Didier Choquet
522 cm3 Café racer Terrot RGST - 2014
La Terrot dont rêvait les jeunes des années 50
Qui aurait pu imaginer qu'une lourde et pataude
500 RGST puisse se transformer en un léger et fringant café racer ? Ne rêvons pas, cette Choquet est considérablement plus belle et attirante, mais combien eut couté une telle réalisation faite par Terrot, et eut-elle été concurrentielle face aux productions étrangères ? La 500 Terrot culbutée d'avant-guerre était une bonne moto, homogène aux performances honorables. Avec la RGST de 1949, l'usine dijonnaise a tenté de faire du neuf avec du vieux en greffant une suspension coulissante et une fourche télescopique, certes à amortissement hydraulique, mais si longue et frêle qu'elle ne concourait pas à l'équilibre esthétique et interrogeait sur sa rigidité. Le résultat global est une moto peu puissante et lourde qui ne déclenchera pas l'enthousiasme chez des acheteurs déjà frileux. Bien qu'armée et gendarmerie se soient dévouées (avant de passer chez BSA, Ratier et BMW) les ventes resteront modestes. Sans aller jusqu'à la perfection de la réalisation artisanale de Didier Choquet, il eut pourtant été économiquement possible d'imaginer, sur la même base, une RGST plus sexy et plus performante, mais le bureau d'études dirigé par Edmond ¨Padovani préféra se contenter d'une rapide mise à jour pour se concentrer sur la future nouvelle gamme des 125-175 qui sera finalisée en 1958.
Géométrie de la Manx
Didier a choisi de s'inspirer de ce qui se faisait de plus performant dans les années 50, le cadre Featherbed de la Norton Manx. Pas question cependant de fabriquer une énième réplique de l'oeuvre intemporelle des frères Rex et Crommie McCandless, mais simplement construire un cadre reprenant exactement les mensurations fondamentales qui ont fait sa réputation de tenue de route et maniabilité : empattement, hauteur et angle de la colonne de direction, déport des tés, chasse, longueur de fourche... Si la géométrie est celle du Featherbed, sa conception diffère totalement: double berceau pour le Manx et simple berceau dédoublé pour la RGST Choquet dont le dessin présente une certaine similitude avec celui des monos Ducati dont la tenue de route est d'ailleurs rarement critiquée. Le tube mince Reynolds au chrome-molydène a des caractéristiques similaires, mais avec brasage SIF au gasflux pour le Manx et TIG pour le café racer.
et moteur RGST façon Choquet !
Un maximum de pièces de RGST et d'origine Terrot a été conservé et que des pièces de récupération. A commencer par le moteur modifié pour plus de puissance tout en conservant sa fiabilité et sa facilité d'utilisation et sachant que le point faible connu du 500 Terrot est le maneton, même si l'adaptation d'une cage a aiguilles moderne a reculé les limites
De nouvelles cames ont été étudiées par Techniprofil; le rapport volumétrique a été augmenté par le montage d'un piston de qualité. Sur la culasse, le conduit d'admission de diamètre 27mm à l'origine qui part en s'évasant jusqu'à la soupape a été alésé à 34 mm avec un profil favorisant l'écoulement du flux gazeux. Le carburateur est un Amal Concentric. L'allumage classique par rupteur, bobine et batterie 6 volts a été conservé. La boîte de vitesses extractible est d'origine, le kick a été modifié et l'embrayage remplacé par un de grass-track en aluminium à la fois léger, souple et endurant. La fourche de la RGST a été sensiblement raccourcie, les freins sont les tambours déportés d'origine, dotés à l'avant d'une écope et de trous d'évacuation. Compteur, phare,frein de direction et bouchons des réservoirs d'essence et d'huile sont d'origine.
10 kg de moins qu'une Manx, 65 kg gagnés sur la RGST
Tout s'explique quand on sait que Didier est un professionnel du formage des métaux en feuille, du travail des profilés et de la soudure toutes catégories. Selle et réservoirs, constitués de nombreux panneaux assemblés par soudure, restent en alu brut poli, non peint, ce qui ne tolère aucun défaut. Didier s'est même offert le luxe de marquer Terrot en creux sur le flanc de celui d'essence ! Une exception : les garde-boue, eux-aussi en alu, mais peints en noir. Les commandes reculées soigneusement finies sont faites maison. Un clin d'oeil à la Manx : le passepoil rouge de la selle dont le dosseret, doté d'une trappe d'accès, sert de boîte à outils. La généralisation de l'alliage léger et l'usage du 25 CD4S épais d'1,5 mm pour le cadre expliquent les 65 kg gagnés sur la RGST et les 10 à 15 kg de moins qu'une Manx !
Laissons Didier conclure « sur un circuit ce serait évidemment différent, mais sur route viroleuse, je prends beaucoup plus de plaisir à piloter mon café racer Terrot que la BSA 500 Gold Star DBD 34 de mon frère dont la boîte RRTT à étagement Racing rend le pilotage pénible. J'ai construit la moto qui me convient ! »
(Caractéristiques RGST d'origine entre parenthèses quand elles diffèrent) Moteur monocylindre 4 temps refroidi par air - 522 cm3 (86 x 90 mm (499 cm3, 84 x 90 mm) - Bielle sur cage à aiguilles - Cames étudiées par Techniprofil, levée +0,8mm. Conduit admission ø (27) 34 mm - Carburateur Amal Concentric (Amac) - Allumage batterie / bobine 6V - Embrayage alu de grass-track - Boîte d'origine. Axe de kick raccourci de 30 mm - Transmissions primaire et secondaire par chaînes - Cadre simple berceau dédoublé en tubes au chrome molybdène 25CD4S d'épaisseur 1,5 mm, soudé au TIG, poids 12 kg avec bras oscillant et axe (-10 kg vs. RGST) - Angle de colonne 25° - Fourche RGST tubes et plongeurs - 60 mm, fourreaux - 40 mm - Jantes alu - Pneus 3.25 et 3.50 x 19" - Freins RGST ø 170 mm - Empattement 1420 mm - Réservoir (16) 19 litres - 125 kg, avec batterie (- 10 à 15 kg vs. Manx et -65 kg vs. RGST de 190 kg!)
Considérablement plus belle et attirante, certes, mais combien eut couté une telle réalisation faite par Terrot et eut-elle été concurrentielle face aux productions étrangères ? Cette moto de Didier Choquet, comme 5 autres, sera exposée pour la première fois au public au Salon du 2 Roues à Lyon du 13 au 16 février 2025.