Mondial de l’Auto et de la Moto : 120 ans, non, 124!

Le Mondial de l’Automobile fête ses 120 ans affirment les organisateurs. Ne se trompent-ils pas de date, car l’histoire des salons du cycle, de la moto et de l’auto débute quatre ans plus tôt. Coup d’œil dans le rétro.

Le premier salon organisé du 10 au 21 janvier 1894 par la chambre syndicale de l’industrie vélocipédique et de la locomotion automobile

En 1898, l’Automobile Club de France organisait dans le jardin des Tuileries à Paris le 1er Salon de l’Automobile. 120 ans, le compte est bon, mais son histoire est fausse, car il y eut auparavant cinq salons du cycle, ce terme regroupant alors tous les engins motorisés à deux, trois et quatre roues. Dès le départ, vélos, motos, tricycles et autos étaient intimement mélangés d’où un véritable imbroglio entre les premiers salons du cycle qui présentaient aussi autos et motos et les salons de l’automobile ouverts aux trois et deux roues ce qui explique le mauvais choix dans la date d’anniversaire fait par le Mondial. L’idée de ce « Salon du Cycle et de l’Automobile », l’appellation est d’époque, est due à Charles Bivort en 1893 et le premier salon organisé sous le haut patronage de la chambre syndicale de l’industrie vélocipédique et de la locomotion automobile a lieu du 10 au 21 janvier 1894 dans la déjà trop petite salle Wagram.

Le 2e Salon du cycle s'installe en 1894 au Palais de l'Industrie, tout en bas du Champ de Mars.
L'affiche de 2e salon du Cycle en octobre 1994.

Les années suivantes, le salon, qui connaît une vogue grandissante, émigre en bas des Champs-Élysées dans le Palais de l’Industrie construit pour l’exposition universelle à Paris en 1855 (la première d’une série de cinq !). La deuxième édition du salon y a lieu en octobre 1894, puis la troisième en décembre 1895. Inaugurée par le président Félix Faure, elle réunit 350 exposants et, pour la première fois, un tricycle à vapeur de Dion Bouton et deux motos : La formidable Félix Millet à 5 cylindres en étoile dans la roue arrière, exposée sur le stand des cycles Gladiator, et la « Pétrolette », présentée par Duncan & Superbie, qui est en fait d’une « Motorrad » Hildebrand et Wolfmüller allemande francisée pour la circonstance par ses importateurs. Pour la petite histoire, cette Hildebrand historique sera aussi deux ans plus tard, en janvier 1896, la première moto présentée au Japon où elle fait une démonstration à Tokyo.

La Hildebrand Wolfmüller présentée sous label "La Pétrolette" par Duncan & Superbe au salon de Cycle et de l'auto de 1895.
Le stand Gladiator au salon de 1896 (BNA Gallica)

Ce salon du Cycle, où apparaissent néanmoins des quatre-roues, est reconduit en 1895 et en1896, dernière année du salon au Palais de l’Industrie promis à la démolition pour laisser place aux Grand et Petit Palais pour l’exposition universelle de 1900. En 1897, suite à des conflits entre organisateurs et exposants, les Parisiens ont droit à deux (petits) salons. Le 5e salon du cycle, rebaptisé « Exposition des cycles et des sports », se tient rue de Berri au Palais-Sport, tandis que la salle Wagram accueille, le 30 décembre 1897, le 6e salon du Cycle et de l’Auto. L’exiguïté des lieux laissant trop peu de place aux automobiles, ce salon est surtout celui des cycles et des tricycles qui connaissent alors leur heure de gloire. Quelques constructeurs s’entêtent pourtant à construire des « bicyclettes à pétrole ». Parmi eux, les frères Werner qui présentent une sorte de Vélosolex avant l’heure avec son moteur au-dessus de la roue avant et un nom curieux « La Motocyclette« , marque déposée le 8 avril 1898.

