Les fantômes de l’avenue de la Grande Armée : 1899-2021 # 3

Un ultime tour avenue de la Grande Armée nous fait cette fois visiter les fantômes des numéros impairs, à gauche en venant de l’Arc de Triomphe. Il y en a moins, mais c’est du lourd.

Notez que ce chapitre n’est pas figé, comme d’ailleurs tous les autres articles du blog, et qu’il peut s’enrichir par la suite de documents retrouvés.

Idem pour les fiches :  il est désormais possible de rajouter des marques et des modèles (voir Styl’son) et je compte sur vous pour me donner un coup de main pour cet enrichissement.

 

9 et 13

Passons rapidement sur les numéros 9 et 13. Au 9, aujourd’hui Paradise Étoile, se trouvait, au début des années 20, le magasin « Aux Marins – articles de sport » et bien sûr de moto.

Le 13 n’a de nos jours plus rien à voir avec la moto, mais il présentait en 1920-22 le Skootamota.

23

En attendant, sans doute, les motos chinoises, c’est aujourd’hui la banque de Chine qui est installée au numéro 23. De 1902 à 1908, on y vendait les bicyclettes, motocyclettes, tri-cars et tri-voiturettes Georges Richard, fabriquées dans la Somme et dans les années 20, on trouvait au 23 la société d’équipement électrique Paris Rhône connue pour ses magnétos.

27

Au n° 27 qui présente aujourd’hui les voitures KIA, vous pouviez acheter dans les toutes premières années du XXe siècle les Moto-Cardan représentée par A. Lambert et Cie, un constructeur automobile dont les usines étaient à Nanterre. Les Moto-Cardan étexistaient en 250 cm3 monocylindre et avec un bicylindre en V face à la route du à Clément Ader. Toutes deux étaient équipées d’une transmission par arbre couple conique brevetée par Émile Robion, un autre pionnier de l’aviation, et certaines Moto Cardan étaient d’ailleurs signées E.R.

Moto Cardan bicylindre signée E.R.

29

Star Motors ne sait sans doute pas que ses locaux étaient occupés depuis 1899 jusque dans les années 20 et ensuite par la compagnie des cycles et automobiles Hurtu et les cycles et motocycles Rochet (qui ont d’ailleurs absorbé Georges Richard cité au n°13). Le 29 est aussi la première adresse déposée en septembre 1903 par Edmond Gentil fabricant des motos Alcyon, alors construites à Neuilly. Le magasin de vente Alcyon se transporta l’année suivante au n° 16 de l’avenue. À partir de 1946, c’est Robert Piel qui y vendit toute la gamme Motoconfort et Motobécane. Le 27/29, aujourd’hui Japauto Automobiles, est consacré aux voitures Honda.

35

Au 35, juste après Star Motors qui occupe de nos jours le 33, se vendaient de 1902 à 1904, les motocyclettes Breuil dont le plus grand exploit du premier modèle de 239 cm3 en 1902 fut un chronométrage à 39 km/h sur un kilomètre départ lancé dans une côte à 10 %.

La motocyclette Breuil en 1903 avait un moteur fixé dans un cadre de vélo.(archives Bernard Salvat)
La version 1904 est beaucoup plus évoluée et la publicité s'adresse très étonnamment à la clientèle féminine. (archives Bernard Salvat)

43 à 47

Yamaha Patrick Pons ouvert dans les années 70, est au 47 et Honda représenté par Japauto créé par Christian Vilaseca en 1956 est au 43. Le 45 n’est que l’entrée de l’immeuble d’habitations et de bureaux, mais s’y exposaient, en 1922, les moteurs Lumen adaptables pour vélo fabriqués rue de Ridder dans le 14e arrondissement.

Patinette équipée d'un moteur adaptable Lumen vers 1922.
Japauto pour Honda en 1969 et Patrick Pons, pour Yamaha l'année suivante, s'approprient les n° 43 à 47.

