D-Rad
M 24 - 1924
Les armes pacifiées
À la fin de la Première Guerre mondiale, de nombreuses usines se tournent vers la moto pour laquelle elles n'avaient jusqu'alors rien à voir. C'est le cas de la Deutsche Industrie Werke créée en 1722 à Berlin-Spandau, l'un des plus gros fabricants d'armes et de munitions. Interdit de continuer sa production guerrière après le traité de Versailles, la Deutsche Industriewerke, basée dans le quartier berlinois de Spandau va produire des wagons, des robinets, des sommiers, des machines agricoles
et des motos. L'inspiration vient d'une 400 cm3 à bicylindre à plat et en long conçue par l'ingénieur H.F. Gunther en 1920. Elle est remaniée pour l'ancienne usine d'armes par l'ingénieur Christiansen et commercialisée en 1921 sous label Star puis Präcision. Cette première production est largement inspirée par les
Douglas britanniques de 1919 avec quelques détails puisés chez
Indian et
Harley-Davidson. Son 400 cm3 bicylindre à plat se distingue par soupapes opposées, latérale à l'échappement, et culbutée à l'admission, totalement encloses. La boîte séparée à trois rapports est suspendue au cadre simple berceau ininterrompu et les transmissions primaire et secondaires sont par chaînes. Autre caractéristique née avec cette première Star de 1921 et que D-Rad conservera jusqu'à la R-06 de 1928-30, la curieuse suspension avant à roue tirée. Une très courte biellette articulée en bas de la fourche supporte l'axe de roue reporté vers l'arrière et un long tirant vient s'appuyer sur des lames de ressort au-dessus du garde-boue.
La première du nom
En 1923, l'ingénieur Manfred Christian, nouvellement engagé, retravaille la machine qui devient la M 23, première à porter le, bientôt célèbre, logo D-Rad. Elle remplace la Star en 1923 et tente d'effacer sa mauvaise réputation de tant surchauffer que certains disaient qu'il était possible d'allumer une cigarette sur le cylindre arrière ! La M 24 (ici photographiée) qui lui fait suite l'année suivante n'est modifiée que sur des détails dont un réservoir d'huile intégré à celui de l'essence tandis que la boîte à outils sur le réservoir émigre vers le porte-bagages. Elle est malheureusement toujours beaucoup trop chère, a tendance à surchauffer et se vend mal. D-Rad va donc changer totalement sa stratégie et présenter en 1924, une moto beaucoup plus simple, la
500 R0/4 monocylindre qui, elle, va lui assurer le succès recherché. La production estimée des différentes versions de bicylindres à plat est toutefois estimée à 7500 exemplaires.
Elégante, mais trop chère
Cette très élégante M 24 est fort moderne avec une lubrification automatique du moteur et une boîte de vitesses à trois vitesses avec embrayage à commande au pied. Il y a deux freins indépendants sur la roue arrière, un dispositif d'expansion interne avec commande au pied et un frein à bande rétractable externe avec commande manuelle. L'allumage est assuré par une magnéto Siemens et l'éclairage électrique est assuré par une dynamo Bosch entraînée depuis une poulie derrière le volant d'inertie. Elle dispose même d'un compteur de vitesse signé par Glashütter.
Bicylindre 4 temps à plat et en long refroidi par air - 393 cm3 (61 x 67 mm) - 3 ch/1500 tr/min - Soupape totalement encloses, admission culbutées et échappement latérales - Pistons fonte - Allumage magnéto Bosch - Éclairage électrique - Carburateur Pallas 00 - Pompe à huile à double piston et pompe à huile manuelle sur le réservoir - Embrayage à disques garnis liège - Boîte D-Rad à 3 vitesses - Transmission primaire et secondaire par chaînes - Cadre simple berceau ininterrompu en tubes étirés sans soudure et brasés - Roues interchangeables, pneus 26,5 x 2,5 - 3,5 l/100 km - 90 kg - 70 km/h.
La très élégante M 24 de 1924 et, en vignette, le boîtier ouvert de son culbuteur d'admission.