Alcyon, marque déposée en septembre 1903 par les Éts Gentil & Cie, se fait un nom en compétition dès 1904. Pour les courses sur route, Alcyon utilise de préférence le monocylindre Buchet à soupapes d'admission et d'échappement culbutées, une solution d'avant-garde pour l'époque. Le moteur bicylindre de même provenance à soupapes d'échappement culbutées et d'admission automatiques, réputé pour sa puissance, mais jugé trop brutal par les pilotes, est utilisé dans les épreuves courtes,  les courses de côte, les records et les duels sur les pistes de vélodrome. C'est avec ce type de monture qu'un pilote en particulier va se faire un nom en remportant un grand nombre de succès : Alessandro Anzani. Salarié par Alcyon, il est envoyé chez Buchet en tant que ''spécialiste de la carburation'' où il a toute la latitude pour concevoir ses motos. 

On a tout vu en ce début du siècle dernier, des moteurs en V très fermés, un quatre cylindres en X et cet étonnant 3 cylindres Buchet en éventail conçu, et breveté le 5 août 1905, par Joseph-Ambroise Farcot et choisi, à la fin de cette même année par Alessandro Anzani. Il est positionné longitudinalement dans le cadre avec son cylindre central vertical, entouré de deux cylindres inclinés de 45 degrés. Les trois bielles sont sur le même maneton et, bizarrement, Farcot abandonne les soupapes d'échappement culbutées, spécialité des Buchet, pour des latérales. Autre rupture avec le passé, les cylindres sont fixés à leur base par quatre goujons à la place des deux tirants utilisés précédemment. Le moteur ne pèse que 23 kg. L'unique carburateur Longuemare est installé à l'arrière du moteur et alimente les chambres de combustion via une longue pipe d’admission en arc de cercle. La transmission finale s'effectue par chaîne, bien plus brutale que n'aurait été une courroie, et le seul moyen de contrôler la vitesse est la manette modifiant l'avance à l'allumage. Avec ses 1206 cm3, le moteur produit entre 15 et 16 chevaux à 3000 tours par minute. 

L'Alcyon 3 cylindres fait sa première apparition à la journée de vitesse à Dourdan le 8 octobre 1905, pilotée par Anzani, pour un résultat décevant. Elle est battue par les Peugeot bicylindres en V, plus rapides et surtout mieux au point. Sur le mile arrêté, en catégorie "Vitesse moins de 50 kilos" (!), Anzani réalise 1' 10" 2/5 contre 53? 1/5 pour Cissac. Au kilomètre lancé, Anzani finit 4e à 105,263 km/h, loin de Cissac à plus de 130 km/h. L'Alcyon 3 cylindres est ensuite alignée à la course de côte de Château-Thierry, avec une courroie à la place de la chaîne. Anzani remporte la catégorie moins de 50 kg, sans opposition. Les autres concurrents ayant refusé de partir, n'acceptant pas la procédure de départ arrêté. À Gaillon, dernière rencontre de la saison, Anzani finit encore 3e derrière deux Peugeot. Cissac gagne en 31" et Anzani ne fait que 50" 4/5 !. En catégorie 1/3 litre tourisme, avec un moteur monocylindre Buchet culbuté, il n'est qu’à 3 secondes de ce temps ! On ne verra plus la 3 cylindres Buchet en course. 

Le temps des Alcyon de courses à moteur Buchet sont comptés. Le motoriste se tourne en 1906 vers l'aviation et l'automobile, et Anzani quitte Alcyon fin 1906 pour voler de ces propres ailes. Il reprend l'idée du 3 cylindres en éventail, en espaçant cette fois chaque cylindre de 72° et ce moteur équipera à nouveau une Alcyon pilotée par Grapperon en 1907.