On oublie trop souvent que l'histoire de la moto aux États-Unis au début du XXe siècle n'avait rien à envier à celle des pays européens les plus évolués. Et, comme en Europe, si ce sont les marques les mieux gérées qui ont survécu, les nouveautés techniques et les constructions les plus originales naissaient souvent chez les petits constructeurs.

Des gros bicylindres bien américains 

La Davis Sewing Machine Co., fondée en 1868 à Watertown dans l'état de New York, déménage vers 1890 à Dayton, dans l'Ohio où ils lancent la fabrication de vélos, sous la marque Dayton. Cette production remplace peu à peu les machines à coudre et, en juin 1912, ils annoncent le début de la construction d'une gamme de motos à l'automne avec une prévision fort optimiste de 2500 motos produites en 1913. Les motos proposées sont deux bicylindres en V de 7 et 9 HP plutôt moderne avec soupapes d'admission culbutées et soupapes d'échappement latérales. Le moteur est fabriqué par Spacke à Indianapolis sous la marque De Luxe et on le retrouve sur plusieurs autres marques, comme les De Luxe de Chicago (cliquez pour voir la fiche correspondante et les particularités du moteur De Luxe). En fin de compte, ce ne sont pas 2 modèles qui sont proposés mais 4, puisqu'ils se doublent de variantes avec boîte à deux vitesses dans le moyeu arrière. 

Le reste est très classique pour une moto américaine, que ce soit dans le style ou la technique. Carburateur Schebler, Allumage par magnéto haute tension Bosch entraînée par arbre et coupe conique, contrôle par double poignées tournantes, embrayage Eclipse, transmission finale par chaîne, frein par rétropédalage et selle Troxel ou Persons font partie du trousseau du bébé. Les prix sont dans la moyenne, la 7 HP sans boîte de vitesses est par exemple proposée pour 265 $ alors qu'une Indian 1000 cm3 7 HP vaut 250 $ et une Harley Davidson 8 HP, 285 $. La Dayton évolue ensuite par petites touches. La boîte 2 vitesses dans le moyeu arrière est ainsi remplacée dès 1914 par une boîte 2 vitesses dans le pédalier et la fourche à lames de ressort laisse place à une originale fourche oscillante contrôlée par un ressort hélicoïdal enfermé travaillant en compression. En 1915, seule la motorisation 9 HP De Luxe est conservée, la 7HP est remplacée par un moteur maison de 8 HP. Avec les variantes boite de vitesses et éclairage électrique, Dayton propose alors 8 modèles dans son catalogue, de 240 $ à 330 $. Malgré l'annonce des nouveaux modèles à l'automne 1916 et l'arrivée d'une boîte 3 vitesses, la gamme des bicylindres disparaît début 1917.  

Totalement à l'opposé des gros bicylindres, Dayton présente à la fin de l'année 1915 une bicyclette équipée d'une roue motorisée en surfant sur le succès de la roue motorisée Smith, construite au États-Unis depuis peu après avoir acquis les droits de l'Auto Wheel de Wall en Grande-Bretagne. Comme sur la Smith, dont la Dayton est une copie tellement conforme qu'elle suppose un accord entre les deux marques. C'est un monocyclindre 4 temps à soupape d'échappement automatique de 165 cm3 qui, au lieu d'être disposé sur le côté du vélo, est monté à la place de la roue avant. La roue motorisée ne va pas sauver l'activité moto de Dayton qui s'arrête définitivement courant 1918. La fabrication de vélo va continuer encore plusieurs années au gré des rachats.