49

Quelques mètres plus bas, la belle agence BMW au 49 a pris la place vers 2010 des bateaux Beneteau. La place était occupée de 1923 aux milieu des années 50 par la non moins belle agence art déco Gnome & Rhône.

Gnome & Rhône est toujours au n°49 dans les années 50.

55 à 69

Plus de moto au n°55 où s’exposaient en 1936 les Automoto et l’ancienne adresse du Syndicat Général des Vélocistes et Motocistes au 59 de 1951 à 1970, est aujourd’hui un café. Point de deux roues non plus au n° 69, siège social dans les années 50 de la société SOTECMA (société technique de construction de moteurs auxiliaires) dont un moteur deux temps à variateur équipe par exemple le célèbre trois roues Solyto siglé de la marque lyonnaise New Map et produit par la Sté Lyonnaise de Tôlerie de 1952 à 64 puis par KV de 1964 à 74. Il a également motorisé certaines Ultima et Gnome Rhône.

New Map Solyto 125 TC6 de 1960.

79 et 83

La moto a aujourd’hui délaissé ce bout de l’avenue, mais cela n’a pas toujours été le cas. Au 79 apparut brièvement en 1951 la société MOVEA (Motos VElos Armes) importatrice des BSA et Sunbeam dont le siège et les entrepôts étaient à Nanterre. MOVEA passe ensuite dans le giron de la CGCIM  (comptoirs généraux du cycle et de l’industrie mécanique)

De 1900 à 1907, les bâtiments alors au 83 (remplacés par un grand immeuble moderne qui fait suite au n° 75 : ancien siège social de PSA Peugeot Citroën qui a quitté les lieux en 2017) abritaient la Société industrielle des téléphones-voitures automobiles système Ader, firme fondée par Clément Ader, pionnier de l’aviation en France. Cette société Ader produisit de 1900 à 1907 des automobiles de 8 à 25 chevaux à moteurs bicylindres en V, une spécialité maison. L’usine se situait non loin, au 98, rue de Cormeilles à Levallois-Perret. (En 1949, la mémoire du pionnier de l ‘aviation était commémorée par une place juste devant la maison de la radio dans le 16e arrondissement tandis que le 83 apparaîssait à la fois sous le nom de « La station-service 83 », dévolu à l’entretien et la réparation des DKW et de garage Guitton spécialisé dans les voitures d’occasion. Gilbert Guitton, raconte un de ses proches, vendait bien souvent des autos en reprenant des motos dans les années 50 et était contraint, faute de marché, de les envoyer, la mort dans l ‘âme, à la ferraille.

Un ultime tour avenue de la Grande Armée nous fait cette fois visiter les fantômes des numéros impairs, à gauche en venant de l'Arc de Triomphe. Il y en a moins, mais c’est du lourd. Notez que ce chapitre n’est pas figé, comme d’ailleurs tous les autres articles du blog, et qu’il peut s’enrichir par [...]

Les fantômes de l’avenue de la Grande Armée : 1899-2021 # 2

Le précédent article était consacré au numéro 26 de l’avenue de la Grande-Armée et à ses modernisations au fil des années. La prestigieuse avenue mérite qu’on s’attarde bien plus sur son histoire motocycliste, alors repartons pour un aller et retour à la poursuite de ses fantômes.  Vous y découvrez aujourd’hui la quasi-totalité de la production motocycliste sur le marché et ce salon permanent ne date pas d’hier ; 120 ans pas moins, mais avec de bonnes et de mauvaises périodes qui reflètent fidèlement les évolutions du marché.  Très prisée par les constructeurs de motos depuis ses origines, beaucoup d’entre eux plient bagage lors de la grande crise de monde motocycliste dans les années 60, puis la mode revient aves les Japonaises et le grand jeu des chaises musicales reprend de plus belle.

