Gilberto Parlotti

Il y a 50 ans, le 9 juin 1972, Gilberto Parlotti se tuait au Tourist Trophy de l’Île de Man. Je me souviens fort bien avoir fait, juste avant le départ de ce TT 1972, le tour des pilotes en me demandant  lequel disparaîtrait cette année-là car c’était de fait une triste habitude qui se perpétuait à chaque TT de voir des pilotes victimes de chutes mortelles. Cette année-là ce fut Gilberto Parlotti. Ecoeuré, je décidais peu après de ne jamais plus aller voir le TT de l’Île de Man. Les courses de motos sont dangereuses, on le sait, et, heureusement considérablement moins aujourd’hui, mais ces épreuves sur route ouverte était vraiment une sorte de roulette russe, et je n’ai guère d’attirance pour ce jeu. Dommage, l’Île de Man, son ambiance pendant les courses et ce circuit magique sont un vrai paradis pour le motard, mais pas quand on est forcé d’y faire le meilleur temps avec le risque de se retrouver dans un tout autre paradis. Bref, tout ceci n’engage que moi et ce cinquantenaire de la disparition de Gilberto Parlotti est l’occasion de revenir sur la carrière de ce pilote exceptionnel grâce à cet article écrit pour moto-collection.org par mon ami Franco Damiani di Vergada.

F-M.D

Texte : Franco Damiani di Vergada

Photos : archives Ufficio Storico Moto Club Trieste

Gilberto Parlotti sur la Ducati 250 privée à Riccione en 1967

Arrivé très jeune à Trieste de la province de Trévise avec une grande famille très impliquée dans la mécanique, Gilberto Parlotti est très vite remarqué pour son pilotage hors du commun. Il acquiert sa popularité en Yougoslavie au sein d’une équipe formée dans les années 1960 à Trieste grâce au mécènat de Piero Ostuni avec une belle série de victoires en dépit de moyens limités. Chaque moto entre ses mains semblait magiquement plus rapide. Dans la grande crise que subit le secteur de la moto de 1958 à 68, il réussit à briller parmi les nombreux pilotes privés dans les courses nationales, dans lesquelles il est engagé par son ami Rinaudo, du Moto Club de Trieste.

Avec le petit Tomos 50, il est champion d'Italie en 1969 et 1970

Bien qu’il n’ait pas eu de moto d’usine, Parlotti est appelé à plusieurs reprises par les constructeurs pour « donner un coup de main » sur les circuits les plus difficiles et, à l’époque, dangereux. Provini étant blessé, il court ainsi avec sa 250 Morini double ACT et remporte le Grand Prix de Yougoslavie à Opatija en 1965. Il s’illustre ensuite sur la Ducati 500 bicylindre à ses débuts, avec le Derbi 50 sur lequel il finit deuxième derrière le champion du monde Angel Nieto, et surtout avec la Benelli 250 quatre cylindres pour permettre au constructeur de Pesaro et à son pilote Carruthers de remporter le championnat du monde. À cette occasion, sur le dangereux circuit routier d’Opatija, Gilberto a fait une course mémorable en accompagnant Carruthers vers la victoire et en battant le record du tour.

Autre exploit : celui des deux victoires internationales, sur les circuits de Romagne, avec la Yamaha 250 privée qui lui a été prêtée par son ami pilote Visenzi, et avec laquelle il bat les Yam officielles. Mince et de petite taille, Parlotti était un véritable athlète et grâce à sa forme physique il fut l’un des rares pilotes à avoir remporté des victoires dans toutes les cylindrées alors prévues dans les courses de vitesse (50, 125, 175, 250, 350, 500 et 750). Devenu un pilote officiel Tomos avec Rinaudo, Il a remporté deux fois le titre italien 50 cm3  en 1969 et 70, et se fait aussi remarquer dans les épreuves du Championnat du Monde. Chez Tomos, l’ingénieur Janez avait coutume de répondre à ceux  qui lui demandaient comment les Tomos suivaient les Derbi, Yamati et Kreidler bien qu’ils soient clairement moins puissants, que les chevaux qui manquaient étaient dans le corps de Parlotti !

