Des BMW-CMR R73 françaises aux versions course bulgares

Photos: archives Valentin Stoinev

BMW-CMR 750 R73 : un judicieux mélange à la française

Vous connaissez peut-être les CMR, les BMW françaises de l’immédiat après-guerre, de judicieuses préparations produites à partir des motos du stock laissé par les Allemands et de pièces de remplacement faites en banlieue parisienne. Après environ 300 BMW 750 R12 latérales et une poignée de 600 R66 culbutées et 750 R71 latérales plus ou moins conformes à leurs modèles, la CMR (Centre de Montage et de Réparation) se lance dans une personnalisation plus poussée avec la R73 ; Il s’agit, comme son nom l’indique, d’un intermédiaire entre la R71 et la R75 du fameux attelage « type Russie ». De la première, elle reprend la partie cycle avec ses modernes suspensions avant télescopique et arrière coulissante ainsi que le cadre double berceau d’origine BMW en tubes ovales d’ailleurs vite remplacé par sa copie fabriquée en France en tubes ronds. Elle emprunte de la R75 son beau moteur 750 cm3 culbuté avec quelques francisations touchant l’allumage et la carburation. Cette belle et performante moto ne fut pourtant fabriquée qu’à 80 exemplaires commandés par la préfecture de police et la CMR disparaît fin 1947 pour laisser place à CEMEC et sa 750 L7 basée une nouvelle fois sur la BMW R12.

La BMW-CMR 750 R73 : un judicieux mélange réalisé en France de moteur de R75 dans une partie cycle de R71

La Bulgarie invente la 750 R73 version course

La France n’a pas été la seule a concevoir ce mélange associant moteur de R75 et partie cycle de R71 ou celle, identique, de la 500 R51. Le même type de montage hybride apparaît en Bulgarie en 1947, mais dans une optique bien différente. Il ne s’agit pas ici d’équiper les forces de l’ordre, mais de courir et ces versions sont réalisées bien spécifiquement pour le circuit où ces bitzas mèneront les courses locales plus ou moins jusqu’en 1954. Les préparateurs bulgares ne se contentent pas de remplacer l’ensemble moteur -transmission de leurs 500 R51 et 600 R66 par celui de la R75 militaire. Les pistons d’origine sont le plus souvent remplacés par ceux des Half-Tracks (autochenilles) Ford Moultier qui ont le même alésage, mais une calotte de piston très haute et épaisse sont retravaillés pour leur donner une calotte hémisphérique pour augmenter le rapport de compression. Le volant d’inertie est également allégé et poli et les rapports de boîte modifiés par une nouvelle pignonnerie.

Cette autre R73 bulgare aux mains de Dimitar Lukanov a établi un record de vitesse en son pays à 155 km/h sur le kilomètre lancé.
Quatre R73 bulgares en ligne pour un départ de course en 1952. Notez les équipements et… les pavés mouillés. On n’ose pas imaginer la suite !
Jordan Tzvetkov et Tzonio Angelov tous deux avec des R66 d’avant-guerre montées avec des moteurs de 750 R75
Il n’y a qu’une seule piste de dirt-track en Bulgarie. Les Martin JAP dominent les courses depuis 1933 et les autres machines sont des motos de route transformées : DKW ou Horex de la fin des années trente. On imagine facilement la difficulté d’e dompter la lourde BMW dans ce genre de sport. Dans cette course à la fin des années 40, Tzonio Angelov utilise pourtant une R66 de la fin des années 40 montées avec un moteur de R75 tandis son poursuivant est au guidon d’une BMW 51 originale. Il y adaptera plus tard des cylindres de Zündapp 600.
Lyouben Fitchev, l’un des pilotes vedettes en side-car utilise lui aussi une R73 bulgare.
Le même Lyouben Fitchev, cette fois en tout-terrain
Photos: archives Valentin Stoinev BMW-CMR 750 R73 : un judicieux mélange à la française Vous connaissez peut-être les CMR, les BMW françaises de l’immédiat après-guerre, de judicieuses préparations produites à partir des motos du stock laissé par les Allemands et de pièces de remplacement faites en banlieue parisienne. Après environ 300 BMW 750 R12 latérales et une [...]

