Comme Blériot, Louis Clément, Gnome et Rhône et quelques autres, Avions Voisin qui a été le premier constructeur aéronautique français doit se reconvertir après la Première Guerre Mondiale et comme après toutes les guerres qui réclament des avions, suit une période de disette où les premiers besoins sont les moyens de transport terrestre, économiques ou pas. Gabriel Voisin se tourne à la fois vers la Bicylette à Moteur Auxiliaire (BMA) et l'automobile où il deviendra ensuite l'un de nos plus brillants constructeurs. La production des ces fantastiques voitures déclinant avec la crise économique et les bruits de bottes, et s'arrêtant avec la 2e Guerre. Avions Voisin est absorbé par Gnome et Rhône elle-même devenue la SNECMA (qui deviendra la SAFRAN actuelle). Gabriel Voisin conserve cependant son bureau d'études et collabore avec Gnome pour la réalisation de la 500 Superstar en 1950 et du "Biscooter Voisin" siglé Avions Voisins-Gnome & Rhône, avec un moteur Gnome & Rhône puis produit en Espagne de 1953 à 1958.

On recensera en 1921 4,85 millions de bicylettes en France que maints constructeurs rêvent de motoriser. En même temps qu’il développe sa 18 HP Gabriel Voisin se penche sur le véhicule léger économique avec la Motor-Fly et le Sulky. Le premier est un moteur auxiliaire montable facilement sur un vélo standard. Livré dans un coffret, avec son moteur, sa roue spéciale à voile plein en aluminium la Motor Fly est annoncé pour 1000 F et commercialisé à 1500 F face à une concurrence très fournie. Le Sulky est un engin ultra léger de 120 kg capable d’emporter deux personnes est, quant à lui, animé par un bicylindre, mais il y eut des prototypes fonctionnant avec deux roues de Motor-Fly !

Gabriel Voisin présente sa solution magique en 1920 avec la Motor Fly. Ce, n'est pas totalement une BMA, mais une roue motrice adaptable sur n'importe quel vélo. Le moteur est un petit deux temps de 157 cm3, monté tête-en-bas sur le côté gauche d'une roue flasquée. Après avoir utilisé des engrenages sur ses prototypes, Gariel Voisin l'a remplacé par un galet en bout de vilebrequin côté droit qui entraîne une poulie-jante en tôle, garnie de cuir fixé sur le côté gauche de la roue. Toute l'astuce du dispositif réside dans ses attaches. Le moteur est fixé, en haut, par un axe relié par deux tubes à celui de la selle. Sa fixation basse, sur l'axe de roue arrière, se fait par l'intermédiaire d'un excentrique

dont la rotation, commandée par un petit levier et un câble sur le tube supérieur du cadre ou au guidon, permet d'obtenir un débrayage en supprimant le contact du galet avec la poulie-jante .

Le carter moteur ovoïde enferme le volant, le vilebrequin, et l'entraînement de la magnéto Déesse, assuré sur les premiers modèles par pignons en fibre, puis par chaîne. Une classique manette au guidon commande les gaz, une autre le décompresseur. En 1922, Gabriel Voisin présente une version "définitive" de son Motor Fly où le moteur toujours tête en bas est un Train... qui signe l'arrêt "définitif de la fabrication.

La compétition fait feu de tout bois en ce temps-là et la Motor Fly eut aussi une belle carrière sportive. Elle finit première au premier Concours de Bicyclettes à moteur, organisé par Moto-Revue en juillet 1920 à Choisy-le-Roi aux mains de Raimbault. Elle y remporte aussi la coupe de Régularité par équipe de deux coureurs devant quatre Lumen, deux Evans Cyclemotor et six Cyclotracteur. On la voit aussi en course de côte à Gometz-le-Chatel ou au concours d'endurance de Marly en février 1922 avec Barthélémy et Veillet.