Photo ou archives Bernard Soler-Thèbes
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DFR
350 Grand Sport 1923
La séduction du moteur Bradshaw
Depuis ses débuts, fin 1919, DFR se fait connaître et acquiert une solide réputation avec des 175 et 250 deux-temps, tout à la fois économiques et fiables pour un usage utilitaire et particulièrement brillantes dans leurs versions course. Dès la sortie en 1923, de l'étonnant 350 cm3 monocylindre à cylindre refroidi par huile, conçu par Grandville Bradshaw et fabriqué par Warmsley, DFR, comme le feront près de 50 autres marques, s'enthousiasme pour ce moteur et met à son catalogue la 350 ici présentée.
Le plus grand succès de Bradshaw
Le monocylindre créé par Granville Bradshaw et largement étudié dans mon blog sera l'une des plus réussies de ses créations après la fameuse ABC. Curieusement, sur ce moteur dit "refroidi par huile", seul le cylindre est entouré d'une chemise dans laquelle circule le liquide, la culasse restant à l'air libre suivant un principe émis par Bradshaw dès sa première création, l'ABC où, disait-il, "le moteur est bien réglé quand, de nuit, ses culasses sont rouge cerise !" La version de 1923 présentée a un moteur de la première génération fabriqué par James Walmsley à Preston, bien moins puissant et fiable que la mouture suivante signée par Dorman à Stafford à partir de 1925, qui développait 14,5 chevaux au banc en sortie de vilebrequin.
Auto-promotion
Comme il l'a fait avec ses 175 et 250, Pierre de Font Réault assure lui-même sa promotion, et se fait plaisir au passage, en emmenant ses productions sur les circuits. On le voit ainsi le 18 juillet 1925 au GP de l'UMF à Montlhéry au guidon d'une DFR équipée d'un moteur Bradshaw de 250 cm3 à alimentation classique développé par Dorman avec laquelle il finit 2e la Terrot de Jules Rolland et devant la New Imperial de Syd Crabtree et une autre Bradshaw 250 pilotée par Harding. Une belle prestation, où il a couvert les 24 tours du circuit de 12,5 km à 81,66 km/h de moyenne. Dopé par ce succès, Pierre de Font Réault prépare pour le GP de France le 4 octobre de la même année et toujours à Montlhéry, une 250 DFR-Bradshaw très spéciale avec un compresseur Cozette à palettes n° 3 entraîné par chaîne et lubrifié par un réservoir additionnel. C'est un succès et il termine une nouvelle fois 2e derrière Jack Porter sur New Gerrard-Blackburne et devant la Terrot de Rolland. La DFR 350 Bradshaw classique, s'illustre quant à elle en remportant le Bol d'Or de 1925, mais faut avouer qu'elle est seule dans sa catégorie et qu'elle a parcouru 162 km de moins que la 175 DFR de Dupont vainqueur dans sa cylindrée. Ces beaux succès ne serviront pourtant commercialement à rien, la DFR Bradshaw Grand Sport proposée à 4700 F sur le catalogue DFR de 1924 alors qu'une Terrot 350 HSS Super Sport valait 4950 F était pourtant concurrentielle, mais elle se vendit fort peu et fut abandonnée pour 1926.
Moteur Bradshaw monocylindre 4 temps, cylindre refroidi par huile, volant extérieur - 348,6 cm3 (68 x 96 mm) - Compression 4,9 à 1 - Soupapes commandées par tiges et culbuteurs à l'air libre - Carburateur Amac ø 28 mm - Allumage magnéto-France - Graissage par barbotage - Boîte séparée suspendue Burman à 3 rapports par levier manuel - Cadre simple berceau interrompu - Fourche av. parallélogramme type Webb - Pneus 26 x 3 à talon - Pas de rein avant, double tambour ar. ø 140 mm - 110 kg - env. 105 km/h.
Les spécialistes noteront les nombreuses différents entre la machine présentée, vraisemblablement une pré-série avec le moteur Walmsey et un cadre manchonné sans doute de Matador, et la "vraie" DFR Grand Sport présentée en vignette sur le catalogue du salon 1923.