Bon Avion, un nom qui fleure bon l'ancien avionneur reconverti dans le commerce du cycle à la fin de de la Première Guerre mondiale. Contre toute attente, pas du tout. La Manufacture d'armes Bonnavion, avec deux n, a été fondée en 1840 à Saint-Étienne par M. Bonnavion et a commencé son activité par la fabrication de fleurets et d'épées, puis d'armes à feu. Pour l'histoire, le mot avion a été utilisé pour la première fois par Clément Ader pour son appareil volant le 9 octobre 1890. Il vient du latin avis qui signifie oiseau et il dérive du mot aviation inventé en 1863 par le journaliste, Gabriel de La Landelle. En 1895, la société devient la Manufacture d'armes Autechaud - Bonnavion, puis la société est reprise par M. Autechaud seul à une date indéterminée. La Manufacture n'a a priori jamais travaillé dans le domaine de l'aéronautique, mais il est plus que probable qu'en créant la marque Bon'Avion pour ses cycles, elle ait voulu profiter du nom du créateur et de l'engouement porté à l'aviation au début des années 1900. 

En plus de la fabrication d'armes et de vélos, M. Autechaud se lance dans la moto à partir de 1927, mais la diffusion n'a pas dû dépasser Saint-Étienne et ses environs. La gamme comprenait des 175 à moteur Brouiller, des 250 à moteur Zürcher, des 350 à moteur LMP et 500 à moteur Chaise et tout autre moteur, à la demande ! Une gamme et une diversité de mécaniques qui paraissent bien trop étendues pour une si petite entreprise. Il ne s'agit d'ailleurs que d'un simple assembleur proposant des motos réalisées avec des éléments disponibles sur le marché. À l'exception du porte-bagage, la ressemblance et par exemple frappante avec une Moto-Monté, autre fabricant de Saint-Étienne ayant utilisé le Zürcher 250 à la même époque (Fourche avant, cadre, moteur, réservoir...). 

Le moteur Zurcher 250 culbuté, très compact et bien conçu, a été construit de 1926 à 1929. C'est un choix audacieux pour motoriser un "pétochon" car, dans les années 20, les moteurs culbutés sont plutôt destinés à la compétition. Les clients se méfient d'une telle débauche de technologie et préfèrent les soupapes latérales d'un réglage plus facile. Ce Zürcher 250 sera d'ailleurs utilisé par de nombreux constructeurs pour leurs modèles "sport" comme Geco Herstal et Ravat par exemple. Cylindre et culasse sont en fonte comme de coutume à l'époque. La distribution par culbuteurs et les ressorts de soupape sont à l'air libre. Les culbuteurs sont montés sur des roulements à aiguilles et les tiges qui les actionnent sont creuses pour limiter l'inertie des pièces en mouvement. Un volant d'inertie type coupe jambon est installé sur la gauche du moteur. La boîte 3 vitesses et commandée par un long levier en prise directe sur la droite de la moto. Pour la partie-cycle, Bon'Avion à choisi un classique cadre interrompu avec un réservoir d'essence triangulaire entre tubes bien dans l'air du temps, un réservoir d'huile sous la selle et une fourche à parallélogramme. Il n'y a pas de frein à l'avant, mais deux tambours à l'arrière, un commandé par un levier à droite du guidon, l'autre par une pédale à gauche. 

Il semble que la fabrication de motos n'est pas dépassée la fin des années 20. La fabrication de bicyclettes a continué jusqu'en 1951 au minimum, mais sans avoir laissé non plus une grande trace dans l'histoire des deux roues.

La Manufacture Autechaud, longtemps spécialisée uniquement dans les armes et cycles, s'est lancée en 1927 dans l'assemblage de motos à partir de composants disponibles sur le marché, a fortiori à Saint-Etienne, l'un berceaux de notre industrie nationale.