C'est tout naturellement qu'Alphonse Mauriange propriétaire de "La maison de la Moto" à Clermont-Ferrand baptise ses productions ALMA, les deux premières initiales de ses prénom et nom. Alma débute de façon très artisanale en 1947 avec des modèles Y 125 et M-150, avec moteurs Ydral de 125 et 130 cm3. La firme clermontoise restera fidèle au motoriste de Suresnes pour la quasi-totalité de sa production de 1948 à 1959, soit 1125 vélomoteurs de 125 cm3, et 2795 motos dont 1600 à moteur Ydral. La vraie production commence en 1948 avec les 125 YT, B et S à moteur Ydral et boîte 4. En 1949 il faut encore des bons d'achat pour se payer la 125 tandis que la 175 MC-2, qui suit quelques mois plus tard, est en vente libre en versions B ou S. Alma utilisera aussi des moteurs Le Poulain pour ses cyclomoteurs et un moteur maison 125 cm3 avec 3 vitesses par poignée tournante pour les vélomoteurs TO et SA et ses scooters ST de 1952 et 53 qui n'auront guère de succès.

Dans l'immédiat après-guerre, tous les constructeurs cherchent à moderniser leurs machines en s'affranchissant de la fourche à parallélogramme (pourtant pas si mauvaise et aisément modernisable). La très grande majorité se tourne vers la fourche télescopique, le plus souvent sans amortissement hydraulique, une bonne dose de graisse suffisant à en freiner les rebonds. Parmi les exceptions, FN en Belgique avec la roue tirée au bout d'un long bras des types XIII qui inspirera sans doute Eric Offenstadt pour ses BUT de 1978, et Monet Goyon avec les additifs sophistiqués des suspensions Grégoire. La suspension , qui devient de règle, est, à de rares exceptions près, confiée à deux éléments télescopiques coulissants facilement adaptables sur les cadres existants. 

Alma sera l'un des rares à se tourner vers une suspension avant à biellettes et roue tirée. Classiquement amortie par des ressorts sur les premières versions de fin 1949, cette suspension à roue tirée est totalement repensée en 1950, sur la 125 YS présentée, la 175 MC-2 et sur les triporteurs. La biellette s'appuie dès lors sur un arceau derrière la fourche qui vient comprimer un ressort unique sous la colonne de direction. On se demande d'ailleurs comment cet arceau en tube fin ne flambe pas en repoussant le ressort. Alma mise sur le confort, avec, dès 1949, une suspension arrière coulissante et une suspension réglable de la selle articulée. En 1951 Alma abandonne pourtant la suspension à roue tirée pour la 125 YS et ne la conserve, pour un an, que pour la 175 MC2 et la 125 YP. 

Bien finies et joliment décorées, les Alma sont aussi les premières en France à se doter d'une belle nacelle de phare englobant la fixation du guidon et le compteur. C'est Jawa qui a lancé la mode de cet élégant couvercle en 1946, encore que ce carénage ne couvrait pas encore le guidon. Cela vient en 1949 chez Triumph et en 50 chez Jawa.