Il y a les grandes manifs où on entrevoit vite fait toutes ses vieilles connaissances ou presque, et puis des réunions, comme celle que nous vécûmes à Issoire les 11 et 12 mars derniers, avec, seulement, une petite centaine de motos anciennes de toutes époques et leurs propriétaires ou pilotes, bref, tous les copains avec qui on n’avait eu, depuis des lustres (et je n’ose pas vous dire combien !), l’occasion de s’en dire autant. Sûr, leurs motos brillent plus qu’avant, ils se sont teint les cheveux quand ils les ont gardés et ont du mal à fermer leur combinaison, mais ils courent encore, n’est-ce pas le principal…? Pour reprendre les mots d’un excellent sketch de Philippe Noiret, « j’en ai même rencontré un qui avait tellement vieilli qu’il ne m’a pas reconnu ! ».
Par FMD
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Le moteur AMC 175 cm3 à double ACT est une rareté, mais quatre d’un coup, c’est du jamais vu et il y en aurait dit-on un cinquième… ce sera pour les les prochaines journées mécaniques d’Issoire. La première née de ces AMC est la DS Malterre noire en 2e position qui est celle de Jean Mathieu tandis que la noire à réservoir rouge, courut au Bol d’Or, mais avec le moteur 250 cm3 simple ACT.
De droite à gauche devant la But 350 de 1979 tout juste restaurée, Eric Offenstadt, l’invité vedette, Bertrand Barraud, le maire d’Issoire qui finance la manifestation et Jean-Marc Brionnet à qui nous devons l’organisation (avec Christine !) de la réunion d’anciennes, des très très vieilles aux motos de course des années 80.
Invité vedette, Eric Offenstadt se prêta à un long interview par Jacques Bussillet que je vous engage à aller voir sur Bike70. Il y raconte en détails et avec une vision très réaliste toute sa carrière depuis ses succès en automobile, ses débuts en moto sur Morini 175 Settebello, puis ses multiples expériences et recherches des cadres poutre aux cadres coques pour terminer par l’étonnante Geco également exposée à Issoire. L’Eric Offenstadt qu’on a connu péremptoire et plutôt critique envers les concepts techniques des grandes usines, y revient avec franchise sur ses erreurs et ses errements tout en restant fier d’être arrivé à définir enfin et breveter les principes qui lui sont chers sur les liaisons au sol et les interactions entre les suspensions avant et arrière. Des brevets qui, annonce-t-il, viennent de lui être rachetés par une grande marque japonaise d’Hamamatsu que je ne citerai pas.
Eric Offenstadt, champion de France Inter 250 cm3 en 1961 sur Aermacchi, pose ici sur une 250 Ala d’Oro formule Sport de 1963 sur laquelle courut Alain Barbaroux en 1964.
« Fantastique ! C’est un vrai vélo, tout tombe en place, je me suis éclaté ! » crie Eric Saul à Giancarlo Perico en descendant après quelques tours sur la MV Agusta 500 trois cylindres de Jean-Marc Brionnet, son très récent propriétaire. D’accord, c’est une reconstruction annoncée comme telle, mais une reconstruction bien spéciale car c’est la 5e d’une série de 8 répliques commandées par Agostini à Castiglioni, alors patron de MV Agusta.
Une des grandes vedettes de l’exposition, la Janoir 965 cm3 flat twin de 1920, roule enfin, après une longue et difficile restauration par Gérard Cabrol. ici au guidon. La position de conduite va parfaitement avec la vitesse atteinte !
Restons dans les années 20 avec la rare version sport en 600 cm3 de la Koehler Escoffier Mandoline .
Souvent vue sur moto-collection.org, la Koehler Escoffier 500 Championne de France en 1930 avec Marcel Chateau nous révèle un détail peu usuel sur sa plaque constructeur qui note fabriquée à Charnay-les-Mâcon où se trouvait de fait le « service course » en 1930. Les Koehler d’avant indiquent plutôt « Raymond Guiguet, constructeur à Lyon » et les dernières 1000 se localisent à Mâcon, chez Monet Goyon qui a racheté Koehler.
Encore une Koehler, la 1000 quatre tubes de 1929 de Dominique Buisson, très affairé ici avec ses chiffons pour essuyer la belle qu’il vient de faire suer son huile en quelques tours de circuit. La 1000 a heureusement un bon frein moteur, car il ne faut pas trop compter sur le ridicule petit tambour en tôle, qui fait face ici au beau Fontana double double came équipant la 500 Paton de 1968 ex André-Luc Appietto.
L’Alcyon 350 Grand Prix à simple ACT de la collection de Jean-Marc Brionnet, ici aux mains de René Bayssat, son mécano attitré, a reçu un nouvel échappement en (grosse) queue de carpe.
Issoire réunit un parc de motos de course française hors du commun. Ici, aux mains de Claude Caucal, la Jonghi 350 TJ4 à double ACT au palmarès époustouflant de 1934 à 38.
Cette Terrot 350 HCP à double échappement, sortie au début de 1933, est un modèle marquant, car il fut la première compétition-client sous cette appellation HCP. C’est aussi un vrai plaisir de voir de plus en plus de jeunes collectionneurs en piste comme Antoine Malfois, pilote et propriétaire de cette belle Terrot.
Bonne surprise, toujours à propos des motos françaises, le musée aéronautique et spatial Safran, autrement dit le musée Gnome & Rhône à Réau sous la houlette de son nouveau directeur Christophe Lorrière a décidé de mettre toutes ses motos en ordre de marche et de participer régulièrement aux manifestations de motos anciennes. L’équipe du musée avait apporté 7 motos dont cette superbe 175 R4 carénée de 1957 présentée par Christophe Lorrière, une 500 D3 de 1929 à soupapes latérales, une 350 cm3 de 1933, une 800 AX 2 de 1936, une 250 Junior à cadre en tôle de 1933, une 175 préparée course des années 50 et un vélo V14 à moteur Le Poulain et cadre en alu de 1950.