Gnome & Rhône à Rétromobile: le film de l’expo

Vingt-deux motos dont trois avec side-car, le Biscooter Gnome & Rhône/Avions Voisin, deux moteurs d’avion rotatifs, un Gnome et un Le Rhône, un 14 cylindres en étoile Gnome & Rhône /Snecma, le propulseur du dernier étage de la fusée Ariane, la maquette du premier hydravion ayant volé, deux vélos et une machine à coudre… Vous n’avez pas pu vous rendre à notre expo De Gnome et Rhône à Safran à Rétromobile, ou vous voulez revoir le plateau, et bien voilà le film et quelques photos d’ambiance.

Le film est signé Homeberd avec une illustration sonore de Ray Baretto (Frères Jacques) et les photos sont de Bernard Knapp, imminent participant de l’organisation de notre expo.

L'expo ne désemplit pas du 6 au 10 février
Vincent Cognat explique le fonctionnement du gazogène monté sur une Gnome & Rhône D3 de 1928 en 1942.
Ce n'est quand même pas tous les jours que l'on peut admirer un 14 cylindres en étoile.
Le premier moteur rotatif de Gnome n'avait jamais volé tout comme Henri Fabre qui réalise pourtant le 28 mars 1910 le premier vol d'un hydravion avec l'appareil qu'il vient de construire et dont le musée SAFRAN nous a confié la maquette
L'ABC devant son affiche de Mich célébrant ses victoires aux GP de France en 1923 et 24.
Jean-Claude Conchard, président de l'Amicale des motos Gnome & Rhône, est aussi l'un des ingénieurs ayant participé à l'élaboration du moteur du dernier étage des fusées Ariane dont il ne cessa d'expliquer le fonctionnement pendant toute la durée du salon.
Thierry Farges, le responsable logistique de Rétromobile, sans qui cette exposition de motos n'aurait pu avoir lieu.
Ils ont tous participé, merci !
Vingt-deux motos dont trois avec side-car, le Biscooter Gnome & Rhône/Avions Voisin, deux moteurs d'avion rotatifs, un Gnome et un Le Rhône, un 14 cylindres en étoile Gnome & Rhône /Snecma, le propulseur du dernier étage de la fusée Ariane, la maquette du premier hydravion ayant volé, deux vélos et une machine à coudre… Vous [...]

Rétromobile : 100 ans de Gnome & Rhône à Safran

Grâce à Moto-collection.org et l’Amicale des Motos Gnome & Rhône, la moto revient en force à Rétromobile cette année pour fêter les 100 ans de la première moto de la marque, l’ABC de 1919, et toute l’histoire de Gnome & Rhône à Safran.

Parisiens entre le 6 et le 10 janvier ? Venez donc nous rendre visite entre les halls 2 et 3 du salon Rétromobile à la porte de Versailles. Nous vous y avons concocté un panorama de toute l’histoire des motos Gnome & Rhône de 1919 à 1960 et de l’évolution de la marque de ses débuts en aéronautique avec les moteurs rotatifs Gnome et Le Rhône jusqu’aux propulseurs des fusées Ariane. Gnome & Rhône, n’a en effet jamais cessé ses activités de motoriste aéronautique. Nationalisée en 1945 la marque devient SNECMA puis groupe SNECMA avant de s’intégrer au groupe Safran qui motorise aujourd’hui non seulement les fusées Ariane, mais aussi le Rafale, et des Boeing, des Airbus, des hélicoptères, etc.

Téléchargez le communiqué de presse de RÉTROMOBILE 2019 – GNOME & RHÔNE en français et en anglais.

Quelques photos d’époque, en attendant de découvrir à Rétromobile les vrais véhicules qui ont écrit ces pages d’histoire.

Archives F-M Dumas/moto-collection.org, Amicale des motos Gnome & Rhône, Musée Safran, Daniel David.

