
Le film « de Gaulle » de Gabriel Le Bomin vient de sortir en salle avec un faux Charles de Gaulle tenu par un Lambert Wilson fort habilement postiché avec faux nez et vraies moustaches, on jurerait presque le vrai. En marge du sujet principal il faut absolument applaudir les efforts du réalisateur sur l’authenticité des décors et, en particulier des motos. C’est assez rare pour être signalé. Malheureusement vous ne verrez les vénérables Gnome et Rhône réquisitionnées pour le tournage que sur ce blog car dans le film leur passage se réduit à un éclair vrombissant d’une seconde. La Norton 16 H, quant à elle, apparait bien sur les dernières images pendant une quinzaine de secondes, mais de dos et de loin.
Photos DR, ministère de l’intérieur E. Delelis et archives moto-collection.org
Quelques photos du tournage avec les Gnome & Rhône 500 V2 et CV2 de 1933 strictement identiques à celles utilisées par la gendarmerie dans cette période troublée et confiées ici aux gendarmes Conchard et Wurz. La scène se situe en 1940 dans la cour de l’hôtel particulier du préfet de Paris que le ministère de la Guerre évacue pour se replier sur Bordeaux.
C’est vrai que d’habitude, si les films respectent plus ou moins l’époque des voitures, nos deux-roues sont les parents pauvres, remplacés au plus facile. Allez, on prend une Ural ou une Dnepr russe repeinte en kaki pour jouer le rôle d’une BMW R75 type Russie (voir Indiana Jones) et dans la célèbre Grande évasion, qui passe durant la guerre, Steve Mac Queen utilise une Triumph 650 TR 6 de 1962 repeinte couleur d’armée et soigneusement préparée. On a vu bien pire, mais qu’importe, le spectateur est censé ne pas faire la différence. Des fois, c’est aussi l’inverse et la vraie moto se transforme en fausse comme dans « La Gifle » (que donne en 1971 Lino Ventura à Isabelle Adjani), où une belle 350 Motobécane se transforme en épave de 250 Monet Goyon lorsqu’elle tombe dans une marre. Et les fautes de son sont tout aussi courantes par exemple dans « Il était une fois la révolution » de Sergio Leone en 1971 où une beau gros V twin américain style Indian Power Plus fait un bruit de MZ.
Et bien rien de tout cela dans « De Gaulle ». Ce sont deux vraies Gnome et Rhône authentiques qui attendent dans la cour aux mains des gendarmes Conchard et Wurz. La scène se passe en 1940, les Allemands vont envahir la capitale et le « encore colonel » Charles de Gaulle préside à l’évacuation vers Bordeaux du Ministère de la guerre alors établi dans la cour de l’hôtel particulier du préfet de Paris où on fait bruler les archives. On entrevoit, on aurait du voir plutôt, deux motos Gnome et Rhône lors de la sortie du général de Gaulle. Dommage la scène dont les photos sont publiées ici a été coupée. Les deux Gnome étaient des flat twin 500 V2 à soupapes latérales et CV2 à soupapes culbutée de 1933 pilotées par leurs propriétaires qu’on n’a guère l’habitude de voir en costumes de gendarmes, Jean-Claude Conchard, président de l’amicale Gnome & Rhône, et Thierry Wurz. On retrouve plus tard le même Jean-Claude Conchard, dans la Military Police cette fois, au guidon d’une Norton 16H accompagnant la voiture de Churchill pour récupérer la famille du général débarquée en Grande-Bretagne (La scène a été tournée en Normandie).
Photos d’époque cette fois, d’une Gnome & Rhône 500 CV2 aux mains des FFI en 1944, d’une Gnome & Rhône 750 X en 1945 avec une femme fêtant fièrement la libération en brandissant un drapeau français et du Général de Gaulle défilant entouré des Gnome & Rhône 750 X40 spécialement construites pour l’escorte… du maréchal Pétain.