En 1925, l'ingénieur Carlo Molteni qui dirige l'Officine Meccaniche Fratelli Molteni, une petite usine de tissage à Erba dans la province de Côme en Italie, veut révolutionner le monde de la moto avec sa première réalisation dotée d'une partie cycle entièrement en alliage léger. Labélisées MMM (Moto Molteni Mag), ses motos sont équipées de moteurs suisses 500 cm3 MAG, bien sûr, mais aussi des britanniques 350 Bradshaw. 

L'affaire est éphémère et les Molteni apparaissent pour la toute dernière fois au salon de Milan en 1926. Elles ne font ensuite plus parler d'elle que par des effets d'annonce et l'Officine Molteni ferme ses portes de 1928 à 1949. 

Les frères Molteni (FM) refont surface en 1942 avec un vélo à cadre monobloc en alliage léger...  qu'ils ne peuvent produire, car l'aluminium est encore réservé aux militaires. Huit ans plus tard, ils exposent au salon de Milan 1950 un très original scooter qui reprend tous les principes de construction édictés par Carlo Molteni en 1925. La volumineuse membrure centrale en fonderie d'alpax (alliage d'aluminium et d'environ 13 % de silicium très proche du Silumin, mais moins sujet à la cristallisation qui peut fragiliser ce dernier) relie en droite ligne la colonne de direction à l'axe où s'articule le bloc moteur transmission oscillant. Ce cadre coque remarquable intègre le phare, la colonne de direction, le réservoir surmonté d'un petit coffre, le support de selle et l'articulation du groupe moto propulseur oscillant. La transmission s'effectue par chaîne, sous carter en aluminium, et le monobras oscillant du même métal reprend le même décor rainuré que les tirants arrière du cadre qu'il prolonge. 

 

Le bloc moteur qui s'articule dans la fourche arrière cadre, est un 125 cm3 deux temps à cylindre horizontal et boîte 3 vitesses commandées au guidon. (Sur les premières versions le changement de vitesses est contrôlé avec le système monocâble "Teleflex" licencié par Lambretta tandis que les versions suivantes ont une commande classique à deux câbles comme sur les Vespa). Le beau silencieux ailetté en fonderie d'alu au-dessus du moteur possède deux sorties qui se prolongent de longs tubes chromés de chaque côté du garde-boue arrière. Cette disposition n'est pas là pour l'esthétique, mais pour éviter que les gaz d'échappement refluent vers le pilote. Le système ne devait pas être si efficace, car les modèles suivants n'ont qu'un seul tube d'échappement plat qui vient libérer ses fumées grasses et malodorantes à l'intérieur du garde-boue... pour lubrifier le pneu sans doute ! Les roues, chaussées de petits 400 x 8", sont aussi en alliage léger avec, à l'avant, un superbe bloc qui cumule les fonctions de moyeu de frein et de bras de la suspension à roue tirée. 

Ce scooter hors du commun présenté au salon de Milan en 1950 sera produit jusqu'en 1953 en versions T-51 puis T-52, en annonçant 80 kg et 70 km/h. FM Molteni présentera en 1952 une moto 125 cm3 plutôt conventionnelle, puis cessera production de deux roues en 1956.