Se retrouver dans le dédale des marques américaines avant la Première Guerre mondiale où plus de 200 marques sont répertoriées relève parfois du casse-tête. Entre les marques éphémères n'ayant laissé quasiment aucune trace, les regroupements, les rachats, les changements de noms commerciaux pour tenter de relancer des ventes en berne ou les fabricants différents utilisant la même dénomination, il est facile de se perdre.

La F.W. Spacke Machine Co., fondée en 1904 à Indianapolis, commence son activité en construisant des compresseurs d'air. En 1911, Spacke décide de mettre sur le marché une gamme de moteurs pour motos sous la marque De Luxe. La gamme comprend deux monocylindres de 4 et 5 HP et deux bicylindres en V de 7 et 9 HP. Les bicylindres seront utilisés par plusieurs marques comme Eagle, Minneapolis, Crawford ou Dayton. Toutes ces productions se ressemblant comme deux gouttes d'eau. Ils vont aussi être utilisés sur les motos sous label De Luxe qui, contrairement à ce qu'on pourrait penser, ne sontt pas construites par Spacke. Les motos De Luxe sortent des usines de Excelsior Cycle Co., dans Sangamon Street à Chicago, à ne pas confondre avec Excelsior Motor Mfg. & Supply Co., fondé en 1907 par le célèbre fabricant de bicyclette Ignaz Schwinn et également basé à Chicago, mais dans Union Street en 1913. Les motos de Ignaz Schwinn, siglées Excelsior Autocycle, sont les Excelsior américaines que tout le monde connaît. 

Les motos De Luxe seront vendues par Sears de 1913 à 1915, ce qui a pu faire dire à certains que les Sears sont des Excelsior, ce n'est pas faux, mais ce ne sont pas les Excelsior que l'on croit ! 

Le moteur De Luxe dispose de quelques originalités. La principale est le carter moteur fait d'une seule pièce et fermé par un couvercle vissé sur le côté droit. Le vilebrequin est monté sur roulements à billes et l'entraînement de la magnéto se fait par arbre. La moto De Luxe est très classique et adopte les standards américains du moment que ce soit pour le style ou pour la technique. Partie cycle longue et abaissée, réservoir entre-tubes et selle basse, coffre à batterie ou outillage entre le tube de cadre et la roue arrière et grande roue de 28''. Pour la technique, bicylindre en V à soupapes d'admission culbutées et d'échappement latérales, pas de boîte de vitesses, embrayage Eclipse, transmission par chaîne et fourche a roue tirée et amortisseur à lames de ressort. Elle conserve son pédalier avec chaîne indépendante de la transmission finale du moteur. Commande par deux poignées tournantes, à droite pour les gaz, à gauche pour l'avance à l'allumage. La De Luxe est vendue 275 $ pour la 7 HP et 285 $ pour la 9HP, ce qui est à 10 $ près le prix d'une Dayton ou d'une Eagle équipées du même moteur. Les Sears De Luxe sont vendues respectivement 235 $ ou 250 $.

Les motos De Luxe, déjà très discrètes dans les revues d'époque, disparaissent complètement début 1915. Pour les moteurs De Luxe, Spacke, omniprésent entre 1911 et 1914 dans les publicités, disparait aussi début 1915 des revues, tous en continuant à fournir des moteurs à Dayton au moins jusqu'en 1917. La crise de la moto qui commence à sévir aux États-Unis au milieu des années 1910 voit ainsi disparaître de nombreux fabricants, réduisant d'autant le nombre de clients pour Spacke.