Fritz Egli est un fabricant de parties-cycle réputées dans les années 70. La Vincent Egli produite à une centaine d'exemplaires à partir de 1967 a popularisé son cadre monopoutre tubulaire faisant office de réservoir d'huile. Sur le même modèle, il réalise aussi des cadres pour la compétition et connait le succès en endurance avec Godier Genoud. En 1979, à la demande du magazine Das Motorrad et en association avec le Suisse Tuner, il réalise la moto de route la plus puissante et la plus rapide jamais vu, la MRD1 (MRD étant l'abréviation de Das Motorrad). 

La MRD-1 est présentée à la presse au printemps 1979. À l'occasion de sa sortie, Fritz Egli déclare "une seule chose m'intéresse : la puissance". Et effectivement, avec une puissance de 155 ch au vilebrequin, elle dépasse de 35 ch la Kawasaki 1300 Z qui est alors la moto de série la plus puissante. Pour en arriver là, Egli est parti d'un moteur de Kawasaki Z 900, qui dispose de possibilités de modifications plus importantes que le moteur plus récent de la Z1000R. Il commence par lui ajouter un turbo compresseur du spécialiste américain ATP (American Turbo Pak). L'alésage passe de 66 à 70 mm pour donner une cylindrée de 1016 cm3 avec des pistons forgés, eux-aussi, de chez ATP. Le rapport volumétrique est baissé de 9 à 8:1. Culasse, arbres à cames, soupapes et distribution ne sont pas modifiés. Pour améliorer le refroidissement des soupapes et de la culasse, fortement sollicité par la hausse de température inhérente au turbo, Egli développe un astucieux système consistant à injecter un mélange d'eau et d'alcool dans la tubulure d'admission. Le circuit d'huile est modifié pour en augmenter le débit et la pression, nécessaire pour le bon graissage de la turbine du turbo. Pour la transmission, il choisit une boite de vitesse type course à première longue fournie par Pop Yoshimura tandis que l'embrayage est renforcé par l'adoption de ressort plus dure. L'allumage est confié à un Kröber électronique. Pour la partie cycle, Egli utilise évidemment son cadre monopoutre (le même que sur la Egli Bonneville) que le moteur surpuissant ne réussit pas à mettre en défaut et la moto ne pèse que 210 kg, alors qu'une Kawasaki 1000 Z1R fait alors 246 kg. La suspension arrière est de type cantilever avec amortisseur à gaz Bilstein. Fourche télescopique Egli, étrier et durit de frein Lockheed, disques Brembo et roue magnésium Egli complètent l'équipement. L'esthétique de la MRD est dûe à Rainer Schuler, le responsable du design de la revue Das Motorrad. La MRD1 couvre les 400 mètres en  9.3 secondes et atteint 297 km/h à 9 900 tr/min. 

Suite à la présentation du prototype, Egli propose à la vente une "Replica". Suivant les sources, entre 5 et 8 MRD1 sont construites entre 1979 et 1982, bien sûr "à la demande du client" et toutes uniques. Les motorisations vont de 1100 à 1240 cm3. Un radiateur de refroidissement d'huile est ajouté sur le dessus du dosseret. Les durits courant sur le côté droit de la moto renforcent l'aspect "usine à gaz". La puissance oscille alors entre 130 et 180 ch suivant la motorisation et la pression du turbo. Pistons forgés et turbo viennent toujours de chez ATP, la culasse est spécialement réalisée, le vilebrequin vient de chez Hoeckle et les cylindres en aluminium sont recouverts de Nikasil. La MRD va être utilisée comme base pour une moto de records en 1986 dessinée par le célèbre Luigi Colani.