L’exposition mise sur pied avec l’aide du musée Safran de Villaroche et des services techniques de Rétromobile regroupe une bonne vingtaine de motos entourées par des moteurs en étoile Gnome et Le Rhône et pour finir en beauté le propulseur du dernier étage des fusées Ariane. On y verra aussi le Biscooter, ce curieux quadricycle conçu en 1950 par le grand Gabriel Voisin et motorisé par un 125 cm3 Gnome & Rhône. À l’étage en dessous, sur le stand de la FFVE, vous pourrez aussi détailler la Messier de 1929, une somptueuse automobile à moteur Lycoming 8 cylindres de 4 litres de cylindrée, qui fut la première auto à suspensions oléopneumatiques sans ressort. Messier, surtout connu pour ses trains d’atterrissage, fait aujourd’hui partie du groupe Safran, tout comme Bugatti.

Grâce à Moto-collection.org et l’Amicale des Motos Gnome & Rhône, la moto revient en force à Rétromobile cette année pour fêter les 100 ans de la première moto de la marque, l’ABC de 1919, et toute l’histoire de Gnome & Rhône à Safran. Parisiens entre le 6 et le 10 janvier ? Venez donc nous rendre [...]

La moto japonaise fête ses 110 ans

La moto japonaise dont on oublie trop souvent l’histoire, fête ses 110 ans en 2019, alternant des périodes de pure copie à des périodes de créativité, des années de marché ouvert vers le monde, et d’autres où l’île du soleil levant vivait en totale autarcie.

Non, ce n’est pas une Triumph mais sa réplique exacte fabriquée à Osaka par Asahi en 1913. Notez que le pilote a gardé ses traditionnelles socques en bois tandis qu’un buisson retouché cache le support de la moto ! (archives K. Iwatate)

La première vraie moto japonaise est la très rustique NS de 1909 une 397 cm3 (76 x 87,5 mm) construite par N. Shimazu à Osaka. Le même pionnier dessine quatre ans plus tard la NMC (Nippon Motor Manufacturing) une 250 cm3 fortement inspirée de la Triumph. Seule la magnéto d’origine allemande n’est pas fabriquée au Japon.

Et puis vint la Myata. Ou plus exactement l’Asahi réalisée par Myata Works Ltd. On jurerait une Triumph 500 d’avant 1914 avec sa transmission directe par courroie et ce n’est pas un hasard. Monsieur Myata a en effet acheté une Triumph spécialement importée à un certain monsieur Maeda dans la ville voisine de Nagoya et en a fait réaliser des répliques. Vendues 420 yens (un policier de Tokyo touche alors un salaire mensuel de 8,50 yens !), elles vont équiper la police tokyoïte et serviront d’escorte au Premier ministre. Dans le Japon d’alors où le réseau routier est quasi inexistant et les villes inextricables, la moto est encore réservée aux services officiels. Myata va pourtant arrêter cette juteuse production en 1916 pour laisser place aux vraies Triumph désormais importées régulièrement. Myata réapparaît quelques années plus tard avec des produits nettement plus personnels sous les labels Asahi pour les motos et Myapet pour une gamme de cyclomoteurs et de cyclo-scooters qui deviendront extrêmement populaires. La marque Asahi existe toujours et fabrique aujourd’hui des bicyclettes.

Clic sur les photos de droite pour les agrandir.

Les ventes de Triumph au Japon dans les années 20 sont tout à fait organisées comme en témoigne ce catalogue en japonais.
Pour bien longtemps encore (jusqu’au début des années 60) toutes les courses au Japon se dérouleront sur terre battue. Nous sommes ici en 1926 et on distingue au départ une BSA, une Triumph type H une DOT et une FN M60, seule machine à soupapes culbutées dans le lot.(archives F-M. Dumas)
Il s’agit cette fois d’une vraie Triumph 550 type SD sport au guidon de laquelle le jeune Miyata vient de remporter une course d’endurance de 750 km organisée par le Kansai Autobi Club entre Osaka et Tokyo en 1925.(archives F-M. Dumas)

