Les « vraies » motos Koehler-Escoffier. C’est du Salvat. Un pavé, indispensable pour tous ceux qui s’intéressent à la moto française des années 20 à 30. Indispensable pour trois raisons ! Primo, il n’y avait pas d’ouvrage sur Koehler Escoffier et l’œuvre de son géniteur Raymond Guiguet ; secundo, il y a tout ou presque dans celui-là, tertio, après une étude pareille sur la marque il est fort improbable qu’un autre livre lui soit un jour consacré. On admire les colossales recherches, la qualité du travail et le soin apporté aux photos, bien sûr. Koehler Escoffier n’est qu’une toute petite marque, mais elle fit de grandes motos. Merci, Bernard d’en avoir si luxueusement conté l’histoire.
Comme d’usage chez l’auteur, le style est un peu à l’ancienne (attention, je n’ai pas dit vieillot qui est péjoratif) avec des phrases parfois touffues et des mots devenus moins usuels. C’est du compact et dans le texte comme dans l’illustration (remarquable !), on sent sans cesse un désir d’exhaustivité. L’information est là, mais ça ne se lit pas vite. Au moins, si on compte la lecture au tarif horaire, vous en aurez pour votre argent avec les 190 € que coûte le livre. Il y a tout et souvent bien plus. J’avoue avoir glissé dans quelques digressions à mon avis parfois trop longues, voire (rarement) superflues. Pas grave, si, sur 320 pages, votre goût personnel vous pousse à en sauter quelques-unes, il n’y a pas mort d’homme. On notera à propos des dimensions que le format légèrement italien (26,2 x 29,7 cm) qui s’adapte fort bien aux photos de motos, est quasiment ce que les imprimeurs nomment le format Raisin ce qui s’impose bien sûr pour la Koehler ! Par ailleurs, vu les 2,9 kg de l’œuvre, on la lit assis à table plutôt qu’affalé sur un canapé et c’est bien meilleur pour le dos et pour le livre !
La première partie du livre est consacrée aux hommes qui ont fait la grandeur de Koehler Escoffier, les créateurs la marque Jules Escoffier et Marcel Koehler, l’ingénieur Raymond Guiguet, Edouard Grammont dit Eddoura, Marcel Chateau et Georges Monneret.
J’avoue quand même un petit regret (et c’est en général un parti pris de l’auteur dans ses livres) c’est que cette production des Koehler ne soit pas plus comparée à celle des belles étrangères et, à peine, à nos autres marques nationales. Moi, la question qui me turlupine c’est de savoir pourquoi, les motos anglaises et certaines suisses se sont si bien exportées en l’Europe et avec tant de succès ; pourquoi il y eut tant de concurrence, à l’intérieur de leurs frontières, en Italie ou en Allemagne, et comment les Françaises se situent par rapport au reste du monde. La réponse n’est pas évoquée ici (sauf à comparer les résultats dans les palmarès), pas plus que, dans le Terrot du même auteur, un livre-pavé tout aussi remarquable. « Bon, et bien, si t’es pas content, va te faire voir !« , va sans doute me dire Bernard Salvat dont on connaît le caractère… entier, mais pourtant si, je suis content, ravi même par cet ouvrage, mais j’eus préféré me passer de quelques photos de factures ou autres documents ou abréger un peu la vie de Chateau (au figuré, hein !), un pilote qui ne démérita pourtant pas. J’aurais aimé lire pourquoi, mécaniquement, financièrement ou politiquement, les Koehler, les Terrot et les Peugeot (à l’exception de ses 500 M1 et M2) n’ont pas plus souvent cherché à jouer dans a même cour que les Norton ou les Motosacoche. Où sont les différences en technique comme en performances ?
Mais, comme le dit souvent un autre de nos auteurs motocyclistes, tout ceci n’engage que moi.
Le livre « Les vraies » motos Koehler-Escoffier est à commander chez son auteur
Bernard Salvat, éditions E.B.S., 24 chemin de la Cache-Boulie, 71850 Charnay-les-Mâcon
Prix 190 € TTC, plus port sous une protection efficace : 10 €
Quel plaisir de découvrir une marque que mon beau-père n’a de cesse de me parler. J’ai beau être un motard de 61 ans, je n’avais jamais eu l’occasion de me documenter sur cette marque, qui a fait la joie de mon papy.
Nous commandons ce livre afin de lui offrir un pend de sa jeunesse. Merci pour cet ouvrage.
Patrick DELTOUR. Colleret.
Merci à vous tous, et en particulier à Bernard Salvat !Votre passion motorisée permet à l’oeuvre de Marcel Koehler de poursuivre sa route. J’ai rencontré Bernard au siècle dernier, aux Archives départementales du Rhône où je travaillais en tant que documentaliste ; Bernard commençait ses recherches sur Marcel, j’étais là ! Bernard m’a expliqué qu’il travaillait sur un important constructeur de motocyclettes dont on ne savait pratiquement rien ! Sinon ses talents de motoriste. je lui ai répondu qu’il n’existait aucun fichier général et qu’il serait difficile de le retrouver …. Le dialogue donna à peut-prêt cela :
Quel est son nom ?
Koehler, Marcel !
Marcel Koehler ?!? de la moto Koehler-Escoffier ?
Ben ! Oui ! mais comment vous pouvez le connaitre ?!?
Ben c’est mon grand-oncle !!!!
Le lendemain Bernard allait voir ma mère (sa nièce) et on lui expliqua qui était tonton Marcel ; c’est le neveu des frères Lumière.
