, remplacera-t-il sa belle et trop moderne béquille arrière rouge par un support plus discret ?

Prochaine étape, la Jonghi 350 des records de 1934 à 1938 et championne de France en 250 cm3 en 1935 aux mains de Georges Monneret. C’est encore ici une restauration de Jean Nougier sur la base d’un moteur et de pièces éparses, tout ce qui restait de cette moto unique.

Sixième et dernière des motos de vitesse, la Peugeot 500 M2 de 1926. Cette 500 M2 bicylindre à simple ACT est la moto française qui a remporté le plus de victoires en France comme à l’international de 1923 à 1926. Celle-ci, reconstruite par Jean Nougier, est basée sur le dernier modèle de 1926. En dépit de son potentiel, Peugeot se retira de la compétition en 1927.

En poursuivant la visite dans le grand hall du premier étage un plateau réservé aux vélos de record accueille aussi un Derny 100 cm3, la machine la plus couramment utilisée comme stayer pour entraîner les cyclistes.

 

Un peu plus loin et magnifiquement exposé sans se mélanger à des vélos une Peugeot 350 Paris-Nice 1914 a été prêtée par le musée de Sochaux. Bon, d’accord ce n’est pas la version course qui remporta la célèbre épreuve d’endurance… mais les 6 chevaux de son bicylindre lui permettent quand même un bon 70 km/h. Il est vrai qu’elle ne pèse que 60 kilos.

Ce tour de l’expo ne serait pas complet sans citer les gravures, tableaux et dessins exposés dont une large collection des oeuvres de Rob Roy.

 

Perrin sur Velocette au GP de Grenoble en 1945.

A gauche une huile sur bois de René Hausson en 1956 : « Rendez-vous avec la mort »… guère engageant !

Georges Monneret sur la 500 AJS (A3S dit l'étiquette !!) Porcupine en 1948.
Bon, il n'y a pas de moto, mais un Géo Ham, je ne peux pas résister !
Quel beau projet que cette exposition « Vitesse » qui se tient du 21 décembre 2021 au 28 mars 2022 dans le magnifique cadre du Château de Compiègne qui abrite le musée national de la voiture en pleine rénovation. Chargé de proposer un choix de motos et de contacter leurs propriétaires, je me rapapinais de voir les [...]

FB Mondial : La période glorieuse de 1949 à 1957

Les anciens se souviennent peut-être, qu’il y a « quelques dizaines d’années », Didier Ganneau et moi-même co-signèrent nombre d’articles et deux grands livres sous la signature FMDG. Elle revient aujourd’hui avec une reprise revue et complétée, surtout en images, de cette histoire de FB Mondial publiée en 2012.

Ah si la France n’avait pas fait sa révolution ! Non seulement les aristos n’auraient pas été raccourcis, mais certains ne se seraient ruinés qu’en… se passionnant pour la moto !

Et si le destin de la moto passait par le mécénat des nobles ? Au même titre que lord Hesketh ou le comte Agusta, le comte Boselli aurait pu vous en parler. Il existe un palais Boselli à Parme, on trouve trace d’un Giovanni Boselli dès 1305 à Piacenza (Plaisance, en français, à 50 km au sud-est de Milan), une branche de la famille est impliquée dans l’industrie textile milanaise depuis le XVIème siècle… et dans les années 1920, les Boselli sont toujours de gros propriétaires terriens dans la région.

Cette 125 Mondial usine a remporté 4 victoires sur quatre courses aux GP de 1951 (archives Didier Ganneau)

Massimo est alors avocat, et son fils Giuseppe mène une honnête carrière de pilote (il décrochera encore une médaille d’or aux Six Jours d’enduro 1935), durant laquelle il affronte régulièrement un dénommé Alfonso Morini : l’émulation entre les deux personnages sera durable. Giuseppe s’implique aussi dans la marque bolognaise GD pour laquelle il pilote, puis dans sa voisine CM, et c’est là qu’il tisse des liens indéfectibles avec le technicien Oreste Drusiani, motoriste pour les deux marques.