La première Werner de 1898 invente le nom de la Motocyclette

Cette même année 1898, un 7e salon « du cycle, de l’Automobile et des sports » est organisé par la chambre syndicale du cycle devant l’École militaire, au bout du champ de Mars où il remplit un tiers de la colossale galerie des machines. On y admire les vélos, bien sûr, mais aussi les automobiles, Mors, De Dietrich, Éclair, La Parisienne, Georges Richard, etc. Enfin, du 15 juin au 3 juillet 1898 dans le jardin des Tuileries, voici la référence, celle dont les organisateurs du Mondial de l’auto et de la moto et du cycle fêtent aujourd’hui les 120 ans, « L’exposition Internationale d’Automobiles » organisée cette fois par l’Automobile Club de France. Elle accueille 140 000 visiteurs et présente 220 modèles qui ont obligatoirement effectué les 23 km du Paris-Versailles pour prouver leur bon fonctionnement.

Le salon de 1898 pris en référence comme premier du nom par le Mondial (avec un tri de Dion sur l'affiche !)

Sources bibliographiques :

La motocyclette en France par Jean Bourdache

Numéros spéciaux du Figaro – Exposition

« Le salon du cycle et de l’automobile » sur Le Sport universel illustré du 31 décembre 1898 dont l’article complet se trouve ICI

L’histoire des salons (abrégée) vue par le Mondial de l’auto et de la moto ICI

Le Mondial de l’Automobile fête ses 120 ans affirment les organisateurs. Ne se trompent-ils pas de date, car l’histoire des salons du cycle, de la moto et de l’auto débute quatre ans plus tôt. Coup d'œil dans le rétro. Le premier salon organisé du 10 au 21 janvier 1894 par la chambre syndicale de l’industrie [...]

« La piste aux records » au Café Racer Festival

Succès incontesté de « La piste aux records » l’exposition concoctée par votre serviteur pour le 6eCafé Racer Festival. Magnifiquement installée dans le « 1924 », ce grand pavillon ovale recouvert d’aluminium inauguré en 2014 et ainsi nommé bien sur en référence à la date de création de l’anneau de Linas-Montlhéry, l’expo n’a pas désempli du week end. « Jamais nous n’avions eu autant de visiteurs, dans le pavillon » reconnaissait l’une des responsables de l’Utac-Ceram qui gère le circuit.

Preuve est donnée que les fans de café racers s’intéressent aussi à l’histoire et la majorité d’entre eux le prouvait même en s’accroupissant devant les motos pour les détailler et lire le texte de présentation. Voici quelques photos d’ambiance pour vous faire patienter en attendant de revenir bientôt en détails sur les motos.

La Zenith 1600 Super Kim de 1927 devant le pavillon "1924"
Succès incontesté de « La piste aux records » l’exposition concoctée par votre serviteur pour le 6eCafé Racer Festival. Magnifiquement installée dans le « 1924 », ce grand pavillon ovale recouvert d’aluminium inauguré en 2014 et ainsi nommé bien sur en référence à la date de création de l’anneau de Linas-Montlhéry, l’expo n’a pas désempli du week end. « Jamais [...]

Gillet Herstal 600 des records 1928

Impossible d’imaginer une exposition sur les motos de records sans une représentante belge, car FN, Saroléa et Gillet les trois marques établies à Herstal-Lez-Liège en signèrent un bon nombre en particulier sur cet autodrome.

La Gillet 600 des records à Montlhéry pour ses tentatives en side-car avec, bien sur, René Milhoux au guidon.

