Aujourd’hui sur une photo, on peut tout changer ou presque en deux trois coups de Photoshop, mais avant ça, les photos au décor indésirable ou trop encombré et celles prévues pour un usage publicitaire étaient soigneusement détourées au pinceau et à la gouache blanche et les détails peu visibles rehaussés d’un trait d’encre de chine… Moi, plus fana de l’ambiance que du détourage brutal, je lave soigneusement mes anciens documents retouchés, après bien sûr en avoir scanné la version originale, et l’opération donne parfois lieu à de curieuses découvertes.
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Vainqueur toutes catégories des photos menteuses, Albert Sourdot, champion Monet Goyon, ici en 1928 ou 29 sur sa 175 à moteur Villiers, semble poser devant une guinguette des bords de Marne… et bien pas du tout, il est au pesage ou au ravitaillement durant une course et la photo est même dédicacée « Une bougie Marchal, c’est merveilleux » A. Sourdot.
Parmi les records de bricolage, celui-ci n’est pas mal. Recette : prendre le prototype en cours de préparation pour le salon de 1929 et y loger le moteur de la future Motobécane B5 quatre cylindres 500 cm3. Retouchez soigneusement les parties non finies, en particulier le garde-boue avant martelé à la hâte et le pot emprunté à un autre modèle avec son boulon d’attache vers l’extérieur et qui est accroché avec un fil de fer. Après une repeinture à l’Aérographe des chromes et du réservoir qui devient Motobécane, la moto truquée est prête pour la photo du catalogue !
Nous sommes ici en 1931. La Norton 500 TT18 Spéciale Garreau, avec son double berceau en tubes fins rajouté devant le simple berceau d’origine pour le rigidifier, est prête pour aller faire la publicité du célèbre importateur de la marque… mais sans montrer au lecteur le couloir qui jouxte l’atelier.
Faute de drap, quelques cartons peuvent faire l’affaire… et vous, derrière, pas la peine de sourire, vous serez… gouaché, le catalogue ne conservera que la Motobécane 500 R5 à soupapes latérales et son beau side-car Bernardet peint aux couleurs de la moto.
Encore le drap, je ne m’en lasse pas, avec le prototype de 1949 de 125 Nougier à culbuteurs et la 250 Nougier de Motoball de 1947. Comme tout se passe en famille, on notera que le drap est brodé HN : Henri Nougier ! Une petite branche maintient la roue arrière en équilibre et, c ‘est une tradition, on distingue sous l’avant du moteur le bouchon du champagne qui vient de fêter la naissance de la machine.
Après les nettoyages pour faire vos beaux catalogues ou illustrer vos revues, passons aux préparations à but plus publicitaire comme avec cette belle Peugeot 350 P 105 pilotée par le champion de la marque Paul Péan en janvier 1928… avec et sans gouachage semi-transparent et rehaussement à la plume de tous les équipements Marchal.
Encore plus fort, et toujours avec une Peugeot 350 P 105 pour vanter l’éclairage Marchal, mais cette fois la photo a été retournée la gauche devenant la droite et lycée de Versailles. Pour que ça fasse plus vrai, le truqueur fou s’est donné la peine de peindre un numéro d’immatriculation à l’endroit sur la plaque avant.
De la retouche à l’imposture, il n’y a qu’un pas. Un journal spécialisé célèbre pour sa couverture rouge publiait en 1930 cette photo entièrement recréée à la plume et au pinceau des records de Wright sur OEC 1000 qui étaient censés avoir eu lieu à Cork avec une moto carénée comme celle présentée alors que Wright avait finalement choisi d’utiliser une version classique à cadre Zénith.
La préparation à la mise en page était parfois sommaire comme en témoigne cette AJS 1000 à compresseur de 1930.
Aujourd’hui avec Photoshop c’est quand même beaucoup plus facile… hein, Yves ? tu disais combien d’heures pour ce détourage d’une moto Laguesse noire sur fond sombre ?
Les allemands ont toujours été très forts pour donner du relief et des détails aux photos industrielles.
Les machines outils par exemples dont toutes les arrêtes étaient rehaussées d’un fil de lumière et les surfaces unies entièrement recrées à l’aérographe; sans parler des détourages complexes bien sûr, le plus souvent avec les fonds “descendus” afin de mettre en valeur le sujet principal.
De vrais artistes avec lesquels Photoshop aurait bien du mal à rivaliser.
Ben, j’avais sous le nez hier après-midi le prototype..ou plutôt la maquette creuse de la 500 Motobécane.
Il n’y a pas que la photo qui était bricolée, cylindres non usinés etc.
Les rois de la gouache étaient les Soviétiques qui enlevaient des photos de groupe, les officiels qui
s’étaient retrouvé en Sibérie ou au placard.
Je le savais !!!
On nous ment !
Merci pour toutes émouvants bricolages !!!
J’ai souvenir d’un détourage gouachage d’une photo de Rudge (pour mon usage personnel) . Ca m’avait pris du temps , même avec du très bon matériel !!!!