Ah, et bien cela faisait longtemps que la moto n’avait pas été aussi présente dans les halls de la porte de Versailles pour la traditionnelle expo de Rétromobile, sans doute le plus grand salon mondial consacré aux véhicules de collection. Et je ne dis pas ça parce que moto-collection.org était partie très prenante de l’organisation du plateau moto réalisé à l’initiative de Thierry Farges et Bernard Knapp. Le très large couloir qui nous était consacré entre les halls 2 et 3 réunissait quelque trente-cinq motos d’exception avec un long podium central entouré par les clubs, mais il est remarquable que maints grands stands automobiles exposaient aussi un ou plusieurs motos, un pourcentage en très nette progression qui démontre bien que notre deux roues favori n’est plus totalement le parent pauvre et élargit sans cesse son public… avec pour regrettable contrepartie une escalade des prix des modèles d’exception.
Preuve incontestable de l’intérêt du grand public pour la moto, notre hall ne désemplit pas et la plupart des visiteurs détaillaient longuement chaque modèle et prenaient le temps de lire les longs textes explicatifs qui les présentaient. Oups, si chacun d’eux avait versé un euro pour les gentils organisateurs, tous bénévoles de cette expo, nous serions quasi riches !
(Pour une description complète des motos présentées, cliquez sur les liens associé aux photos)
Vedette incontestée du salon, la Louis Guillaume Perreaux de 1871, première moto au monde conçue en tant que telle en vue d’une commercialisation, a très exceptionnellement quitté le musée départemental de Sceaux pour s’installer à Rétromobile. Patience, on y reviendra bientôt en détail avec une vidéo expliquant le fonctionnement de cette curieuse machine à vapeur.
Commençons par les ancêtres avec cette Werner de 1906 prêtée par le musée Henri Malartre de Lyon, le précurseur du bicylindre parallèle face à la route.
Autre glorieux ancêtre amené (comme la Gnome & Rhône 500 CV2) par Jean-Claude Conchard, une Alcyon « moto légère » de 1910 animée par un moteur Zürcher à soupapes latérales.
La Peugeot 350 Paris-Nice de 1914 est un grand classique de notre histoire et cet exemplaire nous était confié par le musée de l’Aventure Peugeot… logé à l’étage en dessous du nôtre, d’où cette montée insolite en escalator de la moto menée par Bernard Knapp, co-organisateur de l’expo et Gilles Blanchet.
Toute l’ingéniosité française se retrouvait dans cette Viratelle 350 de 1919 animée par un monocylindre quatre temps refroidi par eau et présentée accompagnée de photos de sa participation au Tour de France Motocycliste de 1922.
ABC, qui sera la marque de moto à l’honneur au Vintage Revival à Montlhéry les 6 et 7 mai prochains, était représenté avec cette version française ABC-Gnome et Rhône de 1922 dans un exceptionnel état d’origine tout juste « rafraîchi ».
Contemporaine de l’ABC, la Blériot 500 D20 bicylindre de 1921 était une » moto de famille » présentée par l’héritier du célèbre constructeur.
De 1913 à 1922 avec une 500 bicylindre à double ACT, puis de 1923 à 1926 avec un nouveau 500 twin à simple arbre à cames en tête, Peugeot menait les grandes courses européennes et démontrait sa maîtrise des meilleures techniques de l’époque. Cette ultime version de 1926, unique survivante de cette glorieuse lignée, nous était confiée par l’Écurie Souvenir Jean Nougier.
Sans doute la moto la plus admirée de l’exposition, cette somptueuse New Motorcycle restaurée par Daniel Pichard, le grand spécialiste de la marque, fut construite par Georges Roy au Chesnay près de Paris en 1928 avec une technique de fabrication aussi simple qu’originale puisque le châssis-coque est constitué d’une seule tôle « roulée ».
Eh bien oui, Dollar dont les usines étaient à Joinville-le-Pont est une marque bien française en dépit de son nom et son très dynamique club exposait deux modèles dont cette 500 LSS à moteur Chaise de 1929.
Étudiée par la société Sévitame pour l’armée et construite dans les usines Simca de Nanterre, cette moto hors du commun ne fait rien comme tout le monde. La suspension avant, télescopique dans a colonne de direction, s’appuie sur des ressorts à lames, le moteur bicylindre deux-temps de 400 cm3 disposé la tête en bas est refroidi par huile et alimenté par un boisseau rotatif, réservoir d’essence est au-dessus de la roue arrière et, cerise sur le gâteau, il est possible de rajouter une hélice au bout de la transmission par arbre pour transformer l’engin en moteur de hors-bord. Il était prévu une construction de 3000 exemplaires, mais il n’en fut construit que 13 dont celui-ci est le seul survivant connu.