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Je ne saurais terminer ce tour de piste des motos françaises sans citer la Nougier quatre cylindres 350 cm3 enfin reconstruite, ou plutôt terminée de construire, par Claude Caucal. Elle fut présentée pour la première fois sur ce même circuit l’an dernier et elle y fit cette année quelques timides premiers tours handicapée par des réglages de carburation à peaufiner.
Un circuit, c’est fait avant tout pour rouler, mais une belle brochette de machines plus vieilles ou non roulantes s’exposait dans le grand hall. Peugeot bicylindre à 2 ACT de 1913, Peugeot monocylindre de 1903, Viratelle 350 de 1919, Vincent 1000, Terrot 350 HCP usine 1933 et 175 CCP ex Padovani, etc.
Je vous ai beaucoup parlé des motos françaises, mais de belles étrangères étaient aussi venues gouter du bitume issoirien comme cette très belle AJS 350 Big Port de 1926.
De gauche à droite, Jean-Philippe Rigaudière sur sa 500 Saroléa 23 S et Jean-Marc Brionnet sur sa 500 Norton Inter de 1939 ex Claude Lambert.
Un Jean Boulicot heureux sur Norton 500 Manx et fond de volcans auvergnats. Que demander de plus ?
Jean-Paul Lecointe de Moto Dépôt à Lyon avait amené une magnifique 600 Scott Squirrel et cette Adler MB 250 de 1956 qui inspira les premières Yamaha bicylindres et qu’on a pas trop l’habitude de côtoyer chez nous.
Et puis il y avait aussi beaucoup de « modernes » comme cette Bimota 350 YB3 ex Eric Saul de 1979.
Superbe « partie de campagne » !!!
Cordialement
G. FAUVEL
Superbe ce reportage et ces commentaires, merci ! J’y étais aussi, la journée du samedi, car je connais bien Eric Offenstadt, qui m’a réalisé la préface de mon livre, « Le circuit International d’Obernai-Bernardswiller) sur lequel il a couru ! c’était une bonne occasion de le rencontrer à nouveau. Dommage que je ne vous ai pas reconnu afin de discuter un peu. Peut-être aux Coupes Moto Légende !
Il y a bien eu une 500 qui existe toujours, mais trop fatiguée pour tourner. La 350 version 350 était en chantier et Claude Caucal vient de la terminer.
Je pensais que la Nougier 4 était une 500
Bonjour à tous,
Tout d’abord un grand bravo aux organisateurs de la manifestation. Une franche réussite. Quelques précisions sur les AMC double arbre présentés. Au premier plan nous avons une Alcyon usine en configuration course de côte avec le plus petit des trois sortes de réservoirs connus. En deux, la DS Malterre noire ex Jean Mathieu, la plus titrée, en trois une réalisation du regretté Jean Valeyre, en fond de plan la seconde Alcyon usine. Cette dernière présente des particularités: ancrages moteur, renforts de cadre. Il est fort probable que cette partie cycle est été conçue spécialement pour recevoir le 250 AMC simple arbre. Equipée à l’origine d’un efficace frein Collignon et d’une disposition des combinés amortisseurs plus orthodoxe, elle est engagée les 28 et 29 mai 1954 à Montlhéry aux mains de l’Auxerrois J. Rouger et de l’essayeur de l’usine AMC, G. Santucci. Elle porte le numéro 31. L’équipage abandonne à la 11ème heure de course. Les documents disponibles sur le Bol d’Or 1954 (Motocycles n° 125) sont éloquents quant à la ressemblance dans les détails avec la machine présentée à Issoire. Reste une énigme : qu’est devenue (l’incertaine) troisième Alcyon d’usine ? A t-elle était cannibalisée par les 2 modèles survivants ? Si quelqu’un peu éclairer la lanterne (en 6V) je suis preneur. Cordialement, S. Basset
Bien d’accord avec toi pour la couleur des casques.
Très belle manifestation comme on aimerait en voir plus souvent et quel plateau ! difficile de trouver les mots justes pour la décrire. Cependant un petit bémol à mon goût, beaucoup trop de caques intégral aux couleurs bigarrées, dommage…
Merci pour ce magnifique reportage détaillé et abondamment illustré.
Ça donne envie de bloquer la date de 2024 dès maintenant. Miam-miam !
Mille Bravo et autant de merci à la ville d’Issoire et à Jean Marc Brionnet qui nous ont permis de passer des moments inoubliables , de retrouver de vieilles connaissances et d’admirer une pléïade de motos exceptionnelles, voire uniques .De plus c’était gratuit et même la météo a été super sympa ! Que demander de plus ? Et comme chantait Pierre Perret « Tous les ans je voudrai qu’ça recommence , youkaïdi …. »
Merci de ton beau reportage, on sent que tu t’es fait plaisir ! Cette seconde édition a conforté ma première impression de 2022, voilà une manifestation comme on les aime ! Comme toi, Cher François Marie, j’ai grandement apprécié l’ampleur, la qualité et la diversité du plateau – truffé de pièces rares, voire uniques !- et aimé cette atmosphère de réunion de famille où l’on a plaisir à retrouver de vieux copains et s’en faire de nouveaux. Le tout dans la décontraction et la simplicité. Voir quelques pilotes d’expérience afficher un sourire d’enfant gâté après avoir essayé – pas plus de 10 000 tours pour ne pas risquer de la casser !- la MV3 inaccessible dans leur jeunesse, c’est tout simplment une belle leçon de vie