Après avoir brillé dans les raids, Léon Gillet décide de s’attaquer aux records du monde en débauchant Marcel Van Oirbeek de la FN. Il lui demande de créer sur la base des 500 à bloc moteur quatre temps nés en 1926, deux modèles Compétition, l’un avec un arbre à cames en tête entraîné par arbre, l’autre à soupapes culbutées. Cette dernière conserve l’ensemble du bas moteur de la série, mais utilise la culasse du modèle ACT (avec bougie à gauche). Les deux 500 cm3 brillent sur les circuits et la version culbutée, portée à 598 cm3 (la course de piston passe de 90 à 108 mm) remporte la victoire au scratch et dans sa catégorie 600 cm3 avec side-car aux Bols d’Or 1928 et 29. Remaniée avec un énorme réservoir d’essence, elle participe à la moisson de 83 records signés par Gillet avec ses pilotes Milhoux, Debay et Sbaiz à la fin de l’année 1928 où tout le service course s’installe pour 3 mois sur l’anneau de Montlhéry.

Photo archives Yves Campion

La Gillet 600 restaurée, telle que vous la découvrirez au CAFÉ RACER FESTIVAL
Impossible d’imaginer une exposition sur les motos de records sans une représentante belge, car FN, Saroléa et Gillet les trois marques établies à Herstal-Lez-Liège en signèrent un bon nombre en particulier sur cet autodrome. La Gillet 600 des records à Montlhéry pour ses tentatives en side-car avec, bien sur, René Milhoux au guidon. Après avoir [...]

18 motos de record à Montlhéry les 23/24 juin 2018

Liste des 18 motos de record exposées à Montlhéry dans le cadre du CAFÉ RACER FESTIVAL LES 23 ET 24 JUIN PROCHAINS

1937 AJS 500 TT 

1954 BMW Side 500 Rennsport 

1928 Gillet 600 des records 

1938 Gnome Rhône 750X side Bernardet GS Avion

1934 Jonghi 250/350 double ACT 

1951 Koehler Escoffier 1000 Monneret

1924 Mc Evoy 1000cc Anzani 8 Valves 

1924 New Imperial 350 JAP double ACT 

1938 Nougier 125 double ACT records 

1956 NSU 250 Sportmax records Monneret 

1930 OEC-Temple 1000 Jap de Joe Wright 

1934 Peugeot 500 P515 records 

1951 side Imperial Belgique

1949 Triumph 650 Thunderbird usine

1938 Triumph 500 Speed Twin compresseur

1949 Vincent 1000 Black Lightning Dearden 

1926 Zenith 1000 JAP – Temple 

1927 Zenith 1600 Super Kim 

OEC 1000 JAP J Wright-1930
BMW 500 Rennsport 1954
Gillet 600 records 1928
Liste des 18 motos de record exposées à Montlhéry dans le cadre du CAFÉ RACER FESTIVAL LES 23 ET 24 JUIN PROCHAINS 1937 AJS 500 TT  1954 BMW Side 500 Rennsport  1928 Gillet 600 des records  1938 Gnome Rhône 750X side Bernardet GS Avion 1934 Jonghi 250/350 double ACT  1951 Koehler Escoffier 1000 Monneret 1924 [...]

Christian Rey

Mon ami Christian Rey nous a quittés le 17 mars dans sa 87e année. Christian Rey, vous le connaissez tous, sans même peut-être le savoir, car vous avez tous sûrement lu ses écrits et toute l’histoire de la moto en France dans les dernières cinquante années du XXe siècle lui doit beaucoup. Dans l’immédiat après-guerre il est engagé par Moto Revue comme stagiaire par son oncle Camille Lacôme, fondateur et directeur de la célèbre revue à couverture rouge. Christian en deviendra rédacteur en chef dans les années 50. A cette époque, où aucun article n’était signé en clair, Christian se dissimulait sous ses initiales, C.R. ou le pseudo André Cam, comme Junior était Jean Bourdache et JPB, Jean-Pierre Beltoise que Christian Rey était très fier d’avoir engagé pour les essais. Fâché avec son oncle, Christian Rey quitte Moto Revue en octobre 1968 pour créer la Revue Moto Technique sous l’égide de son ami Roger Brioult directeur des éditions ETAI. Le premier numéro paraît en 1970 et Christian dirigera la revue jusqu’à sa retraite à l’aube des années 2000. Passionné aussi par l’histoire de la moto, il publie en 1976 un magnifique ouvrage « Les vraies motos » chez Edita-Vilo et nous nous retrouvâmes bien souvent lors des manifestations consacrées à la moto ancienne. C’est grâce à lui aussi que vous lisez depuis longtemps mes articles. L’histoire remonte à un beau jour de 1971 où Moto Revue passa une petite annonce pour rechercher un rédacteur. Passionné de moto et végétant mes 25 ans dans un boulot d’employé particulièrement barbant, j’allais, sur les conseils d’un ami, frapper à la porte de Christian Rey, alors rédacteur en chef de la revue Moto Technique et que je ne connaissais absolument pas. C’est sur ses conseils que je tentais l’aventure. Bonne pioche, Moto Revue submergé de candidatures me choisit finalement. Christian est vite devenu un ami très proche et je lui serai reconnaissant à jamais de m’avoir poussé vers ce formidable métier et de m’avoir transmis ce précepte que je répète depuis à tous les jeunes qui me demandent conseil : chercher avant tout à travailler dans sa passion plutôt qu’à devenir riche le plus rapidement possible. La vie est trop courte.

