Après une carrière de pilote auréolée de quelques beaux succès de 1926 à 1930, Mario Bonvicini ouvre un atelier de réparation de vélo et de vente de pièces détachées à Bologne. Il débute la construction de cadres puis de vélos complets après la guerre sous la marque BM. Un moteur auxiliaire avec transmission par chaîne ou galet vient rapidement compléter l'offre. Les premières motos légères arrivent en 1950. Dans un quasi-anonymat, BM produit des deux-roues allant de 75 à 175 cm3 équipés de moteurs Ilo ou NSU et abandonne progressivement la fabrication de bicyclette. La gamme s'enrichit au cours des années 50 de deux scooters, le Minotauro, un 75 cm3 à grandes roues, et le Pokerino, un 50 cm3 à petites roues. Ce dernier est aussi vendu par Beta sous le nom de Cignono et par Negrini sous le nom Farfallino, sans laisser plus de traces. 

Coup de projecteur au salon de Milan à la fin de l'année 1955, BM présente ce qui ressemble fort à l'ancêtre du cyclosport : l'ultra 48 Monoalbero Competizione. Il possède toutes les caractéristiques de ce qui fera le succès de la catégorie quelques années plus tard: garde-boue avant à 180 degrés, carénage tête de fourche, cadre double berceau, ressorts d'amortisseurs apparents et selle à dosseret. Il est animé par un bloc moteur Somaschini quatre temps, 3 vitesses et surtout un cylindre spécial coiffé d'un arbre à cames en tête. Annoncé à 3,2 ch, il atteint les 90 km/h. Non homologué, il est secondé pour la route par le modèle Super Sport plus sage avec son moteur 4 temps culbuté de 2,2 ch. Chère à produire, cette gamme quatre temps est remplacée par des deux temps au tournant des années 60. Les premiers cyclosports portant le nom de Jaguarino font leur apparition à cette période. La version sport de 1962, ici présentée, est l’un des plus beaux spécimens du moment. Elle possède, à l’identique de l’Ultra 48, un garde-boue à 180 degrés, un cadre double berceau, une selle biplace a dosseret et des amortisseurs à ressorts apparents. Sa jolie peinture rouge et argent et le tête de fourche ne suffiront pas à lui apporter le succès. Comme souvent avec les petits constructeurs italiens, les modèles se multiplient. On compte par exemple le Jaguarino Sport Extra avec réservoir "Supertanker" pour plaire aux pays nordiques, le Jaguarino cross (BM pionnier dans le domaine une fois de plus) avec guidon haut, échappement relevé et pneus à tétines, Jaguarino Turismo avec selle monoplace, porte-bagage et guidon haut. Choix aussi dans les motorisations suivant les versions, les années ou le marché visé : Minarelli, ou Franco-Morini, 3 ou 4 vitesses, sélecteur au pied ou par poignée tournante, pédale ou repose-pied, refroidissement par air forcé ou naturel. 

Mario Bonvicini n'a pas su ou pu, probablement par manque de moyen, profiter de son avance sur la concurrence. Les BM, pas plus en Italie qu'à l'export (importé en France par Couturier à partir de 1961), ne rencontrent pas un grand succès. Ce n'est pas faute d'essayer, en 1971, la gamme ne comprend pas moins de 15 cyclos portant les noms de Jaguarino, Dai Dai, Zebretta, Dog, Colombina, Gambalesta, Wally ou Trik Trak. Un Jaguarino et Jaguarino cross sont encore soumis à l'homologation italienne en mai 1979. Sans faire de bruit, BM continu à construire des cyclos dans les années 80, dont un très joli KS50 sport à moteur Franco-Morini à boîtes 6. Ils ont également produit des 80 TS et 80 RX vendus en Allemagne sous les marques Tornax et Kosmos et la fabrication s'arrête définitivement en 1989.