DS Malterre
175 cm3 « Spéciale Mathieu » - 1953
Les premières Double ACT
Dans ces années 50, alors que les courses internationales sont dominées par MV Agusta, Morini, et autres marques étrangères, quatre noms se disputent les épreuves nationales dans la catégorie alors populaire des 175 cm3, avec, souvent, des machines considérablement modifiées par leurs pilotes : AMC avec les DS Malterre aux mains de l'auvergnat Jean Matthieu et de Marcel Camus, Peugeot avec André Bouin, Nougier avec ses Henri Shaad et Jacky Onda, les moteurs Ydral montés par différentes marques et, un peu plus tard, Gnome et Rhône.
Hiver 1952 : le premier double arbre
Vainqueur de la catégorie 125 au Bol d'Or en 1949 sur une très spéciale 125 GIMA à moteur AMC, Jean Mathieu personnalise beaucoup son AMC dusine, obtenue en récompense de sa 2e victoire au Bol dOr 1951 sur 175 DS Malterre. Fin 1952, il remplace les tiges de culbuteurs par un arbre vertical et des couples coniques pour la transmission du mouvement. Il fixe sur la culasse une platine qui supporte des pignons entraînant par chaîne 2 arbres à cames. Le tout est fermé par un cache en tôle chaudronnée (voir photo en médaillon). En fin metteur au point, il réussit à trouver pour ce premier AMC double arbre un bon diagramme de distribution et un accord carburation échappement performant. Ainsi modifiée, la DS Malterre termine à quelques mètres de la Nougier de Schaad lors du Circuit de Saint Chamond (42) début 1953. Incontestables victoires aux courses de côte de la Baraque et Thiers (63). Cette machine reste la plus rapide et la plus titrée des productions motorisées par AMC.
Convaincu, AMC, réalise un double ACT d'usine
Séduit par cette transformation Henri Chartoire, le motoriste des AMC, en reprends le concept et réalise une version « usine » qui équipera une quinzaine de motos sous labels Alcyon, Automoto, Guiller ou, comme ici, DS Malterre. Un peu aidé par les AMC et par Maurice Malterre, Mathieu a fait évoluer sa monture en changeant son entraînement d'ACT à chaîne par une distribution usine à engrenages fin 1953.
Suspension spéciale Mathieu
Côté partie cycle, la suspension arrière abandonne le système complexe des DS Malterre de série pour deux éléments télescopiques et ressort et un amortisseur central hydraulique (de Traction Citroën) derrière le moteur qui remplace le parallélogramme déformable.
Bloc-moteur AMC monocylindre vertical 4 temps - 170 cm3 (56 x 69 mm) - Régime maxi 9000 tr/min - 2 soupapes et 2 ACT entraînés par arbre et engrenages - Carburateur Dell'Orto - Allumage par magnéto Morel - Graissage renforcé - Transmissions primaire par engrenages et secondaire par chaîne - Boîte 4 vitesses par sélecteur à droite - Cadre double berceau - Suspension av. télescopique, ar. oscillante avec monoamortisseur (de Traction Citroën) et 2 éléments télescopiques à ressort latéraux - Frein à tambour, av. Collignon double came, ar. Saperli - Pneus 2.50 x 19" sur jantes Borrani - Environ 90 kg - 135 km/h.
Réalisation typique des années 50 en France, ou la passion (des amateurs) a été souvent plus forte que la raison (des constructeurs). La photo principale montre la version à moteur AMC d'usine de 1953 alors que la vignette est le moteur à 2ACT entraînés par arbre et chaîne réalisé par Mathieu en 1952