'Hai
108 cm3
Une fondue Autrichienne
Faire une moto en assemblant quelques bouts d'alu, c'est bien, mais quelques constructeurs ont voulu aller encore plus loin en coulant ou en moulant leurs motos d'une seule pièce et voilà ce que ça donne. La moto Hai (requin en Allemand), construite par Bargmann & Co. (deux frères ingénieurs, Theophil et Richard) à partir de 1938, à Mauer près de Vienne dans l'ancienne usine de moteurs Liesinger, et présentée au salon de Vienne au printemps 1938. Le cadre simple berceau pourrait presque paraitre classique, amis regardez-y de plus près : pas une soudure et pas une vis, le réservoir la colonne de direction, le berceau avant et toutes les membrures du cadre sont un seul bloc d'alliage léger. Pour réaliser ce cadre étonnant, les frères Bargmann ont utilisé le Silumin, un alliage d'aluminium qui comprend un faible pourcentage de silicium de haute pureté. Cet ajout le rend parfaitement insensible à la corrosion, et surtout moins visqueux à l'état liquide et plus facile à mouler tout spécialement pour les grandes pièces ou celles soumises à de gros efforts. Il permet aussi une grande finesse et une grande précision du moulage. Les amateurs d'appareils photo en prendront pour preuve le châssis du Nikon F3 apparu en 1980 et coulé dans ce même alliage. Dans le domaine de la moto, la
Molteni de 1925, l'utilisait également.
Un remarquable travail de fonderie
La partie cycle de la Hai était-elle coulée d'une seule pièce ? comme l'affirme un article paru dans Das Motorrad et repris dans le Moto Revue 802 du 22 juillet 1938. On est a priori tenté de croire l'exercice impossible et pourtant un spécialiste en la matière nous affirme que cette constitution monobloc ne fait pas le moindre doute. C'est même, dit-il, un remarquable travail de fondeur très astucieusement combiné. On peut donc supposer que l'ensemble cadre-réservoir a été coulé dans un moule en au moins cinq parties avec plan de joint vertical. Mais une telle débauche de technologie est-elle vraiment nécessaire pour une petite moto utilitaire ? D'autant plus que cette réalisation, qui nécessitait un outillage et un travail coûteux ne pouvait être que notablement plus chère et bien évidemment, totalement irréparable en cas de choc ou de chute... Décidément bien en avance sur son temps l'Allemagne avait déjà inventé la moto jetable !
Un rêve sans avenir
Environ 10 machines vont être coulées en 1938-39. Animée par un petit 108 cm3 deux temps maison à boîte deux vitesses, elle annonce 3 chevaux et 60 km/h. Le carburateur est placé derrière le cylindre et l'échappement sort sur le côté droit du cylindre et part en ligne droite vers l'arrière. Le poids n'est pas connu, mais compte tenu de celui, très contenu, des BMA des années 30, l'utilisation de l'aluminium ne doit pas apporter une différence notable. La Hai est proposée en deux versions, standard à 490 Shilling Autrichien et sport à 560 Shilling (les prix de la
Puch 200 débutaient alors à 980 Shillings et la Puch 60 cm3 Styriette en valait 390). Cette utopique Hai arrive hélas au moment où toute la production d'aluminium est réservée aux armes et aux avions et sa production est arrêtée sur ordre d'état. Après la Guerre, les frères Bargmann remettent le couvert en s'installant à Steyr dans le haut de l'Autriche (le fief de Steyr Puch) où ils construisent cette fois 30 motos.
Moteur monocylindre 2 temps refroidi par air - 108 cm3 (50 x 54 mm) - 3 ch - Allumage par volant magnétique - Lubrification par mélange 4% - Boite 2 vitesses en bloc moteur, commande manuelle sur le côté droit du réservoir - Embrayage à disques en acier - Transmission finale par chaine - Cadre simple berceau ininterrompu en alliage d'aluminium formant un tout avec le réservoir - Fourche à parallélogramme - Pas de suspension arrière - Freins avant et arrière à tambour ø 100 mm - Pneus Av. et Ar. 26 x 2.25" - Réservoir 5 litres, consommation 1.5 L/100 - Poids estimé env. 35 kg - 60 km/h
Un recensement de 1950 dénombre 39 Hai immatriculées, soit quasi autant que la production déclarée, et lexemplaire exposé au musée de la famille Kirchmeyer semble être le seul survivant connu.