La première victoire au championnat du monde de la combinaison Parlotti-Morbidelli au GP de Tchécoslovaquie à Brno en 1970

Dans la deuxième partie de sa carrière, Parlotti trouve de meilleures opportunités. Il rejoint la toute nouvelle écurie Morbidelli et monte régulièrement à la fois sur les podiums en 50 et en 125 cm3 lors des courses du championnat italien. Bien que la 125 soit encore à affiner, il remporte le Grand Prix de Tchécoslovaquie en 1970. L’année suivante, il est sacré champion d’Italie (en remportant presque toutes les courses) et gagne le Grand Prix d’Italie à Monza avec un record invaincu depuis 10 ans. Toujours en 1971 avec la 125 Morbidelli, il finit deuxième au Grand Prix d’Autriche et d’Allemagne et, avec la Derbi 50 au GP de Suède dans lequel il était dans la roue de Nieto.

Avec son 1,65 m et ses 55 kg Gilberto Parlotti fait tout petit sur la 750 Honda avec laquelle il remporte ici une course de production à Monza en 1970
Une lutte mémorable tout au long de la course au GP d'Autriche sur le Salzburgring en 125 entre Sheene, Parlotti, Nieto, Braun et Mortimer. Gilberto Parlotti sera deuxième à quelques centièmes de Nieto.

En ’72, le duo italien de la 125 commence en fanfare en remportant les deux premiers Grands Prix (en Allemagne sur le Nürburgring et en France à Clermont Ferrand)) et dans la course internationale de Zeltweg en Autriche. A Clermont-Ferrand, il établit le record du tour devant 50.000 spectateurs et au Nürburgring une plainte est déposée pour vérifier la cylindrée du Morbidelli, qui dans les deux GP avait 18 et 20 secondes d’avance sur Chas Mortimer, mais le Morbidelli s’est avéré conforme. Grâce à ces victoires et à la deuxième place obtenue au G.P. d’Autriche et la troisième au G.P. d’Italie à Imola, avec le tour le plus rapide, Parlotti est en tête du Championnat du Monde avec une bonne marge sur tous ses adversaires. A Imola, il chute en se battant avec Nieto puis récupére ensuite une troisième place et le champion espagnol veut que son ami et rival Gilberto Parlotti soit sur la plus haute marche du podium en tant que vainqueur moral. Puis vient l’épilogue tragique du Tourist Trophy sur l’île de Man, le difficile et dangereux circuit routier de plus de 60 km où Gilberto n’avait jamais couru. Après de longues reconnaissance avec son collègue expert et ami Giacomo Agostini, Parlotti mène la course avec 30 secondes d’avance sur les poursuivants. Il est alors champion du monde virtuel, quand il entre sur les hauteurs de Verandah dans une nappe de brouillard tombé soudainement et dont il ne pourra jamais sortir.

Parlotti sur le podium du vainqueur, devant Angel Nieto et Barry Sheene à Monza lors du G.P. des nations de 1971. Son record avec le Morbidelli 125 restera invaincu pendant 10 ans.
Dans les premiers tours du circuit routier de Sanremo 1971, Roberto Gallina (Paton) occupe la première place devant Agostini (MV), suivi de Parlotti et Read avec le nouveau bicylindre Ducati 500 qui a fait ses débuts en Yougoslavie avec la victoire de Parlotti. Agostini, Read et Parlotti monteront sur le podium.

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One thought on “Gilberto Parlotti

  1. jackymoto dit :

    C’est beau des motos et des pilotes sans publicités!
    Beaucoup de circuits de l’époque étaient vraiment dangereux…le TT l’est toujours,
    mais c’est un sacré circuit.