Villa d’Este 2017: suite en images

Je vous ai présenté dans l’article précédent les grandes stars des motos du tour du monde présentées au concours de motocyclettes de la Villa d’Este, mais cinq autres classes s’exposaient aux côtés de cette catégorie phare. Résumé en images.

Un petit tour à la Villa d'Este voisine pour montrer au automobilistes enqcravatés qu'on sait aussi s'amuser côté moto.

Un petit tour à la Villa d’Este voisine pour montrer aux automobilistes encravatés qu’on sait aussi s’amuser côté moto.

Scooters des fifties : les autres

Cette catégorie réunissait quelques-uns des plus beaux scooters des années cinquante qui n’ont connu qu’un succès limité en dépit de leur valeur. La palme fut décernée à l’unanimité au 175 cc Bastert, le chef d’œuvre du designer français Louis Lepoix qui ne fut construit qu’à 1200 exemplaires. Ce superbe témoignage de la grande vogue des scooters GT dans l’Allemagne de l’après-guerre se distingue par une carrosserie entièrement en tôle d’aluminium et un grand luxe dans sa finition et tous les détails d’équipement. Il était présenté par le musée « Scooters & Lambretta » à Rodano près de Milan.  La seconde marche du podium fut occupée par le 175 Prina Oryx de 1951, une sorte de sculpture sur roulettes aux lignes très inspirées par l’aéronautique avec un petit côté sexy mis en valeur par le très bel emblème de la marque. À ses côtés et issu de la même collection Scarpetti, le 150 SAI Ambrosini de 1951, de lignes similaires et plus torturées, y ajoutait tout un kit d’accessoires d’époque dont un superbe transistor fixé au guidon. Si le Rumi 125 Scoiatolo, comme neuf, reçut le troisième prix, parce qu’il fallait bien faire un choix, les autres participants, le Salsbury 85, super scooter américain de 317 cc, le Gianca 100 Nibbio, concurrent malheureux du Vespa présenté en 1946 quatre mois avant lui, n’ont échappé aux podiums que par des détails.

Les liens en bleu renvoient aux fiches et descriptions techniques et, comme d’habitude, il faut cliquer sur les photos pour accéder au diaporama avec les légendes.

Scamblers nippons

La mode des scramblers qui revient aujourd’hui a inspiré cette rétrospective qui nous a permis de découvrir des versions fort peu courantes, car réservées pour la plupart au marché américain des années 60. La plus rare était sans conteste la Yamaha 305 cc bicylindre YM2C apportée par Peter Abelmann, qui ne fut produite qu’une année en 1967 avant d’être remplacée en 1968 par la 350 YR2C. Face à ce deux temps, la Honda 305 CL77 de 1967 est à mon sens l’une des plus belles machines de son époque. Ce modèle, introduit en version 250cc avec la CL72 en 1962, inaugurait un nouveau cadre en tube remplaçant ceux en tôle emboutie utilisés précédemment. Il laisse place en 1965 à cette 305 cc dont 66 757 exemplaires seront vendus en quatre ans. La comparaison était fort intéressante avec la Honda twin CL 350 beaucoup plus connue, exposée à ses côtés, mais c’est la Bridgestone 175 Hurricane bicylindre deux temps à distributeurs rotatifs de 1967 que nous retînmes pour la troisième place.

Japonaises rhabillées

Une bonne idée que cette catégorie réservée aux motos japonaises des années 70 revues et corrigées par les Européens, c’est pourtant celle qui prête le plus à la critique. Une exposition aussi prestigieuse que celle-ci ne doit admettre que des machines exceptionnelles et dans un parfait était d’origine et cette exigence doit être encore plus sévère pour les motos les plus modernes. Comme l’an passé, ce n’était malheureusement pas le cas pour certains des modèles présentés. La vedette était la rarissime Bimota HB1 de 1975, restaurée avec quelques accessoires d’époque dont on retient le beau réservoir d’huile en aluminium devant le carter moteur. On ne fera aucune critique à la Honda 750 Rickman, par contre la Egli 750 pêchait par un polissage un poil excessif.