La grande avenue idéalement située dans le prolongement des Champs-Elysées a toujours été un lieu d’exposition parfait pour attirer le public, mais jusque dans les années 50 elle offrait aux constructeurs l’autre notable avantage d’être proche de toutes les usines et les sous-traitants installés dans l’industrieuse banlieue des alentours : Levallois, Asnières, Courbevoie et Boulogne-Billancourt.  Et puis, quel meilleur terrain d’essai pour les acheteurs potentiels que le bois de Boulogne, au bout de l’avenue.

Carte postale de 1905

Partons aujourd’hui à la recherche des fantômes motocyclistes de l’avenue de la Grande Armée en descendant depuis l’Arc de Triomphe, côté numéros pairs.

Cliquez sur les photos pour les agrandir.

Ces documents sont issus de mes archives, de différents emprunts ces des collectionneurs et sur le web et des vues de Google Maps. N’hésitez pas à m’envoyer des scans  de photos d’autres magasins, je me ferai un plaisir de les rajouter.

8, 10 &10 bis

Tout en haut de l’avenue, aux numéros 8 et 10 se vendent aujourd’hui les scooters électriques NIU dans des locaux qui abritaient dans les premières années du XXe siècle la société parisienne de cycles et voiturettes qui importait les cycles et motocycles britanniques Quadrant. De 1922 à 1924, le 10 vendit les motos Rovin fabriquées à Asnières. Le 10 bis fut aussi la vitrine du plus connu des pionniers du Motocyclisme, Werner, l’inventeur du nom Motocyclette. Les frères Marcel et Eugène Werner dont les usines sont à Levallois-Perret, s’installèrent le 15 octobre 1898 au n° 40 de l’avenue de la Grande Armée avant de se déplacer au 10bis en 1904 qu’ils abandonnent vers 1907En 1922, Le magasin repris par Giovanelli se tourne vers la vente de Cyclecars.

Publicité Werner dans le n°112 d'Omnia le 22 février 1908
les 10 et 10bis au tout début du siècle dernier.
Le 8 est aujourd'hui dédié aux scooters élecriques de la marque hongkongaise NIU.
Le Quadrant 1,5 HP exposé au musée Sammy Miller.
Quadrant ne reculait devant rien, témoin ce tricar de 1904 à deux moteurs de 400 cm3 accouplés.

12

Avant d’accueillir Mondial City et de nombreuses marques dont Benelli et F. B. Mondial, le numéro 12 abrita le magasin A & G Morelle repreneur des motos Iris en 1905 et 1906 puis se consacra au commerce d’accessoires.

16 au 20

Au 16 s’exposent aujourd’hui Kymco et Suzuki, qui ont fait suite à Kawasaki en 1977, mais l’immeuble a une longue histoire motocycliste. Avant qu’il ne soit bombardé en janvier 1918, on pouvait y acheter les motos La Française Diamant dont les usines étaient non loin dans le 17earrondissement, successivement rue Saint-Ferdinand, puis rue Descombes avec un siège au 11 de la rue Brunel. Quant aux motos japonaises (et coréennes) qui ont perpétué le site à la fin des années 60, c’est toujours sous la raison sociale de Foucher Créteau, dont le père de l’actuel propriétaire vendait à la même place depuis les années 40 des pièces automobiles avec comme spécialité, des calandres pour Citroën.

31 janvier 1918 : l'immeuble abritant le magasin des motos "La Française Diamant est bombardé.
100 cm3 La Française-Diamant 1922

Juste en face et au coin avec la rue Anatole de la Forge, vous pouviez, jusqu’en mai 2021, vous habiller chez Dainese qui avait succédé à un magasin de carrelage suivant lui-même les célèbres peintures automobiles Sprido qui s’intéressent de près aujourd’hui à la restauration de motos anciennes.

Sprido m'a gentiment adressé cette photo tirée d'un film de Roman Polanski que l'on voit d'ailleurs, barbu, au premier plan, mais je doute que ce soit le magasin de la Grange Armée. © Rue des Archives : The Granger Collection

22

Dans les locaux du 22 on vit tout d’abord Sonauto Yamaha Marine, puis jusqu’en 1976, les motos de la marque aux diapasons, présentées par Sonauto, l’importateur, puis par le premier magasin Patrick Pons. Elles sont suivies par les Kawasaki (précédemment au n° 16 !) et à partir de 2011, la place est prise par Indian Motorcycle Paris étoile. Ducati, pas au même magasin, mais au même numéro, fait le coin avec la rue Anatole de la Forge.