Le Japon, qui est devenu en quelques années une des grandes puissances économiques mondiales, ouvre ses frontières à la fin des années 10 et les motos étrangères sont importées par milliers.  Elles proviennent en majorité des États-Unis tout proches (Harley et Indian exportent chacun un bon millier de machines par an au milieu des années 20), mais aussi de Grande-Bretagne, représentée par toutes ses grandes marques, et de Belgique (Saroléa, Gillet, Fn). Elles seront suivies un peu plus tard par les Husqvarna suédoises, les Moto Guzzi italiennes puis, en 1927, seulement, par les BMW allemandes.  Fort de ces importations auxquelles s’ajoutent de plus en plus les fabrications des marques nationales naissantes, le parc total de véhicules passe de 12 700 unités en 1923 à 24 300 en 1924 !

Malheureusement épuisé, mais trouvable parfois chez les bouquinistes, le livre Motos Japonaises, 100 ans d’histoire par Didier Ganneau et François-Marie Dumas et publié par ETAI retrace toute l’épopée de la moto au pays du soleil levant depuis ses débuts. 

Les premières courses dans le Japon des années 20, rencontrent un vif succès. On reconnait une Douglas, une Triumph sans doute la Riccardo à quatre soupapes et une autre Douglas. (archives F-M. Dumas)
La moto japonaise dont on oublie trop souvent l'histoire, fête ses 110 ans en 2019, alternant des périodes de pure copie à des périodes de créativité, des années de marché ouvert vers le monde, et d’autres où l’île du soleil levant vivait en totale autarcie. Non, ce n’est pas une Triumph mais sa réplique exacte [...]

Triumph 550 : La H de guerre

En ces temps de commémoration de l’armistice, comment ne pas parler de la moto qui a gagné la Grande Guerre, la Triumph 550 type H dont plus de 30 000 exemplaires furent utilisés par les armées alliées.

Ironie du sort. La marque, seule survivante des quelque 500 fabricants notables de motos en Grande-Bretagne durant le XXe siècle, est une société fondée par un Allemand, Siegfied Bettmann assisté par son bras doit de même origine Mauritz Schülte, le cerveau qui créa les premières Triumph.

La grande marque britannique et sa 550 type H connurent un peu plus tard un colossal succès en équipant largement les armées françaises et anglaises dans la guerre 14-18, contre justement, les Allemands.

Cette même marque enfin, qui allait quelques décennies plus tard être acculée à la faillite par l’invasion japonaise, eut une période de gloire Japon en y brillant dans les premières courses avec, encore, la fameuse 550. (J’y reviendrai dans un prochain article).

Bel étalage de 500 et 550 Triumph. Au premier plan, une 500 modèle 1914 à transmission par courroie et moyeu arrière Sturmey 3 vitesses dont le levier de commande est, bizarrement ici, placé à gauche ! Il en fut livré une grande quantité au début de la guerre. Notez le réservoir d'huile additionnel (une option) devant le cylindre.
La première Triumph à moteur belge Minerva en 1902 et le premier modèle à moteur maison en 1905.

La première Triumph animée par un moteur belge Minerva apparaît au salon de Londres en 1902.  Cinq ans plus tard, Triumph finit 2eet 3eau TT 1907 avec une 500 cm3, cette fois avec un moteur maison à soupapes latérales. La même machine termine en tête au TT 1908 (à 65,2 km/h de moyenne !) et apparaît au catalogue Triumph de 1910 en trois versions de 500 cm3qui, sans cesse améliorées, vont connaître une extraordinaire carrière jusqu’en 1929. Les évolutions testées en course sont rapidement reportées sur la série. La 500 se dote ainsi d’un embrayage à disques métalliques associé à un moyeu arrière à 3 vitesses Sturmey Archer. En 1914, est annoncée une version suralésée à 550 cm3(la course reste 85 mm et l’alésage passe de 88 à 97 mm) avec un graissage semi-automatique (un coup de poing sur la pompe tous les 16 km) mais toujours à vitesses dans le moyeu arrière. La première série des 550, très critiquée, ne démarre pas à froid. La marque se ruinera en publicités pour atténuer la mauvaise réputation naissante de son nouveau modèle 4 HP et résoudra vite et de main de maître ces premiers problèmes : le 550 Triumph va devenir l’une des motos les plus fiables de son temps.

