"Tiens, une BMW !" et bien non la CMR n'est pas (totalement) une BMW et jamais l'appellation R 73 n'a figuré au catalogue de la firme allemande. Deux pays se sont pourtant lancés dans la construction d'un tel assemblage, la France sous l'égide du CMR (Centre de Montage et de Réparation) et la Bulgarie dont le blog a déjà présenté les réalisations coursifiées

Tout commence à la libération de Paris en 1944 où tous les biens allemands sont mis sous séquestre. Les motos BMW, Zündapp, DKW et autres NSU sont récupérées par les Domaines et le CMR, créé pour la circonstance avenue de Neuilly à Neuilly-sur-Seine, est chargé de les remonter. Il emploie une cinquantaine de personnes y travaillent. Sa principale activité est la réparation de quelque 300 BMW 750 R12 qui sont livrées à l'armée, la gendarmerie et la préfecture de police siglées du nouveau logo francisé CMR dérivé de la traditionnelle hélice bleue et blanche BMW. La CMR monte aussi 2 ou 3 R 66 et 5 R 71, mais il faut attendre juillet 1945 pour que le centre passe du statut de réparateur à celui de véritable constructeur.

Dormoy, le technicien en charge du CMR a la brillante idée en juillet 1945 d'utiliser les moteurs de la R 75, la fameuse BMW type Russie, hérités du stock de l'HK503 allemand. Une première expérience est réalisée en montant ce moteur dans une partie cycle de la R 5, une 500 cm3 culbutée à cadre rigide, la première R 73 était née.  Le CMR fait ensuite fabriquer à Paris son propre cadre en tubes cylindriques (et non ovales comme c'était l'usage chez BMW). Il est modifié par rapport au R 5 et échancré pour pouvoir recevoir la magnéto Noris. Seul le taux de compression du moteur est modifié et la transmission utilise le pont arrière des R 66 et R 71.

Le CMR ne pourra monter que 80 des 100 R 73 commandés par la préfecture de Police, et les nombreuses autres demandes du ministère de l'Intérieur ne pourront être honorées, car les pièces viennent rapidement à manquer. Alors que les premières R 73 sorties sont d'origine totalement allemande à l'exception du cadre, les suivantes se francisent rapidement. Les deux carburateurs Graezin laissent place à un carburateur unique Solex, la magnéto Noris à avance automatique est remplacée par une Wageor à avance manuelle, etc. On récupère même des ponts arrière faits pendant l'occupation par des sous-traitants français et malheureusement sabotés, ce qui nuit fort à la réputation des R 73. 

L'Armistice étant signé entretemps, le CMR change la signification de son acronyme et devient "Centre de Motos Rapides" pour s'exposer au salon de 1946. Il est aussi "concurrencé" par les réalisations de quelques motocistes qui montent à partir de pièces diverses leurs propres "R 73".   Une nouvelle époque commence et le CMR qui n'y a plus sa place, disparaît à la fin de 1947. La CEMEC, prendra sa suite, mais c'est là une tout autre histoire.