Honda
250 KB Juno - 1955
Coup de semonce

En janvier 1954, Honda qui a acquis une position dominante sur le marché japonais, lance un scooter destiné à concurrencer les Silver Pigeon et Rabbit que produisent les grands groupes industriels Mitsubishi et Fuji. Le Juno‑K est équipé d'un moteur de 198 cm3
 (65 x 57 mm) développant 6,5 chevaux à
 4 800 tr/mn. Il possède surtout une impressionnante carrosserie qui explique le poids élevé (160 kg) de l'engin bien qu'elle soit l'une des première en polyester armé.

Cher et fragile
Quoique assez puissant (ses concurrents développent moins de 5 ch), le Juno K est lourd et finalement pas très performant : les Silver Pigeon et Rabbit de 200 cm3 tournent autour de 140 kilos. Surtout, ils sont plus économiques à construire… et fiables. Ce n'est pas le cas du Juno, non seulement trop sophistiqué mais qui va coûter une fortune en retours de garantie. La santé financière de la société, alors en pleine croissance, sera à deux doigts d'en défaillir.

Une paix qui tombe mal
Le moment est en effet mal choisi : la guerre de Corée a pris fin l'année précédente, et avec elle le soutien économique de l'occupant américain. Non seulement le Japon s'appauvrit, mais les entreprises qui participaient plus ou moins à l'effort de guerre se reconvertissent notamment dans la moto : c'est le cas de Suzuki et bientôt de Yamaha. Comme Honda s'est en outre lourdement endetté en 1953 (vingt-cinq fois le capital de la socié-té !), "l'affaire Juno" ne sera sauvée qu'in extremis. Honda va en sortir une version KB plus performante l'année suivante, puis interrompra vite l'expérience. En à peine plus de trois ans, il aura été produit 3884 exemplaires.


Monocylindre 4 t refroidi par air - 219 cm3 (70 x 57 mm) - 9 ch/5 500 tr/min - Soupapes culbutées - Boîte 3 rapports - Transmission par chaîne - Démarreur électrique et manivelle de secours - Cadre poutre en tôle - Suspensions av. et ar. oscillantes - Freins av. et ar. à tambour - Pneus 5,00 x 9" - Empattement 1 380 mm - 160 kg - 75‑km/h.

Le scooter Juno déclenchera la première grosse crise de l'histoire de Honda. D'autres suivront pour cette firme aux choix toujours osés.