En 1929, Giuseppe parvient à convaincre ses frères ainés Carlo, Luigi et Ettore d’entamer sous le label FB (Fratelli Boselli) la production… de « motocarri », autrement dit de tricycles à usage professionnel. Humbles débuts, mais habilement ciblés dans cette Italie encore bien jeune, en manque de moyens de transport rationnels et dont l’industrie est de toute façon sous tutelle dirigiste mussolinienne. L’affaire est d’ailleurs vite couronnée de succès, les FB à soupapes latérales ou culbutées étant plutôt moins rustiques la concurrence.

Catalogue FB de 1936 (archives Cybermotorcycle.com)
FB 1937-Moto carro Titanus (archives Cybermotorcycle.com)
Alfonso Drusiani et le chef mécano Omer Melotti aux côtés de Carlo Ubbiali en 1950 (archives Motociclismo d’Epoca).

Le mono 125 double arbre que dessine en 1948 Alfonso Drusiani (le fils d’Oreste, qui a repris les activités de son père) est très en avance sur son temps. Boselli l’adopte aussitôt pour une machine qui, le 14 octobre, s’octroie plusieurs records du monde dont le kilomètre lancé à 130 km/h aux mains de Luigi Cavanna, en dépit du brouillard et d’une forte pluie, sur une simple route près de Crémone. Avec un carénage complet et sur une autoroute belge, le record sera facilement porté à plus de 160 km/h l’année suivante, et ce premier exploit lui vaudra son nom : FB Mondial.

Dès 1949, Mondial écrase le Championnat du Monde qui vient juste d’être créé : trois victoires en trois courses (deux pour Nello Pagani, une pour Gianni Leoni), idem en 1950 (Ruffo, Ubbiali et Gianni Leoni), et quatre victoires sur quatre courses en 1951 pour Ubbiali, Gianni Leoni, Guido Leoni et Cromie McCandless. Il faut dire que la concurrence est pour le moins clairsemée, dans ce championnat balbutiant : en 1949, Nello Pagani a déjà 38 ans, il a derrière lui une belle carrière en automobile, et c’est un grand gabarit peu adapté à la 125 ; quant au GP de l’Ulster 1950, il ne compte à l’arrivée que… deux pilotes sur trois partants, tous sur Mondial !

Ici c'est Gianni Leoni volant vers la victoire à Monza le 12 septembre 1950. Sa Mondial est entièrement carénée avec une longue queue qui englobe totalement ma roue arrière et se prolonge largement derrière ! (archives F-M Dumas)

Dans cette 125 cm3 cylindrée considérée jusqu’alors comme purement économique et utilitaire, on peut aussi relativiser en rappelant que, de MV Agusta à Morini, la concurrence était jusqu’alors concentrée sur le deux-temps tout simple. La mécanique conçue par Drusiani, sophistiquée, mais performante et fiable, avec son carter monobloc et son entrainement de distribution par arbre et couple conique avait tous les atouts.

C’est l’époque où les moyens et les succès du comte Boselli attirent une foule de bonnes recrues. On voit entre autres passer en 1952 Fabio Taglioni, en provenance de Ceccato. Il sera responsable du moteur baptisé Bilancerino, reconnaissable à son carter de distribution guilloché. Taglioni, après avoir proposé sa distribution desmodromique à Mondial, ira la vendre à Ducati en 1954. C’est en voyant son succès « dans la maison d’en face » et la vogue de cette technique jusque chez Mercedes que Mondial feindra d’expérimenter à son tour le desmo peu avant de se retirer des Grands Prix en 1957. Contrairement au projet MV Agusta de la même époque, jamais pourtant une Mondial 125 desmo n’aura réellement existé, en dépit des affirmations de plusieurs historiens de la moto, de Mick Walker à Roy Bacon, d’Abramo Luraschi à Massimo Clarke : c’est notre confrère Carlo Perelli qui l’établira formellement en 2002 en démontant la prétendue « quatre arbres » pour n’y trouver qu’un simple double arbre.

