Yves Campion, grand spécialiste des motos Gillet Herstal, s’intéresse aussi à d’autres motos a fortiori si elles sont belges et encore plus si ce sont des moutons à cinq pattes. L’existence de cette moto Renard qu’il vient de sortir de l’oubli avait donc tout pour exciter sa curiosité.
La moto de Goupil par Yves Campion.
C’est un fait unique dans la langue française qu’un prénom prenne le dessus sur le nom jusqu’à l’éclipser: Le goupil s’est effacé au Moyen Age à la suite d’une des premières œuvres destinées à un “grand” public: Le roman de Renard le goupil.
Notre héros du jour s’appelle donc Renard, Alfred de son prénom. Il naît à Bruxelles en 1895 et termine ses études d’ingénieur, spécialisation aéronautique, en 1920. Sa première création ne sera cependant pas dans ce domaine (sinon cet article n’aurait rien à faire dans ce blog), mais bien un deux-roues motorisé.
La découverte dans les très riches archives du fond Renard est très récente et parmi une multitude de documents aviation, avaient échappés jusqu’ici ces photos et esquisses de motocyclettes absolument inconnues !
Chassez le naturel il revient au galop : la photo du premier modèle montre que la construction de la partie cycle fait appel à la technique du rivetage, commune sur les aéroplanes… métalliques qui n’existaient pas encore en 1920 !
Le principe de la fourche basculante n’est cependant pas un modèle d’avant garde, mais l’usage d’un moteur à cycle deux-temps, avec adjonction d’huile dans le carter, n’est pas encore fort répandu, les soupapes étant préférées ! Le cadre poutre soutient le propulseur dont on devine qu’il est monté en bloc avec la boîte de vitesses, sans doute, à deux rapports.
Pour conclure cette étonnante découverte, sachez qu’Alfred Renard fut un des premiers concepteurs d’avion à cabine pressurisée, tant dans l’aviation civile que militaire et que, point important et pas des moindres, il est le concepteur du fameux appareil d’acrobatie Stampe SV4B, celui qu’utilise Alain Delon pour tenter de passer sous l’Arc de Triomphe dans le film “Les aventuriers” avec Lino Ventura, Johanna Simkus et Serge Reggiani comme comparses
Merci pour vos informations c ‘ est toujours captivant de vous lire , Dans les années 80 , j’ ‘ai rencontré un certain Monsieur Renard qui à l ‘ époque était le président de la fédération Belge de Motocyclisme . Peut être une personne de la même famille ? Je recherche toujours des information sur mon père qui était champion de France , par deux fois de dirt track dans les années allant de 1933 à 1945 . Bonne journée .
Jean
Bonjour Mr le professeur ,
Grand merci à vous ,mon prof.d’ « Histoire » motorisée avec explosions !!
Et oui encore une belle découverte pour moi ! J’ai peur de l’aboutissement des moteurs électriques
Belle journée à vous Mr Dumas
Meilleurs salutations,
Martial LAMARD (375)
le Stampe a été conçu par Jean Stampe avec le concours de Maurice Vertongen, d’où l’appellation SV Stampe& Vertongen. Ceci à partir de 1937 pour le plus fameux biplan, mais la société des deux associés avait été fondée en 1923, lorsque jean Stampe quitta l’armée de l’air belge. (Cf. wikipedia Jean Stampe). L’ingénieur Alfred Renard n’apparait que bien plus tard dans une autre société où ils sont associés pour des projets de cabines stratosphériques et pressurisées en effet. Là où se rejoignent les gènes du biplan SV4, Jean Stampe et Alfred Renard, c’est dans la société Stampe&Renard bien plus tard après la deuxième guerre mondiale, dans les années 50 plus précisément avec la création du Stampe&Renard SR-7 version monoplan aile basse du SV4, censée amener une nouvelle génération d’avion école aux futurs pilotes militaires, Alfred Renard y déploya alors réellement ses talents d’ingénieur. Ce projet n’alla pas loin en Belgique avec 2 prototypes, en France il fut également reproduit en prototype par Farman sous l’appélation « Monitor », qui échoua aussi. (Cf Wikipedia Stampe & renard SR-7). Ainsi Alfred Renard n’est pas concerné par la génèse du SV4 dans les années 30 et jusqu’aux lendemain de la seconde guerre mondiale, celui-ci ne vient au biplan de son ami et associé Jean Stampe que pour reprendre la production du biplan après-guerre, (1946). Une bonne partie de leur production se distinguant alors par l’adjonction d’une canopy sur le poste de pilotage afin de rendre l’appareil plus confortable et exploitable sous les météo Belges, pour une utilisation toute l’année dans les écoles de pilotages de l’armée de l’air Belge.