Le Mondial de l’Automobile fête ses 120 ans affirment les organisateurs. Ne se trompent-ils pas de date, car l’histoire des salons du cycle, de la moto et de l’auto débute quatre ans plus tôt. Coup d’œil dans le rétro.
En 1898, l’Automobile Club de France organisait dans le jardin des Tuileries à Paris le 1er Salon de l’Automobile. 120 ans, le compte est bon, mais son histoire est fausse, car il y eut auparavant cinq salons du cycle, ce terme regroupant alors tous les engins motorisés à deux, trois et quatre roues. Dès le départ, vélos, motos, tricycles et autos étaient intimement mélangés d’où un véritable imbroglio entre les premiers salons du cycle qui présentaient aussi autos et motos et les salons de l’automobile ouverts aux trois et deux roues ce qui explique le mauvais choix dans la date d’anniversaire fait par le Mondial. L’idée de ce « Salon du Cycle et de l’Automobile », l’appellation est d’époque, est due à Charles Bivort en 1893 et le premier salon organisé sous le haut patronage de la chambre syndicale de l’industrie vélocipédique et de la locomotion automobile a lieu du 10 au 21 janvier 1894 dans la déjà trop petite salle Wagram.
Les années suivantes, le salon, qui connaît une vogue grandissante, émigre en bas des Champs-Élysées dans le Palais de l’Industrie construit pour l’exposition universelle à Paris en 1855 (la première d’une série de cinq !). La deuxième édition du salon y a lieu en octobre 1894, puis la troisième en décembre 1895. Inaugurée par le président Félix Faure, elle réunit 350 exposants et, pour la première fois, un tricycle à vapeur de Dion Bouton et deux motos : La formidable Félix Millet à 5 cylindres en étoile dans la roue arrière, exposée sur le stand des cycles Gladiator, et la « Pétrolette », présentée par Duncan & Superbie, qui est en fait d’une « Motorrad » Hildebrand et Wolfmüller allemande francisée pour la circonstance par ses importateurs. Pour la petite histoire, cette Hildebrand historique sera aussi deux ans plus tard, en janvier 1896, la première moto présentée au Japon où elle fait une démonstration à Tokyo.
Ce salon du Cycle, où apparaissent néanmoins des quatre-roues, est reconduit en 1895 et en1896, dernière année du salon au Palais de l’Industrie promis à la démolition pour laisser place aux Grand et Petit Palais pour l’exposition universelle de 1900. En 1897, suite à des conflits entre organisateurs et exposants, les Parisiens ont droit à deux (petits) salons. Le 5e salon du cycle, rebaptisé « Exposition des cycles et des sports », se tient rue de Berri au Palais-Sport, tandis que la salle Wagram accueille, le 30 décembre 1897, le 6e salon du Cycle et de l’Auto. L’exiguïté des lieux laissant trop peu de place aux automobiles, ce salon est surtout celui des cycles et des tricycles qui connaissent alors leur heure de gloire. Quelques constructeurs s’entêtent pourtant à construire des « bicyclettes à pétrole ». Parmi eux, les frères Werner qui présentent une sorte de Vélosolex avant l’heure avec son moteur au-dessus de la roue avant et un nom curieux « La Motocyclette« , marque déposée le 8 avril 1898.
Cette même année 1898, un 7e salon « du cycle, de l’Automobile et des sports » est organisé par la chambre syndicale du cycle devant l’École militaire, au bout du champ de Mars où il remplit un tiers de la colossale galerie des machines. On y admire les vélos, bien sûr, mais aussi les automobiles, Mors, De Dietrich, Éclair, La Parisienne, Georges Richard, etc. Enfin, du 15 juin au 3 juillet 1898 dans le jardin des Tuileries, voici la référence, celle dont les organisateurs du Mondial de l’auto et de la moto et du cycle fêtent aujourd’hui les 120 ans, « L’exposition Internationale d’Automobiles » organisée cette fois par l’Automobile Club de France. Elle accueille 140 000 visiteurs et présente 220 modèles qui ont obligatoirement effectué les 23 km du Paris-Versailles pour prouver leur bon fonctionnement.
Sources bibliographiques :
La motocyclette en France par Jean Bourdache
Numéros spéciaux du Figaro – Exposition
« Le salon du cycle et de l’automobile » sur Le Sport universel illustré du 31 décembre 1898 dont l’article complet se trouve ICI
L’histoire des salons (abrégée) vue par le Mondial de l’auto et de la moto ICI
Vla que j’me suis emmêlé les neurones : je voulais bien sûr dire DUNCAN – et non Hildebrand- et Superbie !
Ah que tu as raison, aurait dit Jauni .
Les ânes de la bagnole avaient bien exhumé la Delamare de Bouteville pour justifier un anniversaire bidon
ayant été la risée de la presse spécialisée nationale…et bien de plus loin.
Et Royal Enfield, en ce moment, prostitue bien la « Flying Flea » pour vendre une pétoire barbouillée en kaki alors que des foultitudes de Royal WCO beaucoup plus ressemblantes avaient participé à la libération de la France.
la « Reine Petrolette » Hildebrand est Superbe, certes, mais elle s’appelle Hildebrand et Superbie !