De gauche à droite, la Yamaha 350 YR1 de 1967 et la 125 YAS2 de 1970 toutes deux présentée par Sonauto au 22.

30

Je vous ai parlé plus avant de la longue histoire motocycliste du 26, alors sautons au numéro 30 consacré dorénavant aux Harley-Davidson. C’était dans les années 50 le magasin d’exposition de la marque grenobloise Magnat Debon. Après l’absorption de Terrot-Magnat Debon par Peugeot, les deux marques s’exposeront au 72 de l’avenue en 1959.

La Magnat-Debon 125 M4M de 1953 et la gamme 1956 étaient exposée au n°30.

 

38 – 40

Grosse concentration dans les numéros pairs suivants, sur la place anciennement carrefour des Acacias. L’actuel magasin Triumph, ouvert en 2010, est au 40 avenue de la Grande Armée, au carrefour avec la rue Brunel où officiaient auparavant Pièces-Deux -Roues puis les automobiles Saab. C’est à ce numéro 40 que les frères Werner eurent leur premier magasin d’exposition sur l’avenue, ouvert le 15 octobre 1898 puis transféré an numéro 10 bis en 1904. En 1972, le n° 38 abritait Moto Shopping Étoile jusqu’en 1975. le 38bis vendit juste après la seconde gurre, les cyclomoyeur Le Mirou à transmission par galet sur lz roue avant. Harley Davidson s’étale dans un rayon de quelques dizaines de mètres au 2 rue Villaret de Joyeuse, et au 30 et au 26 dans notre chère avenue de la Grande Armée. Pour compliquer encore cet imbroglio, Peugeot, au milieu des années 60, pousse ses vitrines au numéro 42. En 1905 le magasin d’exposition Peugeot se trouvait en face faisant le coin entre la rue Brunel et la rue Villaret de Joyeuse, et, sur le coin d’en face, entre la rue Villaret de Joyeuse et la rue des Acacias, se trouvait l’immense devanture de Clément Gladiator, à quelques encablures du 20 rue Brunel qui a vu les débuts de l’entreprise. À quelques mètres , au 2 impasse des Acacias, se trouvait Staub, célèbre fabricant de moteurs et boîtes de vitesses.

Vers 1905, au carrefour des Acacias, Peugeot fait le coin avec la Grande Armée, là où se trouve Triumph aujourd'hui et l'immense magasin de Clément Gladiator a laissé place à une banque.
1904, Werner vient de quitter le 40 avenue de la Grande Armée pour s'installer au 10 bis.

42

En 1922, c’est au 42, qu’il fallait se rendre pour acheter le fameux Cyclotracteur.

46 – 48

Quelques mètres plus loin, l’ancien siège et magasin de vente de la célèbre firme Mestre & Blatgé, réputée pour être la plus importante maison au monde fournitures de pièces détachées, de vélocipèdes et d’automobiles, qui attira durant un demi-siècle tous les amateurs, constructeurs, bricoleurs et fanatiques de la « petite reine » et des premiers « quatre roues Mestre & Blatgé est également le constructeur des motos Lucifer à partir de 1914 et Génial Lucifer de 1928 à 1956. Ce grand immeuble haussmannien devrait très prochainement accueillir Europe N° 1.

Meste & Blatgé se vantait d'être le plus grans distributeur mondial d'accessoires et de pièces détachées, et ils avaient peu-être raison.
Génial-Lucifer fait sa réclame en 1930.
Un des dernières production de la marque la 125 SBB eb 1956.

