Italemmezeta
125 cm3 Junior - 1960
L'Allemagne de l'Est rhabillée et recadrée par l'Italie
Les stylistes qui ont marqué de leur nom l'histoire de la moto dans les années 70 à 2000 ne sont pas si nombreux. Parmi eux, Leopoldo Tartarini, un pilote talentueux jusqu'au début des années 60 qui va s'affirmer comme l'un des designers les plus novateurs et productifs. Pendant près d'un demi-siècle, il a conçu, dessiné et produit une étonnante quantité de motos, en commençant par Ducati pour qui il venait de réaliser un tour du monde promotionnel, traversant 42 pays, 4 continents et couvrant 60 000 kilomètres en moins d'un an entre 1957 et 1958. Il signera des modèles pour ses marques
Italjet et Italemmezeta, mais aussi pour des
Ducati ou les
Indian et Velocette de Flyod Clymer. Lanceur de modes, ses créations sont toujours originales et bien souvent en avance sur leur temps.
Les débuts sous la marque Italemmezeta
En 1960, son contrat avec Ducati prend fin et il crée le 4 février 1960 la marque Italemmezeta (phonétiquement en italien : Ital MZ). Ses premières motos sont en effet équipées de moteur
MZ, ce qui est clairement indiqué sur le réservoir. Installée dans un premier temps à Bologne avec des ateliers Via del Piombo et un siège social Via Ugo Bass, Italemmezeta déménage rapidement à quelques kilomètres, via Palazzetti à San Lazzaro di Savena. Le choix d'un moteur MZ surprenant pour une marque italienne dans un pays où les motorisations ne manquent pas, est justifié par Tartarini devant la difficulté de trouver un fabricant voulant bien motoriser un nouveau concurrent potentiel. Sur la base du placide 125 deux temps MZ nait la 125 Junior qui n'a de sportive que l'image, mais quel style! Elle annonce 12 ch à 6800 tr/min, soit 2 ch et 1000 tours gagnés au passage de la frontière, l'air de l'Italie a du bon. L'utilisation d'un moteur venant des pays de l'Est ne lui garantit pourtant pas un prix bas, la 125 Junior est vendue 170 000 lires en 1963, alors qu'une
Benelli 125 Leoncino à moteur 2 temps vaut 155 000 Lires. Elle reste malgré tout moins chère que les concurrentes à moteur 4 temps qui s'affichent par exemple à 182 000 lires pour la
Gilera 124 Giubileo Extra et à 219 000 Lires pour la
Ducati 125 sport.
De Italemmezeta à Italjet
La collaboration avec l'Allemagne de l'Est pose cependant quelques problèmes et Italemmezeta s'oriente bien vite vers les 50 cm3 sportifs alors très en vogue. C'est dans ce domaine que Tartarini connaît son premier grand succès commercial avec un 50 aux lignes superbes présenté en 1962. Il inaugure le label Italjet, qui deviendra le nom de la société en 1967 après l'abandon des moteurs MZ et l'arrêt de la fabrication de la 125 Junior. Italjet n'en a pas fini pour autant avec les moteurs de l'est, puisque d'autres créations à moteurs Jawa ou MZ vont s'enchainer au fil des ans jusqu'aux années 80. Les Italemmezeta seront aussi vendues sous
la marque Tarbo (Tartarini Bologne) en France de 1967 à 69, Roma aux États-Unis ou Ital pour d'autres pays.
Moteur MZ monocylindre 2 temps refroidi par air - 123 cm3 (52 x 58 mm) - 12 ch à 6 800 tr/min - Allumage par volant magnétique - Lubrification par mélange 5% - Boite 4 vitesses - Embrayage multidisque - Transmission finale par chaine - Cadre simple berceau tubulaire à trois tubes supérieurs et dédoublé sous le moteur Suspension avant par fourche télescopique - Suspension arrière par bras oscillant et 2 amortisseurs - Freins avant et arrière à tambours - Pneus AV 2.50 x 17", AR 2.75 x 17" - 97 kg - 125 km/h.
Une moto bien sage sous ses airs sportifs, mais son style donnera naissance en 1962 à l'un des plus beaux 50 cm3 sport.