Assis derrière moi, Christian Rey vérifie le confort offert par la place passager lors de l’essai presse de la Honda 500 Turbo au Japon en 1981.

Réunion historique le 1er avril 1952 pour l’inauguration de la station-service Ydral qui réunit nombre des principaux acteurs du monde de la moto française dans les années cinquante et tous les protagonistes qui ont marqués la carrière de Christian Rey. De gauche à droite : Roger Brioult avec qui Christian Rey créera la Revue Moto Technique en 1970, Camille Lacôme, oncle de Christian Rey, fondateur et directeur de Moto-Revue, Paul Ladevèze, champion de moto-cross, Roger Court, journaliste à Motocycles, Christian Rey, alors rédacteur en chef de Moto-Revue, un inconnu caché, Georges Agache, un autre inconnu, Jackeline Bouillard, fille d’Anatole Lardy fondateur des Éts. Lardy (moteurs Ydral) et Jean Bouillard, directeur commercial Lardy, André Nebout dit « Tano », pilote et journaliste à Motocycles, André Louveau, directeur technique de Lardy, un inconnu, et Max Enders, patron de la revue Motocycle. Photo extraite du livre « Ydral » de Catherine-Sophie Bouillard.

Christian Rey sur la Jawa 500 type 15 bicylindre lors d’une visite des usines Jawa et CZ en 1956.

Circuit de Pau, 5 avril 1953. Christian Rey (à l’extrême gauche) recueille les derniers échos de la course des 500 cm3 avec, de gauche à droite, les Monneret père et fils, Pierre, casque à la main qui a fini 2e sur la 500 Gilera quatre cylindres, son frère jumeau Jean demi-caché derrière, Georges, clope au bec comme d’habitude, qui sort d’une 3e place sur Guzzi en 250 cm3 et Auguste Goffin, 1er en 500 sur Norton Manx.

Christian Rey alors rédac’chef de Moto Revue, pose devant la vitrine de l’importateur Clément Garreau sur une Norton 500 Dominator qu’il va essayer habillée d’un imposant carénage Avon Streamliner.

En 1950 avec Georges Monneret sur l’autodrome de Linas-Montlhéry.

En conversation avec Daniel Lhéraud, champion de France 250 sur Yamaha en 1966 et 67.

Avec Georges et Philippe Monneret au début des années 70 à Montlhéry.

1992, Christian en pleine prise de vue. Il faut dire que la rarissime Clément 350 bicylindre culbutée de 1913 est particulièrement attirante.

Mon ami Christian Rey nous a quittés le 17 mars dans sa 87e année. Christian Rey, vous le connaissez tous, sans même peut-être le savoir, car vous avez tous sûrement lu ses écrits et toute l’histoire de la moto en France dans les dernières cinquante années du XXe siècle lui doit beaucoup. Dans l’immédiat après-guerre [...]