L’époque, en tout cas, n’est pas à l’abri des drames : Gianni Leoni, Guido Leoni et Raffaele Alberti se tuent en course avant la fin de saison 1951, et la marque n’aura le temps de dominer outrageusement que durant trois ans. Dès 1952, MV Agusta prend la main, puis NSU débarque en Championnat du Monde et va imprimer une nouvelle cadence aux Grands Prix. Surtout, Drusiani part en 1953 fonder la marque Comet, avec sous le bras le projet d’un twin à commande de distribution par chaine entre les cylindres et même une distribution sans soupapes. En Italie, non seulement le scooter commence à asphyxier la petite moto, mais à partir de 1953, l’usine — qui n’exporte pratiquement pas — préfère se consacrer aux courses nationales, sur route ou circuit, plutôt qu’aux Grand Prix.

La Mondial 125 SS simple ACT de 1952 annonçait 18 ch à 12 000 tr/min et pesait 130 kg. Cet exemplaire est exposé au musée Barber aux États-Unis (photo Hugues Desceliers)
Jacky Onda court vers la victoire aux coupes du salon à Montlhéry en 1952 au guidon de la 175 simple ACT. (archives F-M Dumas)
Jacky Onda à l’arrivée. A ses côtés, en blanc, Georges Houel. Vainqueur en 250 sur Moto-Guzzi. (archives F-M Dumas)
Jacky Onda ici en uniforme durant son service militaire et devant le magasin de la rue Trachel à Nice ou il est aujourd’hui la concessionnaire Yamaha, prend livraison de sa 125 Mondial simple ACT en 1956. (archives FM Dumas)

Dans les courses nationales, il n’est pas rare de trouver une trentaine de pilotes officiels au départ des grandes épreuves ! Ces compétitions avec leurs différentes catégories ne sont pourtant guère moins coûteuses que les Grands Prix, mais les résultats suivent, en Italie comme en France. On se souvient de la victoire au scratch de Remo Venturi dans le Milan-Tarente 1954, qui devance toutes les 250 et 500 avec sa 175, ou de celle de Provini dans le Motogiro de la même année. En France Le jeune Jacky Onda s’illustre dans plusieurs courses à partir de 1952 sur sa Mondial simple ACT et devient champion de France 1954, 55 et 56 en National puis en 1957 en Inter.

Tarquinio Provini sur la 250 monocylindre double arbre en 1955. Doutant sans doute de la fiabilité de la moto, il emporte une trousse à outils complète scotchée au tubes du cadre !(archives F-M Dumas)

La passion reprend le dessus, et le comte Boselli revient en Grands Prix 125 à partir de la fin 1954, une fois les NSU parties, avec une 125 nettement remaniée (on passe notamment du carter sec au carter humide). Il s’attaque même aux 250 courant 1955 avec une 175 monocylindre vite gonflée à 220 cm3, puis au moto-cross en 1956 (avec à la clé plusieurs titres nationaux).

MV Agusta garde pourtant le pouvoir en Championnat du Monde, et Mondial ne revient au meilleur niveau qu’en 1957, suite… au retour de Drusiani en 1956, après l’échec de son aventure Comet. Provini remporte trois GP sur six avec la 125, tandis que Sandford, Provini et Sammy Miller gagnent quatre GP sur six en 250 et finissent le championnat dans cet ordre. Le 250, toujours un mono, suit la mode du moment, avec un entraînement d’arbres à cames par cascade de pignons, même si Provini préférera toujours l’ancien modèle, moins puissant mais plus fiable.

Soichiro Honda ne s’y trompera pas : quand il voudra s’engager à son tour en Grands Prix, c’est à Giuseppe Boselli qu’il demandera en 1957 de lui céder une 125 de 1956. Il la réceptionnera en septembre 1958, et même si sa RC 141 de janvier 1959 est un twin, son moteur s’inspire clairement du mono lombard dans son architecture, notamment par sa commande de distribution par arbre ; et peu importe si lui aussi passera dès 1961 à la cascade de pignons.

