
La moto japonaise dont on oublie trop souvent l’histoire, fête ses 110 ans en 2019, alternant des périodes de pure copie à des périodes de créativité, des années de marché ouvert vers le monde, et d’autres où l’île du soleil levant vivait en totale autarcie.

La première vraie moto japonaise est la très rustique NS de 1909 une 397 cm3 (76 x 87,5 mm) construite par N. Shimazu à Osaka. Le même pionnier dessine quatre ans plus tard la NMC (Nippon Motor Manufacturing) une 250 cm3 fortement inspirée de la Triumph. Seule la magnéto d’origine allemande n’est pas fabriquée au Japon.
Et puis vint la Myata. Ou plus exactement l’Asahi réalisée par Myata Works Ltd. On jurerait une Triumph 500 d’avant 1914 avec sa transmission directe par courroie et ce n’est pas un hasard. Monsieur Myata a en effet acheté une Triumph spécialement importée à un certain monsieur Maeda dans la ville voisine de Nagoya et en a fait réaliser des répliques. Vendues 420 yens (un policier de Tokyo touche alors un salaire mensuel de 8,50 yens !), elles vont équiper la police tokyoïte et serviront d’escorte au Premier ministre. Dans le Japon d’alors où le réseau routier est quasi inexistant et les villes inextricables, la moto est encore réservée aux services officiels. Myata va pourtant arrêter cette juteuse production en 1916 pour laisser place aux vraies Triumph désormais importées régulièrement. Myata réapparaît quelques années plus tard avec des produits nettement plus personnels sous les labels Asahi pour les motos et Myapet pour une gamme de cyclomoteurs et de cyclo-scooters qui deviendront extrêmement populaires. La marque Asahi existe toujours et fabrique aujourd’hui des bicyclettes.
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Le Japon, qui est devenu en quelques années une des grandes puissances économiques mondiales, ouvre ses frontières à la fin des années 10 et les motos étrangères sont importées par milliers. Elles proviennent en majorité des États-Unis tout proches (Harley et Indian exportent chacun un bon millier de machines par an au milieu des années 20), mais aussi de Grande-Bretagne, représentée par toutes ses grandes marques, et de Belgique (Saroléa, Gillet, Fn). Elles seront suivies un peu plus tard par les Husqvarna suédoises, les Moto Guzzi italiennes puis, en 1927, seulement, par les BMW allemandes. Fort de ces importations auxquelles s’ajoutent de plus en plus les fabrications des marques nationales naissantes, le parc total de véhicules passe de 12 700 unités en 1923 à 24 300 en 1924 !
Malheureusement épuisé, mais trouvable parfois chez les bouquinistes, le livre Motos Japonaises, 100 ans d’histoire par Didier Ganneau et François-Marie Dumas et publié par ETAI retrace toute l’épopée de la moto au pays du soleil levant depuis ses débuts.