Vous n’avez sans doute jamais vu sa tête, pourtant on peut la voir, âgé de 5 ans, il tapait déjà sur des outils ; il a commencé jeune sa carrière d’ingénieur….
là on le voit valser avec sa soeur, Madeleine (ma grand-mère)
https://www.youtube.com/watch?v=QmH32W3EXKo
et il donne à manger à sa cousine Suzanne (la fille de Louis)
https://www.youtube.com/watch?v=gfOcytGnTk4
ça nous rajeuni pas tout ça !!!
Amical souvenir à tous
Marc,
Marc Durand
C’est fait.
Bonjour François Marie,
peux-tu corriger la légende montrant la 1000 n° 55 ?
Là, Eddoura est à Planfoy (Loire) le 19 juin 1927.
Amitiés.
Content de te voir venir t’exprimer ici Patrick Delli et je respecte parfaitement tes avis et tes critiques, c’est heureux que chacun n’ait pas les mêmes façons de voir (ce qui n’a pas été ton cas lors de tes critiques injurieuses sur les choix du jury de la villa d’Este ! Oublions). Tu noteras que j’ai largement dit mon admiration pour le bouquin de Bernard et son travail colossal. Il ne m’est pas interdit de dire que j’aurais souhaité quelques autres détails sur certains points et de montrer moins d’intérêt pour certains autres. Ma critique n’est pas négative pour autant bien loin de là. Cela dit,reprends le Nougier où il est largement dit que Jean n »avait pas assez d’argent pour finaliser le développement de sa quatre cylindres et même penser à s’engager dans des courses internationales.Amicalement,
Je te trouve un poil négatif, François-Marie… Se passer de quelques photos de factures ou autres documents! Certes les documents financiers démontrant l’absolue honnêteté de Raymond Guiguet quand il vend son affaire à Monet-Goyon ne sont pas des plus attrayants, mais comment ne pas les publier comme preuves irréfutables à l’appui du texte? Tu critiques la reproduction de factures, qui ne sont pourtant qu’au nombre de deux: celle de Yenné, pendant la première Guerre, qui établit qu’il construit la 4 HP sous licence; et celle de la 1000 d’André Barthe: l’avoir trouvée, 90 ans après les faits, avec la correspondance qui s’y rattache, relève du miracle; alors, pourquoi ne pas en faire profiter les lecteurs ?
Je vois aussi que tu passes sous silence ce qui fait mal et a déjà fait couler de l’encre… Tu publies bien la photo de la 1000 primée à la Villa d’Este (et publiée aussi par Bernard dans son introduction…) mais avec une légende ambigüe dans laquelle tu ne mentionnes nulle part que le livre contient non seulement une photo d’époque de la 1000 au moteur 1025 (et à la configuration bien différente de l’interprétation de Dominique) mais aussi l’extrait du registre des immatriculations qui montre que sa première mise en circulation date de 1932…
Quant à l’éternelle question du peu de présence à l’étranger de nos motos de course hexagonales, je pourrais te passer une photo de Miguel Simo à La Solitude en 1937 qui cerne bien le problème… Avec sa Terrot 250 OCP «client», aussi vaillante fut-elle, il ne s’y trouve qu’en quatrième ligne au départ, ces quatre rangs étant par ailleurs exclusivement composés de DKW à piston-pompe… marque très bien soutenue par le régime nazi. Le financement étatique, déjà vrai nerf de la compétition à cette période, n’a été que trop rarement présent dans nos services course. Je remercie donc ici Peugeot et Jonghi pour avoir, temporairement mais avec un brio inégalé, représenté la France hors de nos frontières dans les années 1920 à 1939…
Quant à situer les K-E dans le contexte de l’époque, Bernard nous parle de Magnat-Debon, de Motosacoche, de Renault, de FACEL, de Georges Lévy, d’ORIAL, des productions Grammont, de Bugatti, de Sunbeam, de Norton, de Terrot, de Saroléa, de Royal-Sport, de Ravat et de Jonghi. Ce sont là des apartés indispensables, que j’apprécie dans ce livre. Que voudrais-tu de plus ? Sinon que Bernard ait fait ce que tu n’as pas fait toi-même dans ton livre Nougier afin d’expliquer pour quelles raisons financières, techniques ou politiques le «sorcier de Saint-Andiol», ce génial mécanicien, n’a pu rivaliser avec Gilera, Moto-Guzzi ou MV-Agusta. Ne vois-tu pas là une redite de la parabole de la poutre et de la paille?
Patrick Delli
Cher FMD,
Je suis tout à fait d’accord, ce livre c’est du Salvat; un grand cru SALVAT! J’ai adoré le TERROT, le KOEHLER m’a autant plu. Ce qui m’a plu, en plus de la richesse des informations données, des superbes photos et de la verve de l’auteur ce sont ces digressions qui sont toujours intéressantes pour replacer le sujet dans son époque. Les quelques reproductions de factures sont, pour moi, tout autant complémentaires.
Je pense que nombre d’ouvrage sur nos anciennes seraient moins soporifiques s’ils avaient incorporés ces « détails », mais ….. »tout ceci n’engage que moi. »
Vivement le prochain pavé Salvat!
Là, je suis mouché, bravo ! et merci pour tes commentaires.
Dans le poids des livres, j’aurai ajouté « Cyclecar, voiturettes et Grands-sport » qui couraient en catégories motocyclettes.
Un livre sur la concurrence des motocyclettes a travers le monde, pourquoi pas signé FMD ? Il y a matière, beaucoup de pages à développer.