Publicité pour la version 1915 à boite conventionnelle Sturmey Archer à 3 vitesses. "La préférée des motocyclistes militaires"
Le catalogue en français de 1912.
Nous ne sommes ici qu’en 1912, mais cette Triumph type H va bientôt gagner la guerre.
Engagée en 500 cm3, cette Triumph pilotée par Rex Mundy finit 2e de sa catégorie derrière une Motosacoche au Grand Prix de France 1913 organisé par le MCF à Fontainebleau.
Paré pour profiter du beau temps outre-Manche, sur une 500 de 1914 à transmission directe par courroie

Plus de 30 000 type H en guerre

L’une des premières actions des autorités françaises, lorsqu’éclate la guerre en 1914, est d’envoyer un télégramme à l’usine de Coventry pour commander ferme 100 Triumph 550 cm3dont la réputation de fiabilité a déjà passé les frontières. En janvier 1915, ces mêmes machines qui équipent l’armée anglaise sont également été envoyées aux armées russe, belge, canadienne, indienne et… japonaises. On notera avec intérêt que les comités techniques qui ont élu les Triumph 550 et les Douglas flat twin 350 cm3ont rejeté tous les vé twins en lice. Triumph délivrera plus de 30 000 type H 550 cm3durant la grande Guerre dont 17 998 à l’armée anglaise (contre 18 315 Douglas).

Les vendeurs des surplus et fabricants de pièces détachées firent une vraie fortune après guerre. Ici un catalogue des pièces Delaunay en 1918 "fabriquées et garanties en France".
Le 7e régiment de Cavalerie sur ses Triumph type H, vers 1919.
Première commande de l’armée française pour 100 motocyclettes "TRIOMPHE", passée en 1914, juste après la déclaration de guerre.
Publicité parue dans "The Motor Cycle" en janvier 1917. Imagineriez-vous la même aujourd’hui !!

Le Modèle 550 H

Début 1915, Triumph lance une 550 entièrement remaniée : le changement de vitesse dans le moyeu et son brutal embrayage tout métal est enfin abandonné au profit d’une boîte de vitesses conventionnelle Sturmey Archer à trois rapports entrainée par une chaine primaire sous carter. La transmission à la roue arrière reste par courroie. Le moteur est aussi largement revu (roulements de vilebrequin, soupapes plus grosses), et c’est la première Triumph à offrir un l’embrayage commandé à main et un démarrage au kick.

En 1916, les requêtes des estafettes de l’armée sont exaucées avec un plus petit guidon. Beaucoup ont en effet transformé la commande de boîte pour passer les vitesses au pied et garder ainsi les deux mains sur le guidon… un luxe indispensable sur les chemins boueux qu’ils empruntent. La plupart se content de raccourcir et de tordre le levier de vitesse original, mais un intendant français dans l’artillerie réalisera un dispositif plus sophistiqué dont les dessins seront même publiés dans « the Motor Cycle ».

La vente est alors réservée aux armées et le public ne peut acquérir de type H,  mais à la fin des hostilités en 1918, les civils se ruent sur ces machines dont ils étaient jusqu’alors privés pour y investir toutes leurs économies réalisées pendant la guerre.

Les demandes sont si fortes que l’usine ne parvient pas à honorer toutes les commandes et elle présente en 1919 une version simplifiée sans boîte, ni embrayage avec une transmission directe par courroie.

Conscient que le boum de l’après-guerre aura bientôt une fin, Schülte fait étudier une évolution de la type H et se lance dans le même temps dans l’automobile. La première voiture Triumph avec une quatre cylindres de 1 393 cm3dessinée par Ricardo est lancée en 1923. Motos et voitures seront dès lors construites dans la même usine à Coventry jusqu’à ce que les deux entités se séparent en 1936.