Nouveaux Concepts

De nouveaux concepts et une nouvelle catégorie appelée à se développer dans le concours de la Villa d’Este, mais dont la définition gagnerait à être plus précise. Difficile de comparer une étude de style pour un modèle ayant été commercialisé depuis, une maquette futuriste préfigurant un avenir possible, ou une autre montrant une simple évolution d’une moto existante. Tous ces projets ont leur intérêt, mais ils ne jouent pas dans la même cour. En l’occurrence il était bien ardu de faire un classement dans cette catégorie qui ne présentait que quatre concurrents… cinq si l’on y rajoute le scooter électrique BMW hors concours. Le public qui lui aussi votait pour élire sa moto préférée (toutes catégories confondues) et le jury pour cette catégorie choisirent le Café Racer Ducati 800 réalisé par le bureau de design Ducati au sein de l’Audi Konzept Design de Münich. Une séduisante réalisation, attractive par ses détails, élégante et bien proportionnée sans toutefois apporter de révolution ou de réelle nouveauté. Le deuxième prix revient à un projet présenté par Kiska design de Salzbourg, le célèbre créateur des KTM qui signait ici une Husqvarna baptisée Aero Concept dont les lignes fluides tranchaient avec celles le plus souvent agressives et à angles vifs propres à ce bureau de dessin. Un drôle d’équilibre quand-même avec ce nez de carénage reporté très en avant tandis que l’arrière très court s’arrête au-dessus de l’axe de roue. Je ne suis personnellement guère séduit. Tous, par contre, s’accordaient à reconnaître la perfection du projet Desert Sled, concocté lui aussi par un bureau de design Ducati, mais cette fois chez le VW group of America. Parfait, fignolé dans les plus minimes détails, ce projet si sophistiqué en devenait irréalisable à un coût acceptable. Conçu et développé à peu près en même temps que le Scrambler Ducati récemment commercialisé, c’est un superbe exercice de style que ne peut prétendre être une vision d’avenir. Aprilia, enfin présentait une sorte de sculpture futuriste déjà vue dans les salons. Une magnifique expression des maîtres mots qui ont présidé à la naissance de la RSV4 : légèreté, mécanique, dynamique, cet exercice de style était toutefois trop loin de la réalité pour séduire.

Reste le scooter électrique BMW « Concept link » hors concours bien évidemment, car la marque est également organisatrice de l’évènement. Bien plus qu’un C-Evolution redessiné, c’est vraiment un nouveau concept qui nous laisse imaginer un gros scooter électrique plus tourné vers les besoins quotidiens des utilisateurs avec des rangements nombreux et pratiques même s’ils doivent se faire au détriment de la taille de la batterie, donc de l’autonomie. On aime ou non ses lignes futuristes et aiguisées, mais force est de reconnaître que le bureau de design BMW présidé par Edgar Heinrich a réussi un certain tour de force en arrivant à trouver un style autour d’un énorme caisson central contraint par l’électrique et de deux petites roues de scooter. On y trouverait même presque une certaine légèreté avec cette selle comme suspendue et les larges ouvertures dans le museau. Le jeu n’était pas facile.

Je vous ai présenté dans l’article précédent les grandes stars des motos du tour du monde présentées au concours de motocyclettes de la Villa d’Este, mais cinq autres classes s’exposaient aux côtés de cette catégorie phare. Résumé en images. Un petit tour à la Villa d'Este voisine pour montrer aux automobilistes encravatés qu'on sait aussi [...]

Hausman : un scooter hors normes

Pendant plus de quinze années à Prague, Jaroslav Hausman a tenté de réaliser le scooter idéal… malheureusement il avait l’esprit très torturé.

