Une fois encore, la mode des noms anglophone sévit lorsque Yvan Court et Henri Carpio créent en 1931 la première moto Brooklyn dans les établissements Carpio de Romainville (banlieue est de Paris) bien connus pour leur fabrication de side-car. La gamme présentée au salon de Paris en 1932 comprend quatre modèles tous à cadre en acier embouti, une technique déjà parfaitement maîtrisée par les Ets Carpio. La plus étonnante est une BMA (bicyclette à moteur auxiliaire) à moteur Train 100 cm3 dont on se demande comment elle atteint les 30 kg légaux avec un tel cadre double berceau. Elle est suivie par le 100 cm3 type MEL, qui reprend la base de la BMA en y rajoutant une boîte 2 vitesses et un habillage en tôle de la partie arrière du cadre. Il atteint 60 km/h et perd sa qualification de BMA. Avec leurs 175 T2 et 250 T3, Court et Carpio n'hésitent pas et proposent "enfin la première motocyclette propre", c'est leur slogan, avec des pare-jambes et un carénage tôle intégral du moteur et de toute la roue arrière. La motorisation est confiée à LMP dans les deux cylindrées. Tendance inverse sur la 250 S3, le cadre double berceau en tôle emboutie est allégé de tout artifice et la présentation est particulièrement soignée en émail noir à bande ivoire et jantes chromées avec une bande centrale rouge.

L'année suivante la gamme s'enrichit de la 250 T43 présentée ici qui reprend les caractéristiques de la S3 en troquant son 250 LMP pour un JAP à soupapes latérales associé à la même boîte Staub commandée par levier direct.  

Le cadre de la Brooklyn, d'une construction on ne peut plus simple, n'est constitué que de trois pièces principales. Deux flancs emboutis dont les parties supérieures pliées à 90° sont boulonnés à l'avant sur la colonne de direction en fonderie et pour relier les parties droite et gauche, le joint étant recouvert d'un jonc en aluminium fixé par des vis. On y rajoute un fond pour le réservoir, quelques renforts et le tour est joué.

Ces belles idées ne suffirent pourtant pas à assurer la pérennité de Brooklyn dont on entend plus parler après 1934.