62

Au numéro 62, la galerie d’art Espace Christiane Peugeot a récupéré l’ancien magasin d’exposition d’Automoto dans les années 50. Automoto, indique par ailleurs dans son catalogue de 1933, qu’il s’expose sous l’égide de la CGCIM, au numéro 55 de l’avenue alors qu’à la fin des années 30  l’Officiel du Cycle et du Motocycle le dit au 36 de l’avenue, là où s’est installé de nos jours Vintage Motors.

La gamme Automoto en 1957.

66

On reste dans les accessoires au 66 où Auto-Accessoire a laissé place à Team Axe.

Paris-Accessoires en 1930.

72

Le 72, enfin, dernier numéro marquant du côté pair où on vend maintenant des deux-roues sans moteur (Vélos et Oxygène) appartenait, oui, encore, à Peugeot avec, semble-t-il un passage interne vers les énormes bâtiments industriels qui donnent juste derrière, au 17 rue du Débarcadère et appartiennent également à la nébuleuse Peugeot. On y vit successivement toutes les marques absorbées ou distribuées par Peugeot : Terrot, puis Triumph. Cette activité d’importation absorbe MOVEA (Motos VElos Armes) précédemment à Nanterre puis au 79 avenue de la Grande Armée et devient CGCIM (Comptoirs Généraux du Cycle et de l’Industrie Mécanique) d’ailleurs alternativement domiciliée au 72 de la Grande Armée ou juste derrière au 17 rue du Débarcadère.

Présentation de la Magnat-Debon (Terrot) 120 Ténor annoncée au 72 avenue de la Grande armée sur son catalogue et photographiée photo au centre) devant le 17 rue du Débarcadère en 1959.
Deux grands acteurs de l'avenue devant l'entrée de la CGCIM en 1970, Georges Monneret, qui en était l'un des dirigeants, et son fils Philippe qui installera son école de conduite moto au 26 quelques années plus tard.
Un Triumph 500 SpeedTwin spécialement équipée pour la Police présentée devant l'entrée de la CGCIM rue du Débarcadère en 1959.
Le précédent article était consacré au numéro 26 de l’avenue de la Grande-Armée et à ses modernisations au fil des années. La prestigieuse avenue mérite qu’on s’attarde bien plus sur son histoire motocycliste, alors repartons pour un aller et retour à la poursuite de ses fantômes.  Vous y découvrez aujourd’hui la quasi-totalité de la production motocycliste [...]

Avenue de la Grande Armée : un siècle de motos

L'avenue de la Grande Armée au tout début du siècle dernier (mais ne dites surtout pas à Hidalgo qu'il y avait des arbres et pas de voitures avant !)

L’avenue parisienne de la Grande Armée, où sont réunies les vitrines de la quasi-totalité des marques de motos, rebute généralement les collectionneurs, guère attirés par ces engins trop modernes, mais que diriez-vous d’une visite virtuelle de son histoire ? Premier chapitre le N° 26 de 1910 à nos jours.

Le n° 26

Ce n’est pas d’hier que toutes les marques de moto ou presque s’exposent à Paris avenue de la Grande Armée, et le hasard d’une découverte d’un ami me permet aujourd’hui de vous faire suivre l’évolution d’un de ces magasins au fil du temps, celui de Alfred Prevost distributeur multimarque chez qui on vit successivement les Excelsior britanniques, Clément Gladiator, les cyclecars Morgan, Moto Guzzi, FN, Monet Goyon, Gima, Gillet d’Herstal, Sunbeam. C’est ensuite son fils, Jacques Prévost qui reprend l’affaire et le magasin devient concessionnaire exclusif Motobécane. Dans les années 60, le 26 avenue de la Grande Armée sera revendu à Peugeot Cycles qui tient toujours boutique au même endroit à côté de Kymco et Easy Monneret et juste un peu après Indian au numéro 22.