Jaroslav Hausman, né en 1907 à Prague, devient célèbre par ses exploits motocyclistes, comme aviateur puis comme journaliste. Une grande idée le turlupine qu’il va réaliser après la seconde guerre dans une Tchécoslovaquie qui ne pense pourtant pas au luxe : créer un châssis de scooter qui libère le plus de place possible pour le pilote et ses bagages. Il élucubre donc une drôle de partie cycle, ancêtre du « Lateral frame concept » dont j’ai pondu l’idée pour la Yamaha FJ 1100 de 1984, mais cette fois en version taille basse. L’idée de base est un cadre qui entoure la moto et supporte moteur et direction « de l’extérieur » avec pour pièce maîtresse un grand ovale en tube au niveau des axes de roues et une arche verticale derrière l’avant. La direction à moyeu pivotant est commandée par un assez complexe système de biellettes de renvoi et la  roue est portée par un bras oscillant quasi circulaire laissant ainsi la place pour un rayon de braquage correct. Vous avez compris, si on tourne le guidon à droite… ça pousse la biellette brillante du haut vers la droite, ça fait pivoter la tige verticale dans le sens inverse des aiguilles d’une montre… et elle tire la biellette brillante du bas vers l’arrière. Ce qui fait tourner la roue à droite. C’est à peu près ce qu’on cherchait à faire !  Et en plus ça marche aussi à gauche !

Jaroslav Hausman construit son premier châssis externe ovale en 1942 et son premier scooter à carrosserie couleur argent marquée d’un éclair rouge baptisé Rodeo, est prêt en 1945 animé par un vieux moteur Jawa 250. Le Rodeo 2 de 1952 ici photographié et magnifiquement restauré par restauré Miroslav Matysky a un moteur CZ 150 cc. Dans la deuxième moitié des années 50, Jaroslav Hausman, têtu, réalisera une troisième et ultime version , le Rodeo 3, cette fois animé cette fois par un moteur Jawa 250 logé dans une partie cycle de même dessin, mais réalisée en tubes rectangulaires.

Cliquez sur les photos ci-dessous pour les agrandir et accéder aux légendes.

Merci pour les photos couleur et les renseignements à Libor Marčik et pour tout apprendre sur cet Hausman et une centaine d’autres motos tchèques, rendez-vous sur son site :  http://www.libormarcik.cz

Pendant plus de quinze années à Prague, Jaroslav Hausman a tenté de réaliser le scooter idéal… malheureusement il avait l’esprit très torturé. Jaroslav Hausman, né en 1907 à Prague, devient célèbre par ses exploits motocyclistes, comme aviateur puis comme journaliste. Une grande idée le turlupine qu'il va réaliser après la seconde guerre dans une Tchécoslovaquie qui ne [...]

BSA 200 Beeza 1955 : le “flat one” Briton

BSA fait son entrée sur le marché du scooter au salon de Londres en novembre 1955 avec deux modèles aussi novateurs qu’originaux, le Dandy, 70cm3 deux temps et le Beeza, 200 cm3 quatre temps à soupapes latérales dont le cylindre est couché coté gauche: intéressant, mais stupide !

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Erreurs politiques : Très actifs et créatifs lors du premier âge d’or du scooter de 1913 à 1923, nos amis britanniques manquent totalement le coche des années 50, en voulant trop bien faire pour les grandes marques ou par manque de moyens financiers pour les nombreux petits constructeurs qui ne connaissent qu’un succès modeste et exclusivement national. Le marché du scooter n’explose pas en Grande-Bretagne comme il l’a fait en Italie, au Japon puis en France, en Allemagne et en Espagne, car la Grande-Bretagne est en effet beaucoup plus riche que les pays latins au sortir de la guerre. Bien aidés par les milliards du plan Marshall, les constructeurs automobiles ont commercialisé rapidement des petites voitures économiques tandis que les BSA, Triumph, Velocette et consorts, qui ont fourni les armées et n’ont pas arrêté leur production durant la guerre, reviennent avec de vraies motos. Au milieu des années 50 les grandes marques de motos anglaises commencent quand même à s’intéresser à ce marché des scooters ; c’est le cas entre autres de Velocette avec son Viceroy flat twin deux-temps et de BSA fin 1955 avec le 200 cc Beeza et le 70 cc Dandy. Faux départ. Les deux grands spécialistes de la moto présentent des mécaniques sophistiquées et aussi intéressantes qu’originales, mais ces choix vont contribuer à créer leur perte.

