Aprilia
650 cm3 - 6.5 Moto - 1995
Aprilia mise sur le designer Philippe Stark pour grandir
Dans les années 90, Aprilia a le vent en poupe, mais reste une société spécialisée dans les petites cylindrées ou les niches sportives, motocross jusqu'au début des années 80, puis trial dans les années 80 et 90. Les succès s'enchaînent aussi en GP de vitesse dans les catégories 125 et 250 et la marque, grâce à une gamme sportive et une communication axée sur les ados et les petites cylindrées, renvoie l'image d'une entreprise jeune et dynamique. C'est à cette période que Ivanio Beggio, le patron emblématique d'Aprilia, décide de développer la gamme vers le haut pour jouer dans la cour des grands et devenir un fabricant généraliste.
Une moto de designer
L'idée de la moto 6.5, qui apparaît au salon de Bologne à la fin de l'année 1994, est de créer une moto différente par son design et facile d'utilisation, pour attirer une clientèle hésitante à sauter le pas devant le côté exclusif souvent véhiculé par les motos. Ils font appel à l'un des designers les plus connus du moment, passionné lui-même de moto, le français Philippe Starck. Le but de Starck est alors de créer une moto "androgyne" s'adressant aussi bien à un homme qu'a une femme et surtout n'effrayant pas les « non-motard ». Le résultat sera mitigé. Le style tout en rondeur et en courbe jugé sans âme ou caractère, et même l'appelation 6.5, ne véhiculant volontairement aucun message, laissera perplexe les journalistes et plus tard les clients. Les plastiques omniprésents et ne vieillissant pas toujours bien participeront au sentiment d'avoir une moto ayant plus d'affinité avec un appareil électroménager qu'avec un engin motorisé à deux roues. Le cadre tout en courbes enserre au plus près le moteur, le petit échappement suit la forme du cadre et le réservoir qui coiffe le tout donne à l'ensemble une forme d'uf bien propre ou rien ne dépasse. Le moteur Autrichien Rotax à 5 soupapes est le même que celui de la Pegaso 650, mais dans une version moins puissante pour en faciliter l'utilisation.
Contrat partiellement rempli en termes d'utilisation
Passé l'esthétique un peu déroutante, la Moto 6.5 est louée pour ses qualités dynamiques, aussi à l'aise en ville que sur les petites routes. Pas trop haute de selle, légère à manier et équipée d'un gros mono poussant vigoureusement du haut de ses 43 ch, la prise en main est facile. Tout juste lui reproche-t-on son confort un peu spartiate avec une selle et des suspensions dures et une tenue de route parfois aléatoire quand le rythme s'accélère. De plus, pour une moto plutôt destinée à une utilisation urbaine ou périurbaine, l'absence d'aspects pratiques, comme un porte-bagages, des crochets d'arrimage ou un vide-poche, se fait durement sentir. Elle n'évoluera pratiquement pas durant toute sa carrière et elle disparaît par la petite porte en 2002. Même si elle n'a pas remporté le succès escompté par Aprilia à l'époque, Elle dispose aujourd'hui d'une côte plutôt bonne en collection.
Moteur monocylindre 4 temps Rotax refroidi par eau - 649 cm3 (100 x 82,7 mm) - 43 ch à 6 250 tr/mn - 5,2 mkg à 4 500 tr/mn- Double arbre à cames en tête commandé par chaîne et 5 soupapes - Carburateur Mikuni ø 40 mm - Allumage magnéto Splitdorf - Lubrification par carter sec, double pompe trochoïdale - Boite 5 vitesses - Embrayage multidisque humide - Transmissions primaire par engrenages, secondaire par chaine (réglage par excentrique) - Cadre simple berceau tubulaire dédoublé sous le moteur - Fourche Marzocchi ø 40 mm, débattement 135 mm - Suspension arrière mono-amortisseur Marzocchi, débattement 120 mm - Freins avant et arrière simple disques - Pneus AV 100/90 x 18, AR 130/90 x 17 - 150 kg - 167 km/h.
Les motards, toujours en quête de plus de puissance et de sportivité, ont boudé la moto de Stark et la finition "à l'italienne" a fait le reste, la 6.5 est pourtant considérée comme l'une des pièces maîtresses de l'évolution du style de nos motocyclettes.