Le magasin d'Alfred Prévost dans les années 10 débute avec les cycles Clément et les automobiles Bayard.
Au début des années 20
Vers 1925 : Alfred Prevost consacre presque toute sa vitrine à Clément Gladiator, dont la maison mère n'est pas loin, rue des Acacias.
Dans les années 30, le magasin s'appelle désormais "Grande Armée Motos" et représente entre autres, Dollar, FN, Gillet Herstal, Motobécane et Monet Goyon. On distingue en remontant une vitrine "Pièces Peugeot", un magasin Terrot au n°30 et Alcyon à la porte suivante..
1950 : Moto Guzzi fait son apparition en vitrine avec son scooter à grandes roues Galletto., tandis que, de l'autre côté, est exposée une Motobécane 350 Superculasse. en toute fin de carrière.
Refonte totale en 1953 ou le n°26 devient exclusif Motobécane avec cette année là la présentation du premier scooter de la marque.
Toute la gamme Motobécane 1953 s'expose dans des locaux au top du modernisme de l'époque.
Et, comme aujourd'hui, de la customisation, ici une selle biplace genre Denfeld qui donne un coup de jeune à la 175 Z2C Mobysuper de 1954.
Le n° 26 réunit aujourd'hui Peugeot, aux côtés de Kymco et Easy Monneret.(Google map)
Inauguration du magasin Peugeot Motocycles revisité en 2021 (D.R.)

Voilà pour l’histoire de Prévost père et fils, mais ne quittons pas l’avenue de la Grande Armée et le prochain article traitera de l’arbre généalogique motocycliste de tous les magasins de la célèbre artère.

L'avenue de la Grande Armée au tout début du siècle dernier (mais ne dites surtout pas à Hidalgo qu'il y avait des arbres et pas de voitures avant !) L’avenue parisienne de la Grande Armée, où sont réunies les vitrines de la quasi-totalité des marques de motos, rebute généralement les collectionneurs, guère attirés par ces [...]

Bridier-Charron : le faiseur d’arbre

Si t’as pas une transmission par arbre, t’es rien !  Tel est le dicktat imposé par la mode aux constructeurs de motos françaises dès 1929. Motobécane, Dollar, Train, PP Roussey même (bien que sa quatre pattes annoncée à moteur Chaise n’ait jamais été vue) présentent leurs quatre cylindres acatène en 1929 et 30 et nombre de monos et bicylindres haut de gamme suivent le même chemin tandis que, pour les usines qui n’ont pas les moyens techniques de développer leur propre transmission, il existe une solution miracle : Bridier-Charron.

La Favor 350 K à moteur JAP à soupapes latérales et boîte-transmission Bridier Charron au salon de Paris 1929 (archives Jean Malleret)

Quelle idée de génie que cette transmission Bridier-Charron présentée au salon de Paris en 1928 qui propose de transformer n’importe quel moteur existant en bloc moteur-boîte à transmission acatène. Il suffit de monter le moteur en travers, et de connecter sur l’axe du vilebrequin, dès lors dans l’axe de la moto, un ensemble composé de cinq éléments boulonnés entre eux. Un premier carter d’accouplement spécifique à chaque modèle, qui intègre l’embrayage monodisque à sec, la boîte de vitesses, un petit carter pour le système de kick, l’arbre de transmission puis son couple conique associé à un moyeu Lardy (Ydral) également fabriqué à Suresnes à 800 mètres des usines Bridier & Charron.

 

Publicité dans Moto Revue en 1931
La moto de test de Bridier Charron en octobre 1928

Albert Bridier et F. Charron (dont on entendra guère plus parler) créent en 1924 à Suresnes leur société qui se spécialise bien vite dans la fabrication de boîtes de vitesse qui vont équiper de nombreuses marques en particulier celles du groupe Gentil, Alcyon en tête. (Étude complète dans la revue du Motocyclettiste n°107 et 108).