La palme revient au Beeza qui nous occupe ici: luxe et débauche technologique à tous les étages. C’est beau, logique, intelligent et totalement impossible à produire, car bien trop cher. Les dirigeants de la firme le comprendront et feront même publiquement leur autocritique, ce qui ne les empêchera pas de réitérer quelques années plus tard avec la BSA 250 bicylindre Sunbeam. BSA rejoint avec la Beeza le petit clan très fermé des constructeurs de « flat one » c’est-à-dire de moteurs avec un cylindre horizontal et transversal. Une disposition qui prend tout son intérêt en scooter où la compacité de la mécanique est une priorité. Le premier scooter à opter pour ce concept fut le Ducati Cruiser de 1951, BSA le suit en 1955 puis l’idée est reprise en 1957 par NSU avec son Prima V. Pour une compacité maximale, BSA a non seulement disposé son cylindre transversalement, mais il a aussi opté pour une distribution à soupapes latérales. Le Beeza peut ainsi s’enorgueillir d’avoir failli être l’un des derniers quatre-temps à soupapes latérales de l’histoire. Une exclusivité qu’il eut partagée avec plusieurs scooters américains et japonais de la même période, une Ratier 750 produite jusqu’en 1957 et bien entendu quelques Harley Davidson et copies chinoises des BMW R12.

Une inclinaison des soupapes à 45 ° permet de conserver une forme rationnelle de la chambre de combustion tandis que l’alignement du vilebrequin, de la boîte à quatre vitesses commandée au pied et de la transmission finale par arbre aide encore à la compacité en ne nécessitant qu’un seul couple conique. Comble du modernisme il y a un démarreur électrique. La partie cycle est tout aussi originale avec un cadre plutôt simpliste constitué d’un simple tube dédoublé auquel est suspendu le bloc moteur transmission oscillant. Les superbes roues de 12 pouces en tôle ajourée sont interchangeables. Suspension avant et arrière font appel à des blocs caoutchouc qui travaillent en torsion. La mariée était hélas trop belle… sa mise en production aurait coûté beaucoup trop cher et elle ne vivra que le temps des salons fin 1955. Les quelques exemplaires construits seront ferraillés.

Fiche technique BSA 200 Beeza 1955

Moteur 4 temps monocylindre à plat transversal – Alésage x course : 66 x 58 mm – Soupapes latérales inclinées de 45 ° – Boîte 4 vitesses par sélecteur au pied – Transmission par arbre et couple conique – Démarreur électrique – Allumage batterie-bobine – Cadre en tubes et tôle emboutie – Suspension avant à roue poussée et ressorts en épingle, arrière bloc moteur oscillant monoamortisseur– Roues interchangeables en tôle d’aluminium – pneus 3,50 x 12 – 123 kg à sec

BSA fait son entrée sur le marché du scooter au salon de Londres en novembre 1955 avec deux modèles aussi novateurs qu’originaux, le Dandy, 70cm3 deux temps et le Beeza, 200 cm3 quatre temps à soupapes latérales dont le cylindre est couché coté gauche: intéressant, mais stupide ! Cliquer sur les images pour les agrandir et accéder [...]

Hummer et Topper : les petites Harley

Hummer, vous le connaissez tous, c’est le plus monstrueux des 4×4 d’Outre Atlantique… et, paradoxalement, ce fut aussi le nom de la plus malingre des Harley-Davidson jamais produites. Photos et archives fmd/moto-collection et Bourdache (zhumoristenouveau) – Les liens en bleu renvoient aux descriptions des machines concernées  À la fin de la Seconde Guerre mondiale, Harley-Davidson (comme Indian […]

MV Agusta : Les vacances de monsieur Remor

Le nom de MV Agusta évoque instantanément ses motos de courses, à la rigueur ses modèles de route sportifs, et, plus rarement, ses motos utilitaires et les scooters de la marque dans les années 50 et 60. Oubliez tous ces deux roues. La MV du jour est une voiturette conçue par Remor, le père des […]