Le début des années 1980 correspond à l'apparition des premières répliques de machines de courses chez les marques japonaises. Après un premier essai avec la CB 1100 R en 1981 équipée d'un quatre cylindres en ligne, Honda récidive en présentant au salon de 1983 la Honda VF 1000 R. Moto de série la plus sophistiquée jamais construite par Honda, elle se veut la réplique de la RS 930 victorieuse au Bol d'or quelques semaines auparavant. Sur la base du V4 à 90° double ACT, 16 soupapes et refroidissement liquide qui a fait son apparition en 1982 avec la VF 750, Honda développe alors une gamme complète dont la tête de proue en 1984 doit être la VF 1000 R.

Présentée en même temps que la version "standard", la VF 1000 F, les deux machines partagent la même partie cycle, un cadre double berceau périmétrique de section rectangulaire en acier peint couleur aluminium. La partie inférieure gauche du cadre se démonte, permettant un accès simplifié à la mécanique, même si dans les faits l'accessibilité sera un de ses défauts. Le bras oscillant, en acier lui aussi, actionne une suspension arrière monoamortisseur type Pro-Link et la fourche dispose d'un système anti-plongée, une mode des années 80 qui va bien vite disparaître ayant fait preuve de son inefficacité. Les suspensions avant et arrière sont réglables. Roue avant de 16'' (autre mode disparue rapidement) et arrière de 17''. L'arrière est équipé d'un pneu radial, une première en série. Le choix du 17" sera vite critiqué, car les pneus performants dans cette dimension sont encore à inventer. Un kit compétition comprendra d'ailleurs une roue arrière en 18". Différence majeure par rapport au modèle F, le modèle R dispose d'une distribution par cascade de pignons à la place de la chaîne. Cascade de pignons qui sera reprise en 1988 sur la VFR 750. Les bielles et arbres à cames sont différents et la compression est augmentée, permettant d'atteindre les 122 chevaux et plus de 240 km/h. 

Malgré son aspect, les clients vont vite se rendre compte que la VF n'est pas une moto de course. Lourde, longue et large, avec près de 280 kg tous pleins faits, elle pèse 25 kg de plus que la Kawasaki 900 GPZ-R Ninja, reine des sportives d'alors, et 100 kg de plus que la RS 930 ! La roue avant de 16'' lui donne un semblant de maniabilité, mais la tenue de route sera jugée déroutante avec un avant qui engage dans les courbes et une moto qui se relève en cas de freinage sur l'angle. Les essayeurs notent une position de conduite fatiguante en appuis sur les poignets, et aussi une souplesse moteur étonnante et une accélération linéaire sans grande sensation, mais efficace, bref, un moteur Honda. Son prix élitiste n'a pas aidé à sa diffusion. Vendue 72 800 F alors que la version F est proposée à 40 700 F et la Kawasaki Ninja à 39 985 F. Avec le temps, il lui est aussi reproché des problèmes de surchauffe et des défauts de lubrification qui nécessite un entretien irréprochable sous peine de casse. La Suzuki GSX 750 R sortie au début de l'année 1985 et vendue à un prix imbattable va se charger de la classer dans la catégorie des dinosaures bons pour le musée. Elle disparaît par la petite porte en 1986.