Le bloc boîte-transmission acatène Bridier-Charron présenté en octobre 1928 et essayé dans sa version prototype par Max End dans Moto Revue, fait sa rentrée officielle au salon de Paris d’octobre 1929 avec la Majestic 750 V twin JAP culbuté et la Favor 350 K à moteur JAP. Faux départs, car la Majestic ainsi motorisée n’est jamais commercialisée tandis que la marque stéfanoise Favor, présente, l’année suivante une 350 G beaucoup moins chère à bloc moteur Staub associé à une transmission acatène due aux établissements Lardy (Ydral). Réservé par nature aux grosses cylindrées, le kit boîte-transmission par arbre apparaît aussi accouplé à des moteurs JAP sur les Helyett 750 V twin et 500 mono de 1930 mais est loin d’avoir autant de succès que les boîtes de vitesses classiques proposés par la marque Le concept de kit boîte-transmission adaptable sur quasi toute moto était sans probablement une fausse bonne idée bien difficile à réaliser. Il apparaît en tout cas que sur les rares exemples connus qu’il n’y a pas deux ensembles identiques.

Un ensemble prévu pour s'adapter sur la plupart des moteurs à partir de 350 cm3.
Moyeu Ydral et couple conique a taille gleason en spirale.(dessins de Moto Revue et "Le monde motocycliste"
Un très beau dessin de Moto Revue illustrant la Majestic dans sa première version sur châssis avec le 750 JAP V twin culbuté et la transmission Bridier Charron au salon de Paris 1929.
La Majestic à cadre coque, moteur Chaise 350 cm3 et transmission Bridier Charron au salon de Paris 1930. (archives Thibault Jodocius)

Helyett 750 V twin MH 136 : la contre-offensive

Bien joué, la petite marque de Sully-sur-Loire qui ne s’en laisse pas conter par les quatre cylindres vedettes du salon de Paris 1930 et présente en grande pompe la même année une 750 cm3 animée par le très réputé moteur JAP à soupapes latérales qu’elle dispose face à la route en l’accouplant à une boîte française Bridier-Charron associée à une transmission par arbre. Bon, d’accord, cette belle Helyett twin ne sera guère plus vendue que les quatre pattes sus-citées, mais elle reste au catalogue et aux salons jusqu’en 1933. Toute petite marque qu’elle soit Helyett présentait d’aillieurs 25 références à ce catalogue 1933, mais ne vous laissez pas abuser par les nuances. Il y a en fait, en deux temps à moteur maison, une BMA 100 cm3, une 175 et une 250 puis en quatre temps, une 250 latérale et une 350 culbutée à moteurs JAP, une 350 à moteur Chaise à chaîne ou à arbre, une 500 culbutée à moteur JAP et arbre et notre belle 750.

La Helyett 750 JAP-Bridier Charron ici au salon de Paris 1933 (archives Pierre Bruneteau président du club René Gillet)

Fiche technique Helyett 750 MH136 – 1930-1933

Moteur JAP bicylindre en V face à la route, refroidi par air – 750 cm3 (70 x 97 mm) – Un carburateur Amac 5/001 – Magnéto (1930) puis Magdyno (1933 – Graissage par pompe mécanique – Embrayage monodisque à sec – Boîte Bridier-Charron à 3 rapports par levier au réservoir – Transmission par arbre et couple conique – Cadre double berceau – Suspension avant à parallélogramme type Druid – Pneus 3,50 x 19’ – Freins à tambour ø 200 mm – Roues à démontage rapide- 135 kg -Prix 8800 F avec éclairage (La Helyett 500 JAP- Bridier Charron est à 7500 F et pour comparaison une Gnome & Rhône 500 V2 vaut 7850 F)

 

La Helyett 500 MH130 JAP Bridier Charon au salon de Paris 1930 (archives Pierre Bruneteau)
L’idée de base de Bridier Charron était de réaliser un kit boite-transmission standard pouvant équiper pratiquement toutes moto, on trouve pourtant déjà des différences en comparant deux photos du même modèle, la Helyett 350 K au salon 1929 et celle de 1930 que vous pourrez bientôt admirer au nouveau musée de Lunéville. Kick tranversal pour l’une, latéral à droite pour l’autre, par exemple.

Nouveau, le V Twin transversal et acatène ?

L’architecture n’est pas courante bien qu’elle fut apparue dans les premiers âges de la moto avec la Moto-Cardan de 1900 et l’Ader 478 cm3 de 1901, on pourrait même compter l’Archdéadon  à moteur Buchet de 1903, à ceci près qu’il entraînait ici une hélice et non la roue arrière. On verra aussi, la Spring 750 en 1920 en Belgique et l’AJS 500 S3 de la même année en Grande-Bretagne, les Majestic 750 JAP culbutées du salon 1929, l’Indian 750 modèle 841 de 1941, sur les Lilac au Japon dans les années 60, les Victoria V35 des années 50, et bien sur la Moto Guzzi 700 V7, première d’une longue lignée en 1968, les CX 500 et 650 Honda à partir de 1977 ! J’en ai peut-être oublié, mais ce n’est pas sur et vous admettrez que cette configuration est largement minoritaire avec une dizaine de marques concernées.

Moto Cardan de 1904 (archives BNF Gallica)
Si t’as pas une transmission par arbre, t’es rien !  Tel est le dicktat imposé par la mode aux constructeurs de motos françaises dès 1929. Motobécane, Dollar, Train, PP Roussey même (bien que sa quatre pattes annoncée à moteur Chaise n’ait jamais été vue) présentent leurs quatre cylindres acatène en 1929 et 30 et nombre de [...]

Gillet fête ses 101 ans

Covid oblige, l’exposition consacrée aux 100 ans de Gillet d’Herstal n’a pas eu lieu comme prévu en 2020, mais il n’est pas trop tard; l’évènement se déroulera dans le hall prestigieux d’Autoworld à Bruxelles du 30 octobre au 7 novembre prochain. Yves Campion, Vincent Derdeyn, Michel Degueldre et  Jean Leux y présenteront près de 80 motos Gillet, soit la quasi totalité des différents modèles produits, avec, en vedette, la 350 du Tour du Monde de  1926 par Robert Sexé, prêtée par le Grand atelier, musée  d’art et d’industrie de Chatellerault et la Gillet de l’expédition vers Léopoldville confiée par le musée de la vie wallonne à Liège. Toutes les machines seront accompagnées de photos et documentations d’époque et en attendant votre visite à Autoworld vous pouvez vous remémorer l’historique de la marque avec les 14 fiches qui lui sont consacrées et qui ont été rédigées pour la plupart par Yves Campion, initiateur de l’exposition et auteur du livre « Les motos Gillet Herstal » qu’on peut lui commander en direct.

ATTENTION Bruxelles a rétabli l’Octroi. Pour se rendre dans Bruxelles-centre, zone à faible émission, il faut impérativement inscrire votre véhicule sur lez.brussels (https://lez.brussels/mytax/fr/registration/start) sous peine d’une amende de 350 €. Toutes infos sur https://lez.brussels/mytax/fr/registration.Toutes les plaques des voitures entrant dans le centre sont scannées et celles non déclarées recevant l’amende et pour simplifier la vie à ces braves gens, on vous demande copie de votre carte grise. Bonjour le respect de la vie privée. N’aurait-il pas été plus simple pour le gouvernement belge d’accepter le passage de 0,x % de véhicules étrangers hors normes plutôt que de répertorier les données de TOUS les visiteurs en extorquant 350 € aux pauvres péquins qui n’ont pas été avertis. Comme si cela ne suffisait pas, Bruxelles s’est doté d’une palanquée de radars pour contrôler les 30 km/h règlementaires… Bravo, on pensait que pire qu’Hidalgo n’était pas possible, les Belges prouvent le contraire ! 

Covid oblige, l'exposition consacrée aux 100 ans de Gillet d'Herstal n'a pas eu lieu comme prévu en 2020, mais il n'est pas trop tard; l'évènement se déroulera dans le hall prestigieux d'Autoworld à Bruxelles du 30 octobre au 7 novembre prochain. Yves Campion, Vincent Derdeyn, Michel Degueldre et  Jean Leux y présenteront près de 80 [...]