Extraite comme la Peugeot GP de la collection Jean Nougier, la Jonghi 350 à double ACT signa une série de records du monde de 1932 à 1938 aux mains de Louis Jeannin puis de Georges Monneret.
Vous connaissez tous la célébrissime 1000 Koehler Escoffier des records de Georges Monneret en 1952 dont la photo fait l’en-tête de ce site et que le musée Henri Malartre ne rechigne pas à exposer et à faire courir dans les démonstrations de motos anciennes.
Tentative échouée, quel dommage ! La Siccardi ACS crée en 1981 avec un superbe et compact trois cylindres à double ACT et une partie cycle conçue Claude Fior s’annonçait comme la future vedette des courses d’endurance avec 150 ch à 11000 tr/min et seulement 172 kg. Le beau rêve prit malheureusement fin faute de sponsors.
Pour rendre hommage à Alain Chevallier qui nous a quittés le 3 octobre dernier, Eric Saul avait amené la 250 avec laquelle il finit en tête du Grand Prix d’Italie en 1981.
Impossible de terminer une exposition consacrée aux motos entièrement Françaises sans parler de la seule représentante actuelle de notre production nationale, la Midual.
INCROYABLE et jamais vu ! les dix AJS 7R de 1949 à 1962 de la collection du pilote Bernard Guérin mises en vente en un lot unique chez Lovendi et pour un prix annoncé de 750 000 €. Bernard Guérin que l’on vit aussi sur Velocette et Norton commença à courir juste après-guerre, fut champion de France en 350 en 1954 et s’illustrait encore dans les années 80 dans les courses de l’AFAMAC. Méticuleux à l’extrême, fin mécanicien et grand amoureux des AJS (entre autres !) il en conserva tous les modèles au fil des ans en les restaurant pratiquement leur époque alors que les pièces d’origine étaient encore disponibles ce qui fait toute la valeur de cette collection unique de dix versions parfaitement authentiques, mais à l’état de neuf.
Tout près de l’expo moto un large stand rassemble les œuvres, oh combien originales, de l’ingénieur Victor Bouffort avec le cyclecar à moteur Terrot 500 RGST et, sur deux roues, le Valmobile et le prototype de l’Old Miniscoot auxquels le Blog a récemment consacré un très long article.
La moto ancienne était aussi présente dans la « galerie des artistes », en particulier sur le stand de François Chevalier avec une montagne de dessins et sa dernière sculpture consacrée à la fameuse MGC qui passe ainsi de l’aluminium au bronze.
Surcoté le Messerschmitt pensait se vendre de 25 à 30 000 €, tandis que le plus rare Solyto de New Map de 1953-54, étonnamment daté ici de 1971 !, n’était estimé qu’entre 4 et 8000 €,Le stand de la FFVE présente aussi traditionnellement une moto, qui était cette année une rare SIC de 1922, accompagnée de son affiche d’époque s’il vous plaît, et dont moteur deux temps de 180 cm3, construit sous licence DKW, est refroidi par air forcé.
Le stand de la FFVE présente aussi traditionnellement une moto, qui était cette année une rare SIC de 1922, accompagnée de son affiche d’époque s’il vous plaît, et dont moteur deux temps de 180 cm3, construit sous licence DKW, est refroidi par air forcé.
Rétromobile, est aussi une caverne d’Ali Baba pour le rares et chers vieux papiers dont voici un exemple témoins du plus beau mauvais goût de nos aïeux. On vous laisse détailler !
Un grand merci à tous ceux qui ont participé à ce superbe retour de la moto à Rétromobile
Espérons que cela se pérennise
Vrai que le salon de Lyon exposait cette année un plateau de machines anciennes tout à fait remarquable avec entre autres pratiquement toutes les Nougier. Dommage que les deux salons soient à la même date, j’aurais bien été aussi à Lyon !
Merci pour ce bel aperçu d’une expo visiblement d’un très haut niveau.
Pour info, si des personnes du quart sud-est n’ont pas le temps de se rendre à Paris, il leur reste aujourd’hui pour aller visiter le salon de la moto à Lyon avec entre autre un magnifique plateau des motos de Jean Nougier.
Difficile de ne pas trouver un intérêt dans ce salon tant le plateau est large et de qualité.
Modernes, anciennes et préparations sont rassemblées dans tous les styles, vitesse, route, tous terrains, tous le monde peut y trouver son compte.
Nabs.
Damned ! pourquoi n’y ai-je pas pensé plus tôt !
Il fallait faire voter les spectateurs pour les 5 ou 10 plus belles motos de l’expo en leur demandant 1 € de participation (ou 2) comme tout le monde le fait désormais… Il n’est peut-être pas trop tard ?