Toujours animé par le même moteur 550 cm3, le modèle qui remplace la Type H en 1920 s’appelle SD, pour Spring Drive, car la transmission primaire comporte un amortisseur à ressort. Une boîte 3 faite maison avec un embrayage multidisque remplace la Sturmey Archer et la chaine primaire est en bain d’huile (avec quelques fuites bien sûr…). Enfin, énorme avantage pour les utilisateurs de side-car, la transmission secondaire est confiée à une chaine.  Les sides sont d’ailleurs également construits par Triumph sous la marque Gloria et livrés en couleurs assorties aux machines. En violet avec des panneaux lavande et des filets bronze.

Intéressante comparaison des modèles H 1919 et SD1920 prise lors d’un rallye en Belgique en 1921.
Ce modèle 1920 (pilote casqué, lunettes sur le casque) a une boite de vitesses Triumph et une transmission secondaire par chaine alors qu’elle reste par courroie sur la version H de 1919 à boite Sturmey.
La 550 type SD de 1920 photographiée au National Motorcycle Museum de Birmingham.
La 550 type SD de 1920 coté transmission primaire avec le bossage du fameux ressort amortisseur auquel les modèles postérieurs resteront longtemps fidèles.

Indéboulonnable 550

Triumph, qui est devenu le plus gros fabricant anglais de motos, avec 3 000 employés et plus de 30 000 motos produites annuellement, tente alors de créer un haut de gamme plus puissant avec le modèle 500 R (non, pas R comme Racing, mais R comme Ricardo, l’ingénieur responsable du dessin). Il s’agit d’un 500 cm3 à 4 soupapes culbutées qui fera ses premières armes sur l’anneau de Brooklands en mai 1921. Il remporte de beaux succès sur piste dans les deux années qui suivent, mais la vente principale de Triumph reste la bonne vieille 550 à soupapes latérales. Pour 1924, Triumph en extrapole la 500 modèle P vendue à un prix canon, moins de 43 £, alors que la Ricardo en vaut 120 et que les principaux concurrents se vendent entre 60 et 80 £.

Après un début difficile dû à quelques défauts de jeunesse le modèle P deviendra, comme son aîné, un best-seller. La 550 toujours appréciée pour le side-car continuera cependant sa carrière et figurera toujours au catalogue 1929 avec deux ultimes versions qui reçoivent cette année-là un réservoir en selle tout comme les 250, 350 et 500 de la gamme.

Un quarteron de type H en 1919 devant un motociste parisien.
On pose fièrement en famille sur une type H en 1919, avec, en arrière-plan, une autre vedette de la grande Guerre, l’Indian.
En course en 1914.
La très économique 500 type P de 1925 aux mains de Miss E. Feley lors du Southern Scoot Scramble et avec pas mal d’autres mains pour pousser.

La 550 dans le monde

Jusqu’à ce que les deux marques se séparent en  1929, Triumph a eu une filiale à Nuremberg en Allemagne qui produisait des modèles très similaires voire identiques,  dont la fameuse 550. Après 1929, les modèles, dès lors différents, garderont la marque Triumph en Allemagne, mais seront exportés sous le label TWN tandis que les Triumph anglaises vendues outre-Rhin portent le label TEC (Triumph Engineering Company). Triumph collabore également avec une petite usine à Detroit aux États-Unis qui produisit une certaine quantité de 550 en 1912.

L'étonnante Victory : Il s‘agit d’une modification sur la base d’une type H à boite Sturmey et transmission secondaire par courroie de 1919 sur laquelle est adaptée une complexe suspension arrière où le bras oscillant est amorti à la fois par ressorts à lames et ressorts hélicoïdaux.
En ces temps de commémoration de l’armistice, comment ne pas parler de la moto qui a gagné la Grande Guerre, la Triumph 550 type H dont plus de 30 000 exemplaires furent utilisés par les armées alliées. Ironie du sort. La marque, seule survivante des quelque 500 fabricants notables de motos en Grande-Bretagne durant le XXe [...]