Ducati
M 900 Monster - 1993
Moto de voyou ?
En réaction aux motos trop carrossées des années quatre-vingts, évoquant des voitures à deux roues, on a vu récemment fleurir les motos "brutes". Il ne faut pas les confondre avec les "basiques": sages, presque utilitaires, et moins dépouillées. Il ne s'agit pas non plus de génération spontanée, puisque la tendance a toujours existé, ne serait-ce qu'avec les Harley Sportster.
Pour les purs
Les "brutes" veulent revenir à l'essence de la moto, à son côté "mauvais genre", qui, de Marlon Brando à Mickey Rourke, alimente le fantasme du motard surviril. Elles sont en ce sens une déviation des "customs", ces choppers trop civilisés. On doit la résurgence de ce style à la Yamaha V-Max, style qui consiste au moins en apparence à ne conserver d'une moto que le moteur et les roues, en dévaluant tableau de bord et autres "accessoires" comme la signalisation. Avec son gros V-twin, Ducati avait la base rêvée pour jouer de cette recette. La Monster, au premier abord, n'est, en effet, qu'un énorme moteur calé entre deux grosses roues. Les éléments peints, réservoir et surtout selle, sont esthétiquement réduits à leur plus simple expression, simplement posés en vrac sur les éléments mécaniques.
Fausse dure ?
Massive mais assez légère, pas très puissante mais pleine de couple, mécaniquement un peu brutale aussi, la Monster se veut le jouet d'adulte par excellence, marque du retour à une certaine pureté originelle. A cet égard, son moteur est un argument-massue, lui qui descend en droite ligne du 750 SS des Ducati des années soixante-dix.
Bicylindre 4 temps en V à 90° refroidi par air - 904 cm3 (92 x 68 mm) - 73 ch/7 000 tr/min - Simples ACT entraînés par courroies crantées, 2 soupapes par cylindre à commande desmodromique - 2 carbus Mikuni de 38 mm Lubrification à carter humide - Boîte 6 rapports - Transmission par chaîne - Cadre treillis tubulaire supérieur - Suspensions av. télescopique, ar. oscillante - Freins av. et ar. à disque - Pneus av. 120/70-17, ar. 170/60-17 185 kg - 200 km/h.
Si le retour aux motos basiques est le fait des Japonais, et si elles ont toujours existé chez Harley, il revient aux Italiens d'en avoir magnifié le concept avec cette Ducati plus dépouillée que jamais.