Un 175 Bilancerino de 1956, avec le démarrage par kick obligatoire dans les épreuves pour motos prétendument « de série ». (archives Didier Ganneau)
Legendée précédemment départ 125 TT 1957, cette photo est en fait le départ des 250cc. Sandford va gagner ,Colombo qui est caché par Ubbiali sur le document va terminer troisieme et Miller sur la Mondial,cinquieme. Chadwick derriere 6eme.(archives Didier Ganneau)
La 250 GP habillée de son imposant carénage intégral en 1956.
Romolo Ferri sur la 125 au GP de France à Reims en 1955 où il finit 6e. (archives FM Dumas)

Mondial tenta aussi le bicylindre en 250 et il semble bien à deux reprises. Le premier prototype, concocté par Drusiani fin 1955 et constitué de deux monos 125 côte à côte se révèle trop lourd et trop encombrant car trop large avec la chaîne à l’extérieur de l’amortisseur. Mondial contacta alors Lino Tonti en 1956 pour développer un nouveau projet plus compact qui ne sera pas sans rappeler les Bianchi et Paton. Décidément, rien n’est trop beau et les bons résultats commerciaux permettent ces couteux développements.

La 250 bicylindre développée par Drusiani en 1956 était puissante mais lourde et encombrante : il fallait même faire passer la chaine secondaire à l’extérieur des amortisseurs ! (photo Didier Ganneau)

La période de splendeur de FB Mondial est bien courte : de 1949 à 1957. Dès 1958, son histoire ne sera plus qu’une lente décadence.

En 1957, les moyens financiers viennent à manquer, et les deux-temps se font de nouveau menaçants en petites cylindrées, grâce aux efforts de DKW puis aux travaux de Walter Kaaden chez MZ. Mondial quitte donc les Grands Prix en fin de saison 1957, en même temps que Gilera et Moto Guzzi, abandonnant le terrain aux seules MV du comte Agusta. Alfonso Drusiani part faire un copier-coller de sa Comet chez Berneg, Lino Tonti remballe son étude de 250 twin et la recyclera chez Bianchi, tandis que Giuseppe Pattoni (un autre ancien du service course Mondial) récupère le matériel de l’usine et continue à le développer sous la marque Paton.

L’arrivée d’un nouveau permis en 1960 puis le décès de Michelini en 1961 et la faillite de Rocca vont précipiter le déclin. On trouve même au catalogue 1960 un pur scooter, le 75 Lady. Francesco Villa arrive malgré tout à convaincre Boselli de ressortir du placard les machines de course de 1957, comme Geoff Duke parviendra à le faire avec le commendatore Gilera en 1963. La 250 est dépassée, mais la 125 permet encore à Francesco de décrocher le titre national en 1961, 1962 et 1963, et il crée même une 50/60 sur le même format (les courses de 50 cm3 sont alors, en Italie comme en France, pratiquement interdites pour ne pas nuire à l’image raisonnable et aux privilèges administratifs du cyclomoteur). Jacky Onda, en France, décroche encore le titre national 125 en 1965, faisant suite à celui de Benjamin Savoye en 1961.

Benjamin Savoye fait l’intérieur à une Bultaco aux coupes de Paris à Montlhéry en 1961. (archives FM Dumas)
Benjamin Savoye, ici sur la 250 aux côtés de Jacquier Bret aux coupes du salon à Montlhéry en 1960 sera cette année là double champion de France en 250 et en 125. (archives FM Dumas)
Le 250 « usine » de 1957 avait abandonné l’entraînement de distribution par arbre au profit d’une cascade de pignons. (archives Didier Ganneau)
Benjamin Savoye au guidon de la 250 usine en 1958 au GP d’Avignon. Il sera champion de France en 250 National en 1958 et en Inter en 1960. (archives FM Dumas)
La 125 double ACT (commande par arbre et couples coniques) de 1957 ici photographiée au musée Barber aux États-Unis avec un double disque avant et des étriers mécaniques Campagnolo.(photo Hugues Desceliers)
L’autre face de la 125 double ACT de 1957, cette fois avec la moto des championnats de France 58 et 60 de Benjamin Savoye.

Le quatre-temps est maintenant à bout de souffle et les résultats honnêtes de Mondial encouragent le comte Boselli à débloquer de nouveaux fonds pour le développement de moteurs deux-temps pour faire face à la pression de Suzuki et Yamaha. Francesco Villa s’associe donc à Peter Dürr, un technicien allemand spécialiste du cylindre à trous, et développe une 50/60, une 125 et une 250 mono à cylindre horizontal et distributeur rotatif qui sont prêtes pour 1964. La 125 va rencontrer un certain succès en course, mais l’on ne peut s’empêcher de trouver à cet engin plus qu’un air de famille avec celui développé la même année par MV Agusta : Villa serait-il tombé sur une pile de papier carbone ? Toujours est-il qu’en 1966, Daniel Lhéraud deviendra Champion de France 125 avec une telle machine récupérée à l’usine.

De son côté, Francesco Villa devient Champion d’Italie 125 en 1965, tandis que son frère Walter (de 10 ans son cadet) décroche à son tour le titre en 66 et 67. Villa se lance bientôt dans une deuxième génération de deux-temps, avec une 125 mono à cylindre vertical baptisée Beccaccino. Mondial n’ayant plus vraiment les moyens de poursuivre, les motos sont rebaptisées Montesa à partir de 1967, et c’est sous ce label que Walter Villa s’offre à nouveau le titre 125 en 1968 avant que les motos ne deviennent de pures Villa. A partir de la fin 1965, Francesco aura également développé des bicylindres de 250 puis 125, qui n’obtiendront en revanche aucun résultat probant.

Daniel Lhéraud sera champion de France 125 en 1966 avec le deux-temps à cylindre horizontal aux côtés de Francesco Villa, concepteur de cette machine, et Benjamin Savoye qui deviendra importateur de Mondial en France. (archives FM Dumas)
Ce 125 mono deux-temps horizontal de 1963 ressemblait étrangement à un 125 MV contemporain. Francesco Villa a sans doute vendu le même projet aux deux marques. (photo Didier Ganneau)

Il est aujourd’hui difficile de s’y retrouver parmi les Mondial de course survivantes, et cela vaut aussi pour bien d’autres marques. Comme de coutume à l’époque, les machines officielles finissaient souvent entre les mains de pilotes privés, qui les bricolaient. Par ailleurs, nombre de machines « client » ont été transformées au fil des ans pour ressembler à de vraies « usine », et il est donc délicat de retrouver des machines en état conforme à leur définition d’époque. La confusion est également facile entre les innombrables évolutions et versions, sans oublier les refabrications modernes, mais on quitte ici le domaine de moto-collection.org. Pour des infos plus précises sur Mondial comme pour tout ce qui concerne la compétition, allez donc sur Pit-Lane, le site de référence sur le sujet.

S’y ajoute dans le cas particulier de Mondial une période de gloire très courte et désormais lointaine, tandis que sa production de série n’a jamais soulevé l’enthousiasme. On peut d’ailleurs en dire autant des MV Agusta (à l’exception des quatre-cylindres), et on ne connaît guère de club spécialisé de la marque même en Italie. Son parcours n’en méritait pas moins d’être retracé : après tout, dix titres mondiaux (5 pour les pilotes, 5 pour la marque) pour une entreprise n’ayant jamais produit en tout que quelques dizaines de milliers de machines, il n’y avait que des nobles italiens pour faire ça. À bas la révolution !

Ultime version de la 250 siglée Mondial – Paton en 1959 (photo Bonhams)
Une nouvelle 125 GP ne fera qu’une brève apparition au Salon de Bologne 1992.

Dix titres mondiaux de 1949 à 1957

5  pilotes champions du monde

1949 : Nello Pagani en 125 cm3, 1950 : Bruno Ruffo en 125 cm3, 1951 : Carlo Ubbiali en 125 cm3, 1957 : Tarquinio Provini en 125 cm3, Cecil Sanford en 250 cm3.

5 titres au championnat du monde des constructeurs 

125 en 1949 et 50, 125 en 1951 et 125 et 250 en 1957

… et 8 titres de champion de France

1954-55 et 56 : Jacky Onda, champion en 125 National, 1957 : champion de France en 125 Inter.

1958 : Benjamin Savoye, champion de France en 250 National, 1960 : champion de France en 125 et en 250 catégorie Inter, 1961 : champion de France 125 en Inter.

Les anciens se souviennent peut-être, qu’il y a « quelques dizaines d’années », Didier Ganneau et moi-même co-signèrent nombre d’articles et deux grands livres sous la signature FMDG. Elle revient aujourd’hui avec une reprise revue et complétée, surtout en images, de cette histoire de FB Mondial publiée en 2012. Ah si la France n’avait pas fait sa [...]

Eric de Seynes s’exprime sur la circulation à Paris

Je reprends ici une virulente diatribe publiée sur Facebook par Eric de Seynes, CEO de Yamaha Motor France, à propos de la politique régissant la circulation à Paris et en particulier concernant les motos et scooters. Il va de soi que je souscrit pleinement à cet avis.  FMD

Eric de Seynes :

Ils sont devenus fous ! Nos dirigeants de la mairie de Paris, emmenés par Madame Hidalgo sont tombés sur la tête et emportent dans leur folie les parisiens, et l’ensemble des français eux-mêmes. La politique appliquée dans la capitale est un déni de notre république, par son dogmatisme et par ses conséquences qui vont à l’encontre des principes fondamentaux de notre république.

Par leur politique de l’aménagement urbain et de la circulation, nos élus abiment Paris qui devient une ville qui se rétrécit implacablement. Leurs actions visent à satisfaire des habitants à l’échelle de leurs simple quartier, des résidents qui ne peuvent plus se déplacer, qui doivent désormais se limiter à un périmètre de mouvement limité pour leur bien déclaré.

Mais Paris est aussi la capitale de la France, un carrefour culturel, social et économique indispensable où on se doit d’accueillir tous les français, qu’ils soient de banlieue ou de province , tout comme aussi les visiteurs étrangers. Et aujourd’hui tout est fait pour que ce brassage indispensable au rayonnement de notre capitale ne puisse plus se faire.

Accéder au centre de la capitale depuis l’un de nos aéroport prend désormais entre 1h et 1h 30 quand on parlait de la moitié de ce temps de parcours, il y a encore cinq ans. Traverser Paris d’Est en Ouest ne se fait plus que par deux axes principaux (Les grands boulevards ou les quais rive gauche), dont le nombre de voies est réduit à une à plusieurs endroits du parcours ! Il faut donc compter près d’une heure pour relier Bastille à l’Etoile, ce qui revient à avoir doublé le temps de parcours intramuros en cinq ans. Bien évidemment cela n’est qu’un exemple parmi une multitude d’autres..

Mais le plus grave reste cette politique de la contrainte. Vu de l’hôtel de ville, on doit se déplacer à Paris à pied, en transports en commun, à vélo ou en trottinette. Que fait-on des personnes âgées ou handicapées, des professionnels chargés de matériel ou qui doivent assumer de multiples rendez-vous tous les jours? Un silence pudique et assourdissant reste la seule réponse.

La contrainte a d’abord touché l’automobile, en réduisant le nombre de voies utilisables, puis en inversant le sens de circulation des rues afin de casser les itinéraires directs et évidents, puis en réduisant violemment le nombre de places de parking, puis en réduisant la vitesse de déplacement, puis en empêchant l’enchainement des feux, puis en augmentant le prix des parkings comme des contredanses de stationnement, puis en mettant en place des verbalisations automatiques du parking sur la voie publique, comme de l’usage intempestif des couloirs de bus par caméras, puis.. car il y aura encore des puis tellement la haine des automobilistes transpire et suinte de cette politique publique.

Les usagers, ayant compris que l’automobile était définitivement maudite à Paris, se sont tournés avec intelligence et pragmatisme vers le deux-roues motorisé. Car l’utilisateur d’un deux-roues motorisé est finalement généreux et vertueux pour les autres. On peut affirmer qu’il est civique de rouler ainsi dans Paris. Une moto ou un scooter occupe cinq fois moins d’espace sur la voie publique qu’une voiture, son usager accepte d’être confronté au froid et à la pluie en participant à la fluidification du trafic, et enfin la consommation d’un scooter 125 (véhicule principalement utilisé ) se limite à un appétit d’oiseau avec 2 à 3litres/100 kms et des émissions inférieures à 50g de CO2/km.

Mais cela a été perçu par la Mairie de Paris comme une forme de résistance, une rébellion, un refus de la volonté publique. Et les mesures de rétorsion se sont mises en marche.. Rétrécissement des voies pour empêcher les usagers de remonter les files, interdiction et verbalisation systématique de l’usage des couloirs de bus (même en respectant la vitesse des vélos), refus d’augmenter les places de parking de deux roues, mise en place de « campagnes » de verbalisation et de mise en fourrière des deux roues motorisés à proximité des gares, et maintenant l’application du parking payant en ne tenant pas compte du volume d’encombrement de ces machines, ce qui devrait revenir à appliquer un tarif sur la base de 80% de remise par rapport à l’automobile. A l’arrivée cette application va encore réduire les places de parking disponibles pour les automobilistes, car les motos et scooters vont devoir s’y positionner désormais, et accentuer la tension entre les différents usagers.

Vu de la mairie de Paris, ce n’est pas très grave car elle annonce dogmatiquement que la circulation, l’usage des véhicules individuels va « s’évaporer » à Paris.. S’évaporer, cela veut dire se dissoudre, disparaitre. La volonté est bien d’empêcher le mouvement, de contraindre la disparition de la liberté de déplacement individuel telle qu’on le pratique depuis toujours, cette liberté va devoir cesser, elle est un abus inacceptable pour nos politiques.

Mais ce qui est extrêmement grave derrière cet aveuglement, est finalement le renoncement fort des valeurs fondamentales de notre république : Liberté, Egalité, Fraternité.

Liberté. La Liberté fondamentale du citoyen repose sur sa liberté de mouvement, de se déplacer. Aujourd’hui Paris la renie, et impose à sa population de se limiter dans ses déplacements , dans cette liberté essentielle qui contribue à la qualité de vie de chacun d’entre nous. Ce sentiment de limitation et de contrainte se ressent de plus en plus au centre de Paris et provoque déjà certains départs d’habitants historiques, usés, contraints, vaincus de guerre lasse, mais surtout motivés par le refus d’un modèle de vie que le politique souhaite imposer.

Egalité. Tous les citoyens doivent être égaux entre eux et devant la loi. Ce n’est plus le cas à paris. Vous roulez à bicyclette ou en trottinette et vous pouvez remonter les sens interdits, griller les feux rouges, rouler sans lumière la nuit, vous garer au milieu des trottoirs, assumer un comportement totalement incivique et tout pourra être fait dans l’indifférence des forces de l’ordre et l’impunité la plus totale. Vous roulez en deux-roues motorisé ou en voiture et vous devrez être sanctionné et puni sévèrement pour la moindre incartade. L’injustice est l’inégalité de traitement est évidente, violente et même nauséabonde aujourd’hui.

Fraternité. Par sa politique publique qui touche aux libertés fondamentales et à l’égalité entre les citoyens, la Mairie de Paris a cassé , fracassé toute idée de fraternité. Les usagers se détestent les uns entre les autres, car la tension, la contrainte et le danger sont présents en permanence lors de n’importe quel déplacement. Le piéton ne supporte pas la trottinette qui le frôle et l’agresse, le cycliste interpelle le piéton qui ne respecte pas son nouveau statut de « roi de la ville » en traversant sans prévenir et en l’obligeant à freiner, l’usager d’un deux roues peste sur les vélos, trottinettes et autres monocycles qui roulent au milieu de la voie et changent de direction sans prévenir, les chauffeurs de bus n’en peuvent plus de voir leur voie réservée occupée par des camions de livraisons qui n’ont plus suffisamment d’emplacements pour faire leur travail et les automobilistes se taisent, harassés et souffrant en silence de cette oppression systématique.

Enfin, il existe aussi un impact social extrêmement négatif et incontestable des dernières mesures prises. Le deux-roues motorisé est, sur le plan financier, le véhicule individuel le plus accessible. Et il remplit parfaitement son rôle. Acquérir un scooter 125 neuf représente un budget d’environ 3 500 euros, et d’occasion environ 1 500 euros. Il s’agit d’un engin permettant d’atteindre une vitesse de pointe de 110 Km/h, de rouler sur les autoroutes et voies rapides et de pouvoir réaliser, dans de bonnes conditions de confort et de sécurité, un trajet domicile travail d’environ 50 à 80 kms/jour. Bref, l’engin idéal pour les grandes métropoles. Désormais, à Paris, il lui faudra payer son stationnement à hauteur de 2 à 3€/h, soit un budget quotidien de 16€ à 24€. Rapporté au mois, cela pourrait représenter une charge d’environ 200 à 400 €/mois soit 10 à 20% du coût d’achat du véhicule tous les mois ! Intenable et insupportable !

La solution proposée par la Mairie de Paris, pour éviter ce racket, est de passer à l’électrique.. Mais le coût d’un véhicule électrique aux performances équivalentes représente encore un investissement de 3 à 5 fois plus coûteux que son équivalent à moteur thermique.. Et il n’y a pas de mesure significative de soutien à cette acquisition, ni même un investissement de la mairie pour installer des bornes de recharges en nombre. Donc le choix est simple, vous résistez et payez 400 euros par mois, vous passez à l’électrique et vous devrez dépenser de 7 à 12 000 euros supplémentaires pour acquérir votre nouveau véhicule, ou vous allez voir ailleurs. La mairie de Paris veut donc encourager les usagers à changer de véhicule pour une offre qui n’existe pas encore au prix du marché, compte tenu du coût des batteries et de leur autonomie encore trop limitée.. C’est ce qui s’appelle « mettre la charrue avant les boeufs », et qui correspond sûrement au fond de leur pensée qui est de prendre les franciliens pour des veaux.

Oui, notre capitale est devenue folle, oui le citoyen souffre à Paris de voir ses droits fondamentaux bafoués et oui il existe des capitales où le sens politique et écologique font bon ménage. A Amsterdam qui est bien la capitale du vélo, ni les voitures, ni les motos, ni les scooters ne sont punis. Les feux sont intelligents afin de régler en permanence leur durée sur la longueur de la file en attente, ce qui fluidifie le trafic et réduit la durée des trajets. L’emprise des pistes cyclables s’est faite à côté des voies de circulation pour les autres véhicules et non pas à la place. Les parkings vélos et deux roues motorisés existent en nombre, ainsi que les parking publics à l’entrée de la ville. Le déplacement multimodal (automobile jusqu’au centre-ville, vélo ensuite) est favorisé par des infrastructures adaptées, mais j’avais oublié que cela a été fait en concertation avec les usagers.

-NEWS-

Je reprends ici une virulente diatribe publiée sur Facebook par Eric de Seynes, CEO de Yamaha Motor France, à propos de la politique régissant la circulation à Paris et en particulier concernant les motos et scooters. Il va de soi que je souscrit pleinement à cet avis.  FMD Eric de Seynes : Ils sont devenus fous [...]