Armand Garreau présente son petit monocylindre adaptable de 118 cm3 au salon du cycle de décembre 1896. Deux ans plus tard, il expose et commercialise sa bicyclette motorisée nommée Autocyclette au salon de 1899. En 1901, Adolphe Clément dévoilera lui aussi son petit moteur adaptable de 143 cm3 et, comme il est également constructeur de cycles, il proposera un ensemble prêt à rouler également baptisé Autocyclette, sans se soucier de l'antériorité ! Ce qui ajoute à la confusion puisque l'allure des deux cycles motorisés est très semblable, les moteurs de ces deux Autocyclette sont toutefois très différents.

C'est un 145 cm3 qui a la singularité, pour l'époque, d'avoir une culasse détachable. Certes, les De Dion et des Buchet l'ont aussi, mais ils sont l'exception. Deuxième caractéristique intéressante, bien que la soupape d'admission reste automatique, celle d'échappement n'est pas latérale comme d'usage, mais culbutée. Cette disposition peu usitée est parfois proposée sous forme de conversion par Buchet. Carter rond d'abord en fonte, puis en aluminium. Volant moteur à voile plein. Lubrification à huile perdue et seringue actionnée à la main. Carburateur à pulvérisation, allumage batterie ou pile et bobine, la magnéto "à bougie" n'existait pas !

C'est un 118 cm3 à cylindre borgne. Soupape d'admission automatique, d'échappement latérale, une architecture on ne peut plus classique. Carter moteur à plan de joint horizontal. Le demi-carter supérieur, en fonte, vient de fonderie avec le haut moteur, l'inférieur est en aluminium. Boîte à came en bronze. Volant moteur à bras (à voile plein sur la Clément). Allumage batterie-bobine, batterie logée dans le compartiment arrière du réservoir. Le carburateur, abrité dans l'avant du réservoir, n'est,bien sûr, pas automatique, il laisse au conducteur la joie de jongler avec les leviers de richesse et d'air tout en agissant sur celui d'avance ! Lubrification à huile perdue par barbotage via un graisseur à niveau visible et débit réglable alimenté par le compartiment huile du réservoir double. Poids annoncé du moteur qui peut être acheté seul, 3,5 kg nu et 11 kg avec son réservoir, bobine, allumage et échappement.

Ce moteur Garreau est installé dans une bicyclette Perfecta, de Suresnes, la marque du bordelais Alexandre Darracq. Fourche renforcée par des haubans. Le pédalier très élégant avec ses manivelles coudées monobloc a un plateau à denture sautée. La transmission s'opère par une courroie. Probablement en cuir torse à l'origine, elle est maintenant en toile caoutchoutée. Une poulie folle, dont la position est réglable par déplacement de son collier articulé serré par un écrou à oreilles le long du tube de cadre, augmente l'embarrage de la courroie autour de la poulie moteur pour renforcer l'adhérence et permet de rattraper le mou. Frein avant "à cuillère